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Tendances addictives en augmentation avec le télétravail : quel est le rôle des services de santé au travail ?

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Une étude récente de l’INRS1 sur « la prévention des pratiques addictives en entreprise » révèle que la consommation de tabac et d’alcool a augmenté chez des salariés. Près de 1245 professionnels des services de santé au travail (médecins, infirmiers, psychologues et ergonomes) ont été interrogés sur l’évolution des conduites addictives. 64 % des répondants estiment que la consommation d’alcool et de cannabis est répandue au travail.

Quel est l’impact du télétravail sur l’augmentation de ces addictions ?

Les différents confinements ont instauré le télétravail de manière massive et brutale pour de nombreux salariés. S’il peut présenter des avantages, le travail à distance peut également favoriser des conditions de travail délétères comme une désorganisation du rythme du travail ou encore une absence de déconnexion2. Il rompt progressivement les liens et favorise l’isolement.

En temps normal, l’environnement de travail ainsi que le regard des collègues peuvent constituer un frein à la pratique addictive.

Quelles sont les conséquences des pratiques addictives sur le lieu de travail ?

L’addiction engendre de nombreuses conséquences pour la personne et pour l’entreprise. L’individu peut présenter des troubles de l’humeur, des difficultés à se concentrer…

De plus, les effets peuvent aussi se faire ressentir dans l’environnement de travail. Cela se manifeste par exemple par une dégradation des relations3 avec les collègues, une baisse de la concentration et donc de la productivité, une désorganisation du travail induite par des retards et de l’absentéisme.

Dans certaines situations, les conséquences peuvent être plus graves et entraîner une perte d’emploi ou encore une mise en danger de la vie d’autrui et de soi-même.

Addictions

Quel est le rôle du médecin du travail dans la lutte contre les addictions ?

Le rôle du médecin du travail est exclusivement préventif. Il vise à sensibiliser et accompagner les entreprises et les salariés sur les pratiques addictives notamment avec la mise en place de campagnes de prévention comme notre service de santé le fait en partenariat avec Addict’aide.

De façon collective, le médecin du travail a plusieurs rôles :

• Identifier des situations de travail à risque dans les entreprises.
• Conseiller d’inclure ces situations dans le DUERP (document unique d’évaluation des risques professionnels).
• Accompagner l’entreprise dans l’encadrement des pratiques addictives (comme de l’alcool durant les événements d’entreprise).

Durant les visites individuelles, le médecin du travail est amené à effectuer un premier repérage des consommations de toxiques (Tabac, alcool, cannabis, antalgiques, somnifères etc.) et des conséquences sur les différentes sphères de la vie. Selon les produits consommés et les retentissements, le médecin du travail peut proposer diverses actions individuelles : aménagement de poste, orientation vers des spécialistes, prescription de substituts nicotiniques…

Il est important de rappeler que tout échange avec le médecin du travail est soumis au secret médical et qu’il ne révèlera pas aux collègues ou aux responsables la nature des problèmes de santé en lien avec les consommations.

Nous travaillons actuellement à l’élaboration d’un protocole en collaboration avec Addict’aide Pro. Il consiste à proposer aux entreprises qui en ont besoin, un « arbre décisionnel » pour savoir quel comportement adopter en fonction des différentes situations devant des comportements évoquant la consommation de substances psychoactives.

L’addiction est une maladie chronique comme toute autre maladie. Il est donc crucial pour l’entreprise de se tourner vers son service de santé au travail dès les premiers symptômes.

Interview du Dr. Murugavel, médecin du travail addictologue et du Dr. Hahn, médecin du travail chez Efficience Santé au travail

1 Étude sur la prévention des pratiques addictives en entreprise commanditée par l’INRS1 et réalisée par l’Institut Cemka auprès de 1245 professionnels des services de santé au travail (médecins, infirmiers, psychologues et ergonomes) en novembre 2021

2 Étude de l’UGICT-CGT de 2021, moins de la moitié (46 %) des entreprises respectent leurs engagements en matière de droit à la déconnexion au travail.

3 Inserm : www.inserm.fr/dossier/addictions

Lu 13773 fois Dernière modification le mercredi, 27 avril 2022 09:28
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