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Est-il possible de concilier RSE & Innovation ?

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Alors que toutes les entreprises sont aujourd'hui encouragées à montrer patte blanche en matière de responsabilité sociétale et environnementale (RSE), celles qui évoluent dans le secteur des nouvelles technologies semblent parfois passer à côté du radar. C'est d'autant plus vrai pour celles qui touchent de près ou de loin au Cloud, alors même qu'il s'agit d'un domaine où la transparence devrait être la norme.

Science sans conscience…
Tout le monde connaît la suite de cette célèbre citation de Rabelais, plus que jamais d'actualité dans nos sociétés modernes et hyper connectées. D'autant qu'aujourd'hui, l'accès à des ressources informatiques puissantes s'est démocratisé et que ces dernières peuvent être utilisées à bon comme à mauvais escient. Le scandale Cambridge Analytica, qui vient de secouer Facebook, en est un exemple frappant. Cette société anglaise aurait en effet, selon Christopher Wylie, l'un de ses anciens collaborateurs, fourni des données sur des millions d'utilisateurs du célèbre réseau social aux administrateurs des campagnes politiques liées au Brexit et à la présidence américaine, entre autres. Ainsi, alors qu'une majorité des utilisateurs de Facebook pensait sans doute que cette application protégeait leurs données personnelles, ils se sont retrouvés piégés.

Cette affaire a été l'occasion pour beaucoup de dénoncer le manque de transparence dans le secteur de la data. Dans ces conditions, comment les acteurs du numérique, pour lesquels la donnée s'inscrit au cœur de leur business, peuvent-ils retrouver la confiance de leurs partenaires, fournisseurs, clients ou consommateurs ? Peut-être est-il temps pour eux, si ce n'est déjà fait, de prendre des engagements forts en matière de transparence et de RSE…

Un secteur en manque de déontologie
Les acteurs du Cloud, notamment, se trouvent en première ligne dans cette crise. Pour choisir leur prestataire dans le nuage, les entreprises ont donc tout intérêt à lire avec attention les petites lignes du contrat qui les lient à leur fournisseur. Encore faut-il au préalable, pour celles qui auraient recours à un géant américain comme Google ou Amazon, avoir fait traduire, puis pris le temps de lire les centaines de pages du contrat, rédigé en anglais. Sans oublier qu'en cas de litige, elles devront aller défendre leurs intérêts… aux États-Unis !

Pour une entreprise, faire migrer sa data ou ses applications dans le Cloud n'a pourtant rien d'anodin. Mieux vaut donc privilégier des acteurs français ou européens, soumis à la réglementation locale et non au Cloud Act1, réputés dans leur secteur et qui proposent des contrats aussi courts que compréhensibles. Mais aussi, qui s'engagent clairement sur la sécurité, la confidentialité, la continuité et la qualité des services qu'ils délivrent ou encore qui donnent accès à un support client en français et non surtaxé.

Passer de l'intention à la preuve
Au-delà de ces engagements, les acteurs de la data doivent montrer comment ils apportent une contribution positive à la société. Un sujet qui fait l'objet d'une prise de conscience mondiale. Et, là encore, comme dans beaucoup de domaines, entre la déclaration d'intention et la réalité, il y a souvent un fossé ! Ainsi, tous les acteurs ou presque déclarent, la main sur le cœur, avoir mis en place de nombreuses mesures vertueuses en ce sens. Reste que, selon le dernier rapport B&L, seules 36% des sociétés du SBF 120 se sont réellement engagées dans un ou plusieurs des 17 objectifs de développement durable fixés par l'ONU.

Il ne suffit donc pas d'expliquer sur son site Internet que l'on s'implique en faveur de sujets comme l'égalité homme/femme, la lutte contre le réchauffement climatique ou encore le bien-être au travail. Il faut en en apporter la preuve réelle. Et, aujourd'hui, le seul moyen de garantir une gouvernance transparente et responsable est de s'engager dans un processus de certification RSE comme B Corp ou mieux : le label LUCIE, basé sur la norme internationale ISO 26000. Celui-ci repose sur des audits indépendants, portant sur l'ensemble de l'organisation et qualifiant le sérieux et la réalité des démarches annoncées.

Et cette preuve va devenir de plus en plus stratégique. Ainsi, en début d'année 2018, Larry Fink, PDG de BlackRock, l'un des plus importants fonds mondiaux d'investissement, a envoyé à tous ses directeurs un courrier, les incitant à faire des choix de financements qui aient du sens, c'est-à-dire qui se portent en priorité sur des entreprises s'étant engagées dans une démarche durable et éthique. Il y a donc, autour de la certification et au-delà de la nécessité de retrouver la confiance de ses partenaires et clients, un réel enjeu en termes de business comme de développement pour les acteurs de la tech.

Par David Chassan, Chief Communications Officer, Outscale

Le Cloud Act (Clarifying Lawful Overseas Use of Data Act) est une loi votée par le Congrès américain afin de faciliter l'obtention pour l'administration américaine de données stockées à l'étranger, via notamment par les opérateurs et fournisseurs de services en ligne comme les fournisseurs de services Cloud.


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