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Comment utiliser concrètement les objets connectés dans l’entreprise

Comment utiliser concrètement les objets connectés dans l’entreprise

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Surveillance de locaux et d’infrastructures, gestion des stocks, contrôle accru de la production industrielle, etc., les objets connectés associés à un traitement intelligent des données se multiplient. Focus sur les bénéfices et freins pour les entreprises.

Au-delà des promesses sur l’IoT (internet des objets), des applications concrètes de plus en plus nombreuses montrent le potentiel des objets connectés. Michelin commercialise des pneus connectés pour les camions et les avions qui envoient les données de pression et de température à une plate-forme de traitement afin d’améliorer la maintenance et la sécurité. La SNCF fait appel à un écosystème de start-up et d’ETI pour la conception d’objets connectés « En collaboration avec la start-up toulousaine Intesens, nous fabriquons des cartes électroniques boîtiers connectés utilisés pour le suivi de température dans les wagons passagers, le contrôle des éclairages dans les gares, la surveillance des voies ferrées, etc. », explique Stéphane Gendrot, responsable du Business Development chez Lacroix Electronics. 

La réussite des projets passe en effet par la réactivité des start-up, associée au savoir-faire des sous-traitants pour la fabrication en volume d’objets connectés fiables. Les objets connectés trouvent des applications à forte valeur  ajoutée dans les chaînes de production de voitures. Creatique Technologie fabrique des prises de test connectées pour les chaînes de fabrication automobile. Le but, faire gagner du temps aux opérateurs qui effectuent des tests de  contrôle dans les voitures en leur évitant de nombreuses entrées et sorties dans les véhicules en dotant le connecteur d’une liaison radio. Les données d’utilisation des connecteurs (cycle de vie, température, détection de chute, etc.)  seront utilisées pour la maintenance prédictive, pour réduire les stocks, mieux gérer les approvisionnements et offrir de nouveaux services.

Autre exemple, Coval est un fabricant de ventouses et pompes à vides qui permettent la préhension d’objets dans les chaînes de production. Le besoin de ses clients était de remonter les informations sur l’état de fonctionnement des  outils de préhension, le nombre de cycles effectués afin de mieux gérer la maintenance. Johan Chevallier, chef de projet électronique chez Coval, décrit les avantages de la solution connectée proposée « La valeur ajoutée est la  suppression des nombreux câbles qui transmettent toutes les informations sur un seul câble. Une proposition de valeur particulièrement utile dans l’industrie automobile qui utilise jusqu’à 130 générateurs de vide ! La collecte des données, alarmes remontées, durée d’utilisation, etc. se fait sur un Cloud où elles peuvent être exploitées ». L’image de l’objet connecté, sans fil, n’est pas toujours pertinente sur les chaînes de fabrication industrielle « Dans ce secteur, le filaire donne plus confiance aux clients que la liaison radio pour des raisons de fiabilité (perturbations électromagnétiques, etc.) », précise Johan Chevallier. Johan Chevallier

Des freins liés aux protocoles de communication et à l’autonomie des objets connectés
Il existe de nombreux protocoles de communication entre les objets connectés et les plates-formes de traitement des données. Depuis les réseaux longue portée comme Lora et Sigfox, en passant par l’incontournable WiFi pour la moyenne portée et jusqu’aux standards de communication à courte portée comme NFC, Bluetooth ou Zigbee1. Cette multiplicité des réseaux de communication pose la question de leur compatibilité avec les objets connectés et plus généralement de l’interopérabilité entre les objets connectés n’utilisant pas les mêmes protocoles de communication. Par exemple, en l’absence de standard pour l’interopérabilité, l’ajout de nouveaux capteurs incompatibles avec le protocole de communication utilisé entraîne l’incapacité de fournir de nouveaux services. Autre frein pour le déploiement massif des objets connectés sans fil, l’autonomie des batteries qui alimentent les objets. Pour certains secteurs et  activités, la question de l'alimentation en énergie des objets connectés et leur consommation effective est essentielle. Sur une chaîne de production utilisant le mode de communication filaire ainsi que pour les systèmes n’utilisant pas plus d’une vingtaine d’appareils, le problème ne se pose pas. Mais quid des millions d’objets et capteurs sans fil connectés que promettent les fournisseurs de solutions connectées ? Il ne s’agit pas, en effet, que du coût de remplacement des batteries, dont leurs fabricants annoncent des durées de vie de 10 ans. Il faut également intégrer le coût de la maintenance due au changement de millions de batteries. 

Lorsque les projets ont été bien réalisés, après un POC (Proof of concept) réussi et une bonne qualité de fabrication, les promesses des objets connectés peuvent être tenues, pour autant que les objectifs soient bien définis. L’exploitation intelligente des données collectées permet de réaliser des économies en optimisant la gestion des stocks, en faisant de la maintenance prédictive et en trouvant des usages et des services. Cela repose sur une association optimale entre les technologies et les besoins des clients, clés de la réussite des projets.

1 Zigbee est un réseau sans fil utilisé pour la maison, le bâtiment et le contrôle industriel. Avec une vitesse maximale de 250 Kbps à 2,4 GHz, ZigBee est plus lent que Wi-Fi et Bluetooth, mais il est conçu pour une faible consommation d'énergie, de sorte que les batteries peuvent durer des mois et des années.

La sécurité, un élément clé pour le décollage de l’IoT

En septembre 2016, de nombreux serveurs de l’hébergeur OVH sont mis hors service, suite à une attaque massive via plus de 145 000 objets connectés, notamment des caméras. Quelques semaines plus tard, c’est au tour de l’entreprise DYN, qui fournit des services Internet de base à Twitter, Ebay, Netflix et Paypal d’être attaquée par un réseau de caméras piratées. L’engouement pour les objets connectés doit être tempéré par les nombreuses failles de sécurité, d’autant qu’aucune norme ne les protège. Analyse du trafic, écoute passive ou active, action malveillante d’interception, de manipulation ou de blocage des communications, prise de contrôle à distance d’un dispositif physique, les risques sont lourds de conséquences. L’urgence pour l’heure est d’appliquer les règles de base de sécurité : application de mots de passe robustes, mise en place effective des chartes de sécurité. Les objets connectés peuvent être sécurisés dès leur conception. Les grandes entreprises et institutions sont mieux armées que les PME et ETI pour faire face au défi de la sécurité.

 

 

 

Lu 5996 fois Dernière modification le jeudi, 11 janvier 2018 16:38
Serge Escalé

Journaliste indépendant spécialisé IT depuis 1995
Le Monde informatique, Le Figaro, Les Echos, Itespresso, Le MagIT, Silicon.fr, GPO Magazine