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Les intérêts insoupçonnés du sport en entreprise

Les intérêts insoupçonnés du sport en entreprise

Social / RH Écrit par  vendredi, 08 septembre 2017 08:50 Taille de police Réduire la taille de la police Augmenter la taille de police
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Le 27 septembre prochain se tiendra la deuxième édition de Pep’Sport, un salon destiné à connecter les différents acteurs du sport et de l’entreprise. L’occasion de dresser un inventaire des bénéfices de l’activité sportive au travail, en compagnie d’Arnauld Grumo, l’organisateur du salon, et de Julien Pierre, maître de conférences et auteur de l’ouvrage « Le sport en entreprise – enjeux de sociétés ».

Le monde du sport en entreprise semble en pleine mutation, vous confirmez ?

Julien Pierre : C’est une évidence ! On constate en effet, presque quotidiennement, la progression notable de l’intérêt social généré par la pratique du sport dans différents univers du travail. Le principal indicateur est le développement, à partir des années 2000, d’un marché de l’offre de prestation de services sportifs en BtoB. Il suffit de regarder les start-ups incubées par Le Tremplin – comme Fizix, Gymlib, Krank, OuiRun, Sport Heroes Group, Squad, Trainme, WellCO ou encore Windoo – pour apprécier l’évolution du marché.

Arnauld Grumo : Si l’offre se structure, c’est aussi parce que la demande ne cesse de grandir. Les employeurs sont de plus en plus soucieux d’offrir de bonnes conditions de travail à leurs collaborateurs et le sport permet d’instaurer un environnement qualitatif. Par ailleurs, les salariés se montrent également attentifs aux services proposés par leur entreprise, quand ils ne sont pas demandeurs !

Quel est l'intérêt de pratiquer une activité sportive dans le cadre du travail ?

A. G. : Le sport, s’il est correctement (donc modérément) pratiqué, génère son lot de bienfaits physiques et psychologiques. Il contribue ainsi à limiter l’absentéisme. D’ailleurs, différentes études, comme celles de Goodwill Management et de Decathlon Pro, ont cherché à montrer les liens entre la pratique sportive et la productivité des salariés. Même si les résultats divergent, elles montrent toutes que l’effet est globalement positif, pour les employés comme pour les employeurs.

J. P. : Outre la traditionnelle quête de productivité, on peut aussi ajouter une panoplie d’effets moins évidents parce que moins facilement mesurables. Il est désormais admis que le sport participe à fluidifier les réseaux de communication en créant des connexions informelles entre les collaborateurs. De même, c’est devenu un outil d’attraction pour une entreprise. A l’heure où il s’agit d’être une « best workplace », voilà un bon moyen de cultiver sa marque employeur. Nos enquêtes montrent également que le sport participe à fidéliser les salariés : il joue sur leur motivation, sur l’image qu’ils ont d’eux-mêmes, de leurs collègues mais aussi bien entendu de leur employeur.

On dit souvent que les salles de sport en entreprise sont réservées aux grands groupes parisiens…

J. P. : C’est vrai, mais seulement en partie. Certes, la plupart des grandes sociétés disposent d’une offre sportive, parfois foisonnante, au niveau de leur siège social. Mais de multiples initiatives prolifèrent çà et là, notamment en province, dans des petites et moyennes entreprises. Tous les secteurs d’activités sont concernés même si, historiquement, ce sont les constructeurs automobiles qui participent le plus à la démocratisation du sport au travail.

A. G. : Certains parcs d’entreprise, comme celui d’Atalante Champs-Blancs à Cesson-Sévigné (35) ou encore le Dynapôle à Ludres (54), développent des modèles inspirants : des entreprises de toutes tailles et de différents secteurs d’activité se regroupent et mutualisent leurs moyens. Elles travaillent en étroite collaboration avec la mairie qui leur met différentes infrastructures, comme des terrains ou encore des vestiaires, à disposition. L’autre acteur qui complète ce maillage est le mouvement sportif local qui apporte l’expertise de coachs sportifs.

Au niveau des collaborateurs, y a-t-il des cibles privilégiées ?

A. G. : La force du sport, quand il est correctement pratiqué dans l’entreprise, est justement de s’adapter à cet univers particulier. Il ne s’agit pas de calquer la logique de compétition et de performance d’un club civil. Il touche donc a priori un large éventail de collaborateurs, hommes et femmes, des plus jeunes aux plus âgés, indépendamment de leur statut ou de leurs fonctions.

J. P. : La réalité du terrain montre néanmoins quelques irrégularités. Par exemple, les dirigeants et autres managers, pourtant sportifs assidus la plupart du temps, se mêlent assez rarement aux activités proposées en interne. Les jeunes recrues, prises par leurs nouvelles fonctions, ainsi que les seniors qui peuvent commencer à avoir des problèmes de santé, sont un peu moins représentés. A l’inverse, les femmes sont très actives sur le créneau de la pause méridienne, un créneau qui leur permet de concilier vie professionnelle et vie personnelle.

Quel est l’avenir du sport en entreprise ?

A. G. : La configuration du sport en entreprise en 2030 fait justement l’objet d’une table-ronde lors de Pep’Sport. Nous l’avons dit, de façon pragmatique, la mutualisation des offres apparaît comme une des sources de développement territorial du sport en entreprise. Les mutuelles et autres prestataires de santé devraient également jouer un rôle de plus en plus important dans les années à venir. Globalement, la contribution des entreprises comme nouveau territoire d’expression de la santé des citoyens va être de plus en plus régulièrement questionnée.

J. P. : A l’échelle internationale, le sport va poursuivre sa phase de digitalisation entamée au tournant des années 2010 avec l’arrivée de start-ups développant bracelets, applications et autres challenges ludiques connectés. Plus que jamais, le sport en entreprise va poursuivre sa mutation et continuer cette phase de gamification. Récemment, VoyagesSNCF.com a lancé sa « Team Loco » composée de collaborateurs qui troquent ballons et crampons contre consoles et manettes. Nul doute que ce type d’initiatives sera amenée à se développer. On va bientôt parler de e-sport en entreprise !

En savoir plus : www.pepsport.fr

 

Lu 4079 fois Dernière modification le vendredi, 08 septembre 2017 09:22
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