Pour les aider dans leur prise de décision, l'OMS et la CCI publient régulièrement des informations et des mises à jour sur l’évolution de la situation et ils effectuent des enquêtes auprès de leurs membres afin de dresser un état des mesures prises par les entreprises à travers le monde pour faire face à la pandémie.

Dans le secteur manufacturier, selon une enquête récente de la National Association of Manufacturers (NAM), 78 % des 588 personnes interrogées s'attendent à ce que l'incertitude créée par Covid-19 ait un impact financier négatif sur leur entreprise, et 53 % prévoient un changement dans leur mode opérationnel dans les mois à venir.

Effets sur l’offre et la demande

Pour comprendre quels seront les changements provoqués par cette crise, il est utile d'examiner les enjeux auxquels doit faire face l’industrie manufacturière.

L’apparition du COVID-19 affecte en première ligne les chaînes d’approvisionnement. En janvier et février, les fermetures d'usines et la paralysie des ports en Chine, où l'épidémie a commencé, ont provoqué une chute des exportations créant un risque de rupture d’approvisionnement de pièces et matériaux nécessaires à la production. Si certains signes indiquent que la productivité en Chine a commencé à se redresser, les experts prédisent que les retards et les pénuries risquent de se poursuivre pendant un certain temps.

Selon une enquête réalisée début mars par l'Institute for Supply Management, près de 75 % des entreprises interrogées ont fait état de perturbations dans leur chaîne d'approvisionnement en raison de l'épidémie de coronavirus. Près de six sur dix (57 %) ont noté des délais plus longs pour la réception des composants de niveau 1 provenant de Chine, les délais moyens ayant plus que doublé par rapport à la fin de 2019. Et 44 % ont déclaré ne pas avoir de plan de secours pour faire face à la rupture de la chaîne d'approvisionnement !

Face aux retards de livraison et mesures de confinement imposés par les gouvernements, de nombreux industriels ont dû ralentir, voire suspendre leurs activités. En Europe, plusieurs grands équipementiers automobiles, tels que Fiat Chrysler, Renault et Peugeot, ont été contraints de fermer temporairement des usines ces dernières semaines, et de grands centres industriels tournent au ralenti.

Enfin, de nombreux fabricants anticipent aux lendemains du COVID-19, une baisse de la demande tandis que les consommateurs maîtriseront leurs dépenses, motivés par la crainte d’un climat économique difficile. Les économistes observent avec inquiétude la situation en Europe et aux États-Unis, et surveillent les signes d'une récession mondiale.

Des réponses rapides et solides

Le COVID-19 a mis en lumière la nécessité pour les industriels de rendre leurs sites de production suffisamment agiles et modulables pour s’adapter rapidement aux variables conjoncturelles susceptibles d’affecter l’approvisionnement et la demande des consommateurs. La création en seulement quelques jours deux nouveaux hôpitaux chinois destinés à accueillir des patients atteints du COVID-19 illustre un niveau d’adaptabilité idéal dont rêvent bon nombre d’industriels.

Après tout, "se préparer à l'inattendu" est déjà une stratégie qui a fait ses preuves dans le secteur manufacturier, où des plans soigneusement élaborés peuvent rapidement et facilement être mis en échec par un événement météorologique extrême, une guerre commerciale, une grève, la faillite d'un fournisseur ou, bien sûr, une pandémie mondiale. Tout facteur déstabilisant peut mener à une prise de conscience sur les changements structurels et organisationnels à opérer au sein de l’entreprise.

Les technologies modernes offrent aux industriels plusieurs moyens de réagir rapidement et efficacement aux situations difficiles qui surviennent lors d'une crise. Ces réponses peuvent comprendre :

● Maintenir la performance opérationnelle
Grâce au cloud, les données vitales sont conservées dans un lieu centralisé, sécurisé et accessible à tous les utilisateurs autorisés, quel que soit leur localisation. En temps de crise, cela signifie que les employés des entreprises peuvent poursuivre leurs projets R&D et maintenir la qualité de service.

● Accompagner les collaborateurs…
Si les processus de fabrication doivent être déplacés d'un site à l'autre, les solutions de réalité augmentée et mixte (RA/MR) sont un outil précieux pour former à distance, à l’aide de vidéos accessibles via des appareils mobiles, les collaborateurs sur les missions ou processus avec lesquels ils sont peu familiers.

Chez Sysmex America, par exemple, un fabricant d'équipements de laboratoire clinique, les techniciens de laboratoire sont guidés dans les procédures quotidiennes d’utilisation des analyseurs hématologiques. Ainsi l'entreprise est en mesure d’offrir un service à distance à environ 66 % de sa clientèle totale, ce qui a permis de maximiser le temps de disponibilité des instruments et l'efficacité du service.

● …et les clients
Lorsque les déplacements professionnels sont suspendus, la technologie permet de fournir des services de dépannage ou d’assistance à distance avancés. Le géant japonais de l'automobile Toyota, par exemple, utilise une application de réalité augmentée pour s'assurer que le personnel basé dans différentes régions et les sous-traitants installent et entretiennent les lignes de production correctement et en toute sécurité.

Le COVID-19 risque de ne pas être la seule crise majeure qui fragilisera les économies. L’élaboration d’une stratégie des risques peut aider les entreprises à établir une approche pour anticiper et mieux surmonter les turbulences, en intégrant les technologies qui servent les nouvelles pratiques de travail.

Par Olivier Helterlin, VP Sales - France Benelux et Switzerland & PDG PTC France