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Mettre en œuvre l’industrie 4.0 passe aussi par une transformation RH

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Depuis 5 ans, dans les allées du salon BE 4.0, le sujet de la place de l’Homme dans l’Industrie du futur est au cœur de nombreuses discussions. La transformation en marche bouleverse les métiers de la production industrielle. Elle impose aux acteurs du secteur de repenser leurs RH, en veillant à toujours mettre l’Humain au cœur de l’usine. Les transformations excessivement impactantes qui se préparent posent un double défi RH aux industriels : former leurs collaborateurs pour les faire monter en compétence et recruter des compétences entièrement nouvelles.


Lilla MerabetLes 7 conférences organisées sur le salon feront des points d’étape sur plusieurs aspects – formations disponibles, collaboration industriels/universitaires, exemples de retours d’expérience. En parallèle, plus de 25 « offreurs de compétences » viendront exposer dans l’espace qui leur est dédié. Universités, écoles d’ingénieurs, IUT, organismes de formation, mais aussi start-ups et sociétés de conseil en management … allant de la formation initiale et continue aux solutions pour gérer les RH en entreprise et travailler autrement, en passant par des partenaires conseil pour accompagner le changement.

Challenge n°1 : former ses collaborateurs pour assurer leur montée en compétence

Le 4.0 modifie l’organisation des sites de production avec, à la clé, des changements en profondeur de chaque poste de travail. Le besoin de montée en compétence des salariés, quelle que soit la taille de l’entreprise, est critique. Les équipes doivent en effet apprendre à utiliser de nouveaux outils, qui sont de plus en plus connectés. Robotique, IA, Big Data, maintenance prédictive, automatisation, production connectée, nouveaux matériaux, travail avec des Cobots et exosquelettes, etc., demandent de former et d’entraîner les collaborateurs en continu.

C’est par exemple l’esprit dans lequel a été élaboré le dispositif ARDAN par la Région Grand Est. 200 petites entreprises en Grand Est en bénéficient : en 6 mois, leurs collaborateurs ont été formés pour être en mesure de gérer les nouveaux types de projets qui leur sont confiés.

Challenge N°2 : intégrer les nouveaux métiers

La transformation des industries, du fait des ruptures numériques, fait par ailleurs naître de nouveaux métiers. Une récente étude publiée par LinkedIn courant octobre 2019 sur « L’industrie de demain en France » indiquait que 3 métiers émergents sur 5 sont liés aux nouvelles technologies, notamment au numérique.

Or, à ce jour, ces compétences manquent. Le 1er défi est donc de développer des cursus pour former les professionnels dont l’industrie aura besoin demain. Un sujet sur lequel les universités et écoles d’ingénieurs du Grand Est sont très impliquées à l’image des 13 établissements présents au salon. Le Pacte Grandes Écoles, mis en place au niveau régional avec un budget de près de 10 M€ pour la période 2017-2019, a permis d’accompagner 50 grandes écoles du territoire (ingénieurs, architecture, management…) pour qu’elles conçoivent des formations qui répondent aux besoins des entreprises innovantes.

Le besoin en compétences des industriels étant pressant, d’autres initiatives ont été lancées dans le Grand Est, comme la Maison de l’Industrie lancée en 2017 à Mulhouse sous l’impulsion du Pôle Formation UIMM Alsace et qui accueille une nouvelle usine école (Formlab). Soutenue dans le cadre du PIA3 régionalisé Volet Filières par l’État et la Région, à hauteur de 1 M€, elle propose une offre de formations innovantes répondant aux besoins des entreprises en transformation ainsi qu’à ceux des apprenants (étudiants, salariés ou demandeurs d’emplois).

Challenge n°3 : manager et travailler autrement

Enfin, le management doit lui aussi se réinventer. Désormais, les notions de collaboration, d’agilité et de flexibilité sont centrales. Ce type de management 4.0 va permettre de répondre aux attentes des nouvelles générations tout en impliquant toujours autant les précédentes et en favorisant les complémentarités entre générations X, Y et Z.

Cette mutation peut aussi être une opportunité formidable pour féminiser davantage l’industrie. Les nouveaux métiers n’étant estampillés ni masculins ni féminins, les uns comme les autres peuvent se les approprier. Lors d’une visite sur le site de Clemessy à Mulhouse, Pierre Guilleminot, directeur général de Eiffage Energie Systèmes – Clemessy, soulignait que l’industrie avait l’opportunité avec le 4.0 de prendre un virage en matière d’égalité.

Challenge n°4 : miser sur la technologie pour booster les compétences des collaborateurs

Les évolutions managériales sont soutenues par l’usage de solutions numériques qui aident à l’adoption de nouveaux schémas de travail. Plusieurs des Start-up et PME innovantes réunies au salon ont mis au point des solutions qui peuvent favoriser un ré-enchantement de l’industrie aux yeux des Milleniums. Ces Start-up pouvant, pour certaines, être accueillies dans l’un des 6 incubateurs présents dans le Grand Est, pour d’autres bénéficier du programme d’accélération déployé par l’agence Grand e-Nov.

Parmi les 50 Start-ups réunis à BE 4.0 fin novembre, l’APAVE exposera son application mobile qui identifie et remonte les situations à risque pour limiter les accidents dans votre entreprise. Speedernet utilisera la capacité d'immersion de la réalité virtuelle pour former des apprenants à de nouveaux processus industriels. Arkance Systems France présentera des solutions de maquette numérique d'usine et de virtualisation d'environnements de production. Dotspot montrera comment ses applications facilitent les remontées terrain par les collaborateurs. Ecodesign Studio exposera une solution logicielle pour le management de l'éco-conception, etc.

Le succès de la transformation 4.0 de l’industrie reposera beaucoup sur les RH. Si les équipes s’approprient ce nouvel âge industriel, si l’Homme trouve sa place aux côtés d’autres systèmes intelligents à base d’IA, IoT, etc., alors on pourra se dire que nous sommes aussi entrés dans l’ère du collaborateur 4.0.

Par Lilla Merabet, Vice-Présidente de la Région Grand Est en charge de la Compétitivité, du Numérique et de la Filière d’excellence

Lu 6933 fois Dernière modification le jeudi, 07 novembre 2019 14:51
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