L’arrivée prochaine de la 5G agite les débats. Cette nouvelle génération de réseaux mobiles offrira des temps de latence quasiment nul. Ainsi, l’accès à une véritable mobilité en temps réel sera enfin possible. Certains considèrent alors la 5G comme une condition sine qua non qui permettra d’ouvrir les voies vers des révolutions technologiques sans précédent. On assistera à de nouveaux usages qui sauront mieux répondre à l’évolution de nos modes de vie futurs. D’autres au contraire, s’inquiètent du nouveau cap que prend l’essor de la mobilité, suscitant de nombreux questionnements, notamment d’ordre éthique, autour de l’exploitation massive de la donnée. 

Vers l’apogée du marché de l’IoT ?

Selon la source publiée le 9 août 2019 par Statista, 593 millions d'objets connectés circulaient dans le monde au moment de la publication. Pour les prévisions de 2020, ce chiffre devrait doubler. En France, le marché de l’internet des objets (IoT) s’élève à environ 1,4 milliard d’euros, soit 10 fois plus en l’espace de 4 ans.

En réalité, il y a déjà 10 ans que les objets connectés font partie du quotidien des individus : les téléviseurs connectés, les caméras ou encore, les accessoires adaptés au véhicule comme le kit mains libres Bluetooth. Mais le développement de nouvelles infrastructures technologiques plus récentes a encore accéléré leur progression. C’est désormais à la veille de l’arrivée de la 5G que l’internet des objets semble être sur le point de gagner ses lettres de noblesse.

Les nouveaux cas d’application rendus possibles grâce à l’arrivée de la 5G

Dans le milieu professionnel, l’essor de la mobilité est plus évident lorsqu’elle est mise au service de secteurs d’activité critiques tels que la santé, l’armement ou encore l’automobile. Dans certains pays d’Afrique où les opérations chirurgicales à distance se pratiquent déjà, l’arrivée de la 5G va permettre de réduire les temps de latence, et de fait, les risques d’erreur. Durant de telles opérations, les chirurgiens sont assistés par des bras articulés connectés, reliés à des commandes en forme de joysticks. Chaque geste est réalisé avec une précision au millième de millimètre près et le moindre problème de latence peut s’avérer fatal pour un patient. La 5G facilitera les opérations chirurgicales en temps réel.

Le développement de la mobilité est plus controversé lorsqu’elle est mise au service des usages des particuliers. Il existe dans plusieurs pays comme la Suède, les États-Unis, la Belgique ou le Royaume Uni, des programmes menés par des entreprises qui consistent à tester l’insertion de micro-puces dans le corps de leurs salariés. La détection de ces puces par les machines permet par exemple d’ouvrir les portes d’un sas d’entrée, d’accéder à des ordinateurs sécurisés ou encore de réaliser le paiement d’achats quotidiens sans nécessité de carte bancaire.

En ce qui concerne le secteur automobile, la puissance de l’IoT autorisera un nouvel agencement de l’espace routier, favorisant la présence de balises pour délimiter les routes, moins encombrantes que les infrastructures actuelles. L’adoption de la voiture autonome permettra une optimisation de la circulation qui décongestionnera aussitôt les axes routiers. Plusieurs trajets urbains pourront être mutualisés, pris en charge par une même voiture. Quant à la vitesse moyenne des véhicules, elle se limitera aux besoins des déplacements en ville, réduisant ainsi fortement la consommation énergétique.

Le développement de la mobilité divise les opinions

Le sujet de la 5G creuse les désaccords entre le monde professionnel et les particuliers. Les entreprises sont, pour la majorité d'entre elles, favorables au développement de la mobilité. Même si quelques réticences subsistent encore : la crainte d’un marché monopolistique pour les futurs réseaux 5G, ou encore la sécurité des données.

Une partie du grand public quant à lui, est sensible au respect de leur vie privée. Par ailleurs, la polémique née autour de nuisances possibles de la 5G sur la santé humaine augmente l’anxiété des individus face à ces envolées technologiques.

L’économie de données peut-elle être éthique ?

L’économie des données questionne de plus en plus le cadre règlementaire. La base européenne représentée par le règlement général sur la protection des données (RGPD) constitue une première étape favorable à un cadre plus strict.

Dans ce contexte, une utilisation vertueuse de la donnée est-elle vraiment possible ? Lorsque ce sont les éléments de l’individu qui sont exploités, la question liée à l’atteinte des droits fondamentaux se pose de façon légitime. En revanche, lorsque les données sont utilisées dans le respect des droits de la vie privée afin d’extrapoler des tendances de masse, la question d’éthique semble moins prégnante. Dans tous les cas, le développement de la mobilité doit s’accompagner d’un contexte réglementaire rigoureux pour éviter les abus.

Malgré certaines réserves du grand public, ce dernier joue un rôle essentiel dans l’arrivée prochaine de la 5G. Son aval reste nécessaire pour que la 5G évolue dans un contexte général favorable. Les entreprises quant à elles, savent que cette étape est importante pour pouvoir évoluer et continuer à innover. L’homme est un explorateur par nature ; alors bien qu’il apparaisse comme fondamental d’instaurer des cadres légaux fermement règlementés, la croyance forte en la valeur du progrès subsiste néanmoins.

Par Moïse TOSSOU, Directeur Général d’INFINY IA