Et si un crédit d'impôt accompagnement prévenait les défaillances d'entreprise ?
Les chiffres publiés en janvier dernier par la Banque de France sur les défaillances d'entreprises montrent un repli de 1,4% du nombre total de défaillances à fin octobre 2018. Mais les prévisions pour 2019 sont moins optimistes.
Certes, la crise des gilets jaunes est passée par là, avec peut-être des incidences mais qui ne sont pas encore prouvées. Ce qui inquiète davantage les économistes, c'est la tendance au niveau international qui, l'an dernier, était à la hausse. Par exemple, les experts d'Euler-Hermes ont noté une progression de 2% en Europe de l'Ouest, et de 10% à l'échelle mondiale (contre 6% en 2017). Alors que faire pour prévenir cette possible hausse des défaillances ?
Les 3 leviers traditionnels : trésorerie, équipe, gestion
Les 3 sujets à travailler en priorité sont le pilotage de sa trésorerie pour ne jamais dépasser les seuils d'alertes fixés ; le choix de ses associés qui ne doivent pas seulement être des gens avec qui on s'entend bien mais surtout avec qui ont partagent le projet d'entreprise et qui sauront être honnêtes dans les situations difficiles ; et enfin la rigueur de la gestion administrative car le droit à l'erreur, s'il a été reconnu récemment par la loi PACTE, reste très ténu.
La botte secrète des entreprises qui se développent : l'accompagnement
Une autre piste, beaucoup moins régulièrement évoquée, est l'accompagnement de l'entrepreneur. En France, 2 entrepreneurs sur 3 ne se font pas, ou ne souhaitent pas se faire épauler dans la conduite de leur entreprise. Or la majorité les fondateurs de PME ou start-up devenues aujourd'hui scale-up ont été accompagnés.
Pourtant les entreprises bien accompagnées ont en effet près de 30% de chances supplémentaires de rester pérennes. Dans un article de 2017 paru dans Les Echos, on pouvait lire que « si seuls 3 entrepreneurs sur 10 se font accompagner, ceux qui s'appuient sur leur environnement pointent en haut du tableau ». Une étude de Bain&Company sur les jeunes entreprises en croissance faite par OpinionWay en 2015 relevait que les 40% des entrepreneurs qui avaient choisi de se faire accompagner sur le financement et la stratégie des entreprises avaient affiché des résultats probants au bout de 3 et 5 ans, franchissant avec succès la phase critique des 2 à 5 ans de vie.
La piste à étudier : le CIAC (Crédit d'Impôt Accompagnement)
Pour aider les entrepreneurs des TPE/PME à passer ce cap et oser se faire accompagner, même si les irréductibles continueront à se méfier des « yakafokon », mettre en place un crédit d'impôt accompagnement aiderait certainement beaucoup. Seraient éligibles les sommes engagées au titre de prestations ayant un impact direct sur le chef d'entreprise et/ou sur l'ensemble des sujets de création de valeur économique (business model, international, structuration de l'approche commerciale, etc.), le tout appuyé par des indicateurs chiffrés de retour sur investissement relatifs à l'intervention du professionnel. Pour prévenir tout abus et flécher ce dispositif vers les entreprises à faire croître, ne seraient concernés par ce crédit d'impôt que les TPE (moins de 10 salariés) et PME (moins de 250 salariés).
Un préalable : y voir clair en matière d'accompagnement de l'entrepreneur
Seconde condition pour que ce dispositif fonctionne : préciser quel type d'accompagnement serait concernés. Au cours des 10 dernières années, le marché s'est en effet enrichi de beaucoup de professionnels qui peuvent jouer un rôle-clé à un instant T pour éviter la faillite, tous ayant des rôles complémentaires mais pas toujours sur le chiffre d'affaires et la croissance.
Pourraient être concernés les interventions des acteurs suivants : Les conseils (en stratégie, marketing, RH, innovation, démarche commerciale, etc.) vont éclairer les prises de décisions sur des sujets métier, en accord avec ses directeurs et managers qui pilotent leurs missions. Les cabinets juridiques et comptables qui vont répondre à toutes les interrogations relatives au droit et obligations légales. Les financiers (banques, fonds) qui vont apporter les moyens matériels pour réaliser le projet et exécuter la vision de l'entrepreneur. Les sparring partners ou operating partners interviennent de façon très opérationnelle sur le terrain pour aider à résoudre des problèmes de développement ou prendre des décisions stratégiques. Les managers de transition vont prendre en main certains sujets métier précis en s'appuyant sur leurs expériences pour cette fonction.
En revanche, ne rentreraient pas dans le spectre éligible, les prestations des coachs, qui écoutent et travaillent sur le mental, le savoir-être et la motivation ; le retour aux services comme le Médiateur des entreprises vont aider à trouver des solutions à des problèmes de délais de paiement ou de négociation commerciales par exemple ; les adhésions à des associations entrepreneuriales qui permettent d'échanger avec des pairs sur son vécu d'entrepreneur, de partager des bonnes pratiques, d'enrichir son réseau de contacts, de s'ouvrir à de nouveaux sujets ; ou à des associations comme 60 000 Rebonds, Second Souffle, TIGcRE ou les Rebondisseurs Français aident à traverser des moments difficiles de sa vie d'entrepreneur.
En ces temps de réflexion sur la fiscalité française, la piste du crédit d'impôt accompagnement mériterait d'être regardée. Pour donner plus d'atouts à nos entreprises françaises, pour prévenir les risques de défaillance, pour révéler leur potentiel de croissance et surtout pour soutenir leur démarche de transformation des TPE en PME et des PME en ETI.
Par Isabelle Saladin, Présidente fondatrice d'I&S Adviser
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