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La finance alternative ? Recours pour les ETI cotées en temps de crise

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La situation critique des entreprises en France, comme partout ailleurs, nous oblige à considérer avec réalisme les solutions offertes pour gérer le retour à leur équilibre financier. Les organismes de financement traditionnels proposent bien évidemment les prêts garantis par l’État, mais dans les faits, un nombre important de sociétés rencontrent des difficultés pour mobiliser les montants nécessaires à une reprise durable de leur activité.

Les banques, on le sait, prêtent avec frilosité et depuis la crise de Lehman Brothers, les règlementations prudentielles les rendent plus circonspectes à l’égard des ETI : elles ne répondent plus que partiellement à leur vocation première -financer du risque.

Aussi est-il facile de prévoir la situation financière d’un nombre considérable d’entreprises d’ici quelques mois : Certaines disposeront de solutions temporaires jusqu’à la fin de l’année, d’autres seront déjà sur le qui-vive, alors même que les banques, déjà timides dans la gestion du risque en temps normal, leur refuseront un financement.
Frederic Sutterlin

Pour les entreprises en effet, la difficulté est désormais redoublée : il leur faut, d’une part, tenter d’amoindrir les séquelles de l’inactivité prolongée liée à la crise sanitaire et d’autre part, poursuivre le financement de leur croissance.

Dans le secteur des fonds d’investissement, l’activité est par conséquent très importante en ce moment : les entreprises pressentent bien les besoins à venir et les sollicitent. Encore trop peu répandues en Europe, les solutions de financement alternatives me semblent répondre aux besoins des entreprises, notamment dans ce contexte de grande tension. Les fonds d’investissement ont une réactivité et une souplesse qui leur permettent de s’adapter immédiatement aux besoins des entreprises et de leur proposer des solutions véritablement personnalisées et optimales. Les financements peuvent être séquencés, et s’installent ainsi dans une durée absolument nécessaire dans certains secteurs où les résultats tardent, en raison même de la nature de l’activité.

Si chaque situation doit faire l’objet d’une réponse spécifique, on peut cependant évoquer les deux grandes familles de solutions mises au service de la croissance des entreprises : les solutions obligataires, converties en actions dans un délai relativement restreint, ou bien des Programmes d’Augmentation de Capital à Terme (PACT).

L’objectif ? Se concentrer sur les sociétés cotées, car l’injection de liquidités se concrétise par un collatéral en actions ou en obligations. Le montant alors alloué aux entreprises est mobilisé par tranche et permet un investissement s’inscrivant dans la durée. Les sociétés ainsi financées n’ont aucune contrainte quant à l’usage de ces fonds : ils pourront répondre aux besoins d’exploitation ou bien serviront à financer leur croissance.

Certaines activités sont particulièrement séduites par ce type de financement : les secteurs de la recherche médicale (biotech ou medtech), confrontés à des durées conséquentes entre la mise en œuvre des phases cliniques (recrutement des patients, recherche et développement des produits, études complémentaires, etc.) et le retour sur investissement. Parfois, les financements d’origine ne suffisent pas, il faut les compléter. Ainsi les fonds d’investissement peuvent venir en soutien des méthodes de financement traditionnelles, et peuvent s’y substituer en partie.

Les banques, interlocutrices traditionnelles des entreprises ne prennent plus un tel risque : il leur faut en effet disposer d’une visibilité quasi immédiate sur le remboursement des intérêts et du principal. Elles ont d’autre part renoncé à des solutions de financement de ce type, en raison du coût interne de ces opérations qui impact leurs marges. Le seuil de rentabilité est au contraire pour nous bien plus bas, ce qui nous permet d’être des acteurs majeurs dans le soutien aux entreprises françaises. Les industries ont besoin d’être particulièrement accompagnées afin de maintenir les savoir-faire français.

Les principes sont clairs : il n’y a pas de solutions clés en main à appliquer coûte que coûte. Il faut donc évaluer les besoins et les contraintes propres des sociétés pour élaborer des solutions adéquates et pérennes. Cela permet ainsi de créer ensemble de la valeur, tout en restant à l’écart des choix relatifs à la gouvernance. Il s’agit d’aider l’entreprise dans sa croissance sur un secteur déterminé, de la renforcer dans les moyens lui permettant de se développer.

Signe de l’efficacité de ces solutions alternatives, certaines sociétés ont pu envisager leur croissance sereinement. Ainsi, récemment, la société Redfin, un broker immobilier en ligne a pu lever un montant de 110 millions de dollars pour poursuivre durablement son activité. En quelques semaines, la société Biocept est parvenue à monter une plateforme de tests grâce à ce type de financement. On peut également penser à Europlasma, groupe français spécialisé dans les technologies dites de rupture, qui a réussi à mettre un terme à une procédure de redressement judiciaire et a pu ainsi préserver ses emplois.

À titre d'exemple, notre Family Office travaille généralement avec les ETI et les small caps, délaissées par le secteur bancaire. Leur circuit de décision est court, ce qui permet la mise en place d’opérations dans des délais optimum. Et grâce à la capacité de syndication de certains fonds d’investissement, il est possible d’envisager également des opérations de taille plus importante et de solliciter des investisseurs partenaires confiants dans leur expertise et réactifs.

Devant le déficit d’acteurs du financement de la croissance, il me semble urgent de faire changer les mentalités et les habitudes : sans la présence des fonds d’investissement / Family Office, un pan entier de l’économie menace de s’effondrer et personne ne peut prédire dans quelle crise durable nous pourrions alors être précipités.

Par Frédéric Sutterlin, Venture Partner du Family Office Alpha Blue Ocean

Lu 13705 fois Dernière modification le mardi, 02 juin 2020 11:04
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