Avant l’arrivée massive des API – phénomène que nous avons pu constater il y a quelques années avec les Fintech - les applications cherchaient des informations en exploitant avec le screen-scraping le contenu des pages Internet pour créer leurs propres API. Et cela tout en tirant partie des informations que les sociétés mettent à disposition sans toujours penser qu’elles pourraient les APIser.

Auparavant, certaines sociétés s’essayaient à produire des web services (ancêtre de l’API) qu’elles mettaient à disposition en interne ou auprès de leurs partenaires. Mais, les habitudes de conception ont fait que ces services ne suffisaient plus, et le besoin de produire du spécifique revenait ainsi au galop. Les éternelles contraintes de sécurité devaient donc être rediscutées, comprises et intégrées.

Avec l’arrivée des API Managers, la réalisation ou la mise en oeuvre de projets est dorénavant facilitée grâce à l’intégration native des contraintes de sécurité et des mécanismes d’intégration continue. Ce qui a pour conséquence de renforcer l’agilité des développements.

Avez-vous vraiment besoin d'un API Manager ?
Les API ne sont pas une nouveauté, c’est l’API Management qui l’est ! Jusqu’à présent vous utilisiez des web services en interne ou avec des partenaires, la sécurisation était souvent dédiée à un échange, les modifications de code pouvaient être complexes, et le déploiement fréquemment un moment délicat.
Mais depuis quelques années, grâce à l’API Management, l’intégration devient beaucoup plus flexible étant donné que toutes les phases de réalisation se sont industrialisées.
Les phases de conception devaient déjà évoluer avec les middlewares mais l’exercice est difficile. En effet, les équipes en charge des échanges inters applicatifs sont trop souvent sollicitées et peinent à prendre suffisamment de recul pour mettre en oeuvre tout le bénéfice de cette technologie.
Avec les API, le paradigme change et l’environnement concurrentiel actuel oblige à se remettre en question sur son positionnement sur Internet. Il est alors facile de penser qu’il est possible d’y répondre simplement en mettant à disposition un ensemble d’API, en les rendant publiques et en assurant leur promotion. Mais dans les faits c’est bien plus complexe que cela, il faut soit s’inspirer de ce qui fonctionne ailleurs ou bien innover de manière significative pour faciliter l’adhésion. Il faudra également anticiper les demandes pour proposer un service qui soit suffisamment complet
afin de limiter les requêtes spécifiques.

Les concepteurs quant à eux doivent continuer de s’appuyer sur les contrats d’échanges qui décrivent les mécanismes d’appel aux API mais également sur les données qu’ils pourront délivrer pour construire les applications. Intégrer ces méthodes de conception est à la fois un grand pas en avant et une garantie de qualité de livraison car celle-ci s’appuie sur un ensemble de briques dont les contrats sont clairs. Le client peut ainsi revenir au coeur de toutes les stratégies. Il est alors impératif, dans le cadre d’un projet, de se concerter pour innover lors des phases pilote, et ce afin d’écouter les différentes réactions et d’ajuster les fonctionnalités. Mais attention, le client ne doit pas oublier de gérer la dimension liée aux données qu’il délivre. En effet, même s’il dispose d’une grande quantité de données de qualité, il ne souhaitera peut-être pas les mettre à
disposition de ses clients finaux (voire de ses partenaires), ou enfin il souhaitera les monétiser. Par ailleurs, de nombreuses entreprises n’hésitent plus à déployer leur pilote auprès d’un échantillon de clients afin de faire évoluer le projet en fonction des retours. Si pour toutes les sociétés il est impératif d’évoluer pour faire face à toutes les innovations, l’objectif reste le même : vendre ! Actuellement, il faut désormais générer du business sur tous les canaux (omnicanal). En effet, le nombre d’appareils connectés ne cesse de croître et les utilisateurs veulent pouvoir accéder à leurs données de partout et depuis tous leurs appareils. Enfin, il faut également penser à vendre en marque blanche sous peine de manquer de nouvelles opportunités.

L'API Manager : créez une équipe efficace et flexible
Lors de la mise en oeuvre de projets avec l’API Manager, l’organisation doit être adaptée et structurée :
• L’API Owner : il porte la philosophie de l’API, c’est-à-dire l’impact sur les équipes et les organisations. Il va rechercher des API sur des portails externes afin de les assembler.
• L’API Developer : il s’occupe d’assembler les API, gérer leur sécurité et mesurer leur performance.
• L’application Developer : il recherche les API, les exploite et trouve la solution pour les mesurer.
• L’operations lead : il est en charge de l’environnement des API et de la résolution des anomalies.

Alors qu’une entreprise met généralement six à neuf mois pour délivrer un projet, l’API owner et son équipe vont vous permette de réduire les délais à quelques semaines pour un prototype et à quelques mois pour une version post production. Par ailleurs, plus l’entreprise utilise ses API, plus elle en consomme, et plus elle produit rapidement des applications.

Changez votre façon de concevoir, agissez sur l'économei digitale
Plusieurs points sont à prendre en compte lors de la mise en place de l’API Management au sein de votre entreprise :
1 – Construisez votre communauté : parce que les API sont des « vivantes », leurs usages doivent être géré et animé. Pour cela, créez et partagez via un portail dédié (public, partenaire, interne), créez des événements pour faire connaître vos produits (Hackathons par exemple) puis testez et combinez les API pour innover.
2 – Répondez aux obligations légales : les API permettent d’augmenter l’agilité et la visibilité pour répondre à de nouvelles contraintes telles que RGPD et PSD2. Si vous ne les mettez pas en place, vous n’êtes non seulement pas conforme avec la réglementation mais vous pourrez manquer de nombreuses opportunités.
3 – Créez de la valeur : en testant vos projets auprès d’une clientèle ciblée. Et n’oubliez pas que les interfaces spécifiques sont à bannir. Il faut en effet penser produit et exposer.
4 – Enfin, foncez ! : après avoir intégré le fait que tout projet doit utiliser des API ou être lui-même exposé sous forme d’API, n’oubliez pas d’inclure dès le début le service achat et le service juridique. Avant de monétiser vos services, pensez d’abord à suivre leur usage. Travailler en mode agile peut aussi être un avantage dans la phase de démarrage de votre prochain projet digital.

Par Fabrice Pilet, Exchange Architecture Manager chez Micropole