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Aujourd’hui encore, les entreprises se privent de ressources expertes

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La fragmentation des compétences et expertises portées par des acteurs extérieurs (TPE, startups, travailleurs indépendants…) met les organisations au défi de disposer des bonnes ressources au bon moment. En effet, de nombreux ralentissements viennent empêcher des collaborations fluides entre grandes entreprises et petites structures.

Celles-ci, plus agiles et innovantes, assureraient pourtant une bien plus grande réactivité à l’écosystème entrepreneurial. Et si le graal de la compétitivité résidait simplement dans une nouvelle façon d’envisager leurs échanges ?

Il peut être nécessaire aux entreprises, pour faire face à de nouvelles attentes clients comme à la défection d’un partenaire, de devoir mobiliser très rapidement de nouvelles compétences, de nouveaux services, d’accéder à de nouvelles ressources. En théorie, la chose paraît simple (recrutement ou appel d’offre, processus de sélection, etc.), mais dans les faits, cela s’avère complexe et sujet à de nombreux ralentissements. En effet, fragmentés en une multitude de savoir-faire et de compétences, les systèmes de production actuels sont désormais portés par une myriade d’acteurs indépendants. Or, il n’est pas toujours possible, en l’état du fonctionnement de l’entreprise, de choisir avec qui l’on va collaborer, ni même de pérenniser une synergie prometteuse. Ces freins sont aujourd’hui trop peu considérés sous leur jour véritable : ce sont eux qui empêchent littéralement les entreprises (et notamment les plus grandes) de faire appel aux prestataires et fournisseurs indépendants agiles et innovants dont elles ont besoin.

Certaines collaborations sont encore difficiles à mettre en œuvre

Parmi ces freins à de nouvelles collaborations, figurent au premier plan les délais nécessaires à leur mise en place. Soyons clairs : ils sont encore beaucoup trop longs. Cela tient en partie à l’organisation de l’entreprise telle que nous la connaissons (ralentissements dus à de multiples niveaux décisionnaires), mais aussi à la nature et la gestion de la relation client-fournisseur telles qu’elles existent aujourd’hui. À ce titre, les choses doivent évoluer. Les entreprises ne peuvent plus se priver du gisement de valeur que constitue la nébuleuse d’acteurs indépendants formée par les TPE, startups, experts free-lance et individus hautement créatifs, etc. Souvent plus innovants, plus en phase avec le marché (car émergents sur celui-ci), ces acteurs sont aussi plus fragiles ; une plus grande réactivité de la part de l’entreprise cliente leur est indispensable. En l’état actuel des relations grande entreprise/acteurs indépendants, on constate bien souvent que les petits poissons prennent la fuite face au Léviathan et ce… aux détriments de l’ensemble des parties. L’incidence de ce phénomène sur la compétitivité d’un secteur ne doit pas être sous-estimée.

Des acteurs réticents de part et d’autre

On comprendra que les acteurs indépendants soient réticents à proposer leurs services aux grandes structures : lourdeur des processus comptables, délais de paiement inconcevables pour les trésoreries, etc. Aujourd’hui en France, on estime les retards sur les factures dues à 11 jours en moyenne (soit 672 milliards d’euros restant dans les caisses des donneurs d'ordre et n’allant pas dans celles des fournisseurs). Concrètement, en une année, ce sont 300 000 emplois qui se trouvent menacés par les retards et défauts de paiement1. On ne peut qu’imaginer leurs conséquences pour de très petites structures, ou des free-lance, aussi indispensables et innovants soient-ils.

Les réticences sont partagées car pour les grandes entreprises, faire face au renouvellement de multiples prestataires pèse sur les équipes administratives. La lourdeur des processus de gestion (gestion du référentiel fournisseur, contractualisation, imputation analytique des dépenses, contrôle juridique, mise en paiement, traitement des relances…) explique en partie ces réticences. Entrent également en jeu des préoccupations prioritaires en termes d’exposition aux risques, de pilotage de la performance, de gestion des compétences, de coordination transverse, etc. In fine, ce sont des rencontres, déterminantes en termes d’innovation, qui peinent à se faire actuellement. Cela est regrettable.

Se diriger progressivement vers une entreprise ouverte

Les processus de gestion sont tout à fait légitimes, ils sont construits pour minimiser les risques et assurer la conformité avec la législation en vigueur ; cependant ils sont incidemment responsables d’un phénomène dont on minimise les effets : à cause de la pesanteur de ces processus, les entreprises se privent encore aujourd’hui des ressources expertes qui pourraient …tout changer.

Un changement de modèle s’impose : les nouvelles possibilités technologiques et analytiques qui sont à notre portée peuvent être employées pour que l’entreprise s’ouvre plus largement aux collaborations avec des partenaires extérieurs en transformant notamment ses outils de gestion, pour plus de flexibilité et de réactivité et ce, sans rien céder à la rigueur nécessaire des processus.

Pour améliorer la fluidité des échanges entre les parties, c’est aussi une nouvelle vision de l’entreprise qui doit s’imposer, afin de se diriger vers un modèle d’entreprise véritablement « ouverte ». En effet, l’entreprise ouverte ne se limite pas à l’open innovation, elle est aussi le développement d’un écosystème d’expertises, gravitant à proximité et dans lequel il est possible (et facile) de puiser les ressources exigées par les circonstances. Un tel modèle, dynamique, constitue en lui-même une force. Cette transformation accélérera également l’émergence de talents, de savoir-faire et d’offres spécifiques. Car dans un marché en constante redéfinition, l’unicité d’une collaboration (ou d’une synergie de collaborations ponctuelles) s’avère déterminante face à la concurrence internationale. Tout est déjà à notre portée pour mettre en œuvre ce nouveau modèle aux avantages compétitifs exceptionnels.

Par Bilel BESBES, Directeur général, weOva

1 FIGEC (Fédération Nationale de l’Information d’Entreprise, de la Gestion de Créances et de l’Enquête Civile) - Chiffres clés 2018 “La gestion du risque client : Levier de croissance pour l’économie française".

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