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Réussissez la mise en œuvre d'un projet IoT

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Pour être rentabilisée, la connexion de caméras, moteurs ou tout autre dispositif connecté doit répondre à un besoin clairement identifié. Les nombreuses informations collectées par les capteurs peuvent être un gisement de productivité à condition de choisir les données les plus pertinentes.

Richard MurakwaMaintenance prédictive efficace, création de nouveaux services, gains de productivité, nombreux sont les bénéfices d’un réseau de produits, machines ou caméras connectés. Concrètement, cela se traduit par la traçabilité de produits de la production à la vente, de l’anticipation de la défaillance de moteurs ou encore, de l’amélioration de processus de fabrication voire du contrôle permanent de l’état des pneus connectés d’un véhicule. Aujourd’hui, beaucoup de projets IoT restent encore à l’état de prototypes faute d’avoir identifié précisément les usages. « Les industriels ne savent pas précisément mesurer les usages et la performance d’un outil de production qui sont évalués de manière irrégulière, selon les déclarations des opérateurs », explique Richard Murakwa, directeur de l’innovation de 4CAD IoT.

Sur une machine connectée, il est possible de collecter un jeu de données calculées par des algorithmes et dont l’analyse montre quels gestes font perdre du temps et ceux qui en font gagner. Ce contrôle très précis des performances d’un opérateur, en horlogerie de haut de gamme par exemple, peut induire des réticences compréhensibles de sa part mais elles peuvent être levées, si, en marge de l’augmentation de productivité, les conditions de travail sont améliorées.

Les secteurs industriels qui utilisent des machines en rotation dans une production critique, tels que des tours ou des compresseurs d’air, veulent éviter les arrêts pénalisants dus aux défaillances de ces outils. En plaçant des capteurs de température, de pression ou de vibrations sur les moteurs, il est possible de remonter quantité d’informations pour anticiper une panne, en déterminant, par exemple, quelles fréquences retournées par un capteur spécifique sont anormales par rapport à un modèle de fonctionnement normal. Une solution IoT adaptée peut éviter l’intervention planifiée d’experts dont le coût d’intervention journalier se chiffre entre 1500 et 2000 €. La rentabilité de la solution est dans ce cas évidente.

Des usages inattendus

Depuis 2017, Michelin en partenariat avec Exotic Systems, une startup auvergnate, a développé le programme Track Connect. Il s’agit de fournir aux membres du club Porsche des données très précises sur le statut en temps réel des pneus des voitures de sport telles que la pression, la température, le sous-virage, etc., pour améliorer les performances. L’objectif est de rallonger la durée de vie des pneus en adoptant une pression d’air adaptée aux conditions de roulage. Dans l’agro-alimentaire, la répétabilité de la qualité de fabrication, par exemple de brioches, est un problème récurrent. Le taux d’humidité, les matériaux utilisés introduisant des variations de température, etc., peuvent modifier le résultat final en fin de cuisson ; les données contextuelles issues de capteurs spécifiques et dûment analysées peuvent améliorer le résultat final. Limagrain, un groupe français spécialisé dans les semences de grandes cultures, les semences potagères et les produits céréaliers, fait appel à l’IoT pour géolocaliser les bennes qui effectuent la collecte des céréales dans les exploitations sur une zone de 30 km sur 40 km. Dans ce cas, le temps de transport entre les champs et les silos doivent être contrôlés pour éviter la détérioration des récoltes. Les remontées des capteurs sont analysées pour optimiser les tournées de ramassage. Dans ce cas spécifique, les capteurs doivent résister à des conditions de température et d’humidité particulières.

L’IoT n’est pas une baguette magique

La réussite d’un projet IoT dépend de la qualité du dialogue entre les responsables métiers de l’entreprise et le prestataire de la solution. L’entreprise doit préciser ses besoins et savoir si elle veut obtenir des gains directs de productivité, développer de nouveaux services, etc. Quant au prestataire, il doit comprendre les usages, les méthodes de travail, l’environnement de son client pour développer une solution IoT adaptée. Ce type de projet, dont le coût n’est pas négligeable quand il s’agit d’un développement très spécifique, n’est rentable que pour des entreprises dont le chiffre d’affaire dépasse les 10 M€. Pour la maintenance prédictive, l’investissement est conséquent car il faut accéder à un grand volume de données, les analyser et les nettoyer en éliminant celles qui ne sont pas utiles. Il faut ensuite créer un modèle de prédiction. Cela prend beaucoup de temps et par conséquent, d’argent.

En revanche pour des besoins standard, comme l’amélioration des performances d’une ligne de production ou la géolocalisation de produits, il est possible de partager une plateforme de traitements communs des données. Se posent alors des problèmes de propriété intellectuelle et de confidentialité des informations. Dans une longue chaîne de sous-traitance, le client final n’a pas accès aux données de maintenance et autres du fabriquant initial d’un produit ou d’une machine. Cela pose des problèmes pour améliorer sa fiabilité.

Edge computing : pour améliorer les délais de traitement et réduire les coûts

Face au développement des usages de l’Internet connecté, notamment en temps réel, l’utilisation exclusive du Cloud ne répond pas entièrement aux exigences des entreprises. En raison, d’abord, des coûts d’abonnements (bande passante, gestion des machines virtuelles, etc.). Ensuite, pour avoir des temps de réponse très courts, voire en temps réel, pour les processus concernant la sécurité et à terme, pour les véhicules autonomes et les drones. Pour adresser précisément ces cas d’usages, le traitement des données en local est indispensable. Il suppose la présence à portée des capteurs ou des caméras, de systèmes embarqués qui effectuent les calculs et stockent des informations sélectionnées. Autre avantage de l’Edge computing : s’affranchir de micro-coupures d’Internet, parfois pénalisantes pour certains usages. Dans le domaine de l’IoT, la gestion et le contrôle des processus numériques métiers, passent bien souvent par l’Edge Computing.

Lu 2321 fois Dernière modification le mardi, 14 mai 2019 16:00
Serge Escalé

Journaliste indépendant spécialisé IT depuis 1995
Le Monde informatique, Le Figaro, Les Echos, Itespresso, Le MagIT, Silicon.fr, GPO Magazine