Aller toujours plus vite est la préoccupation de toute entreprise. Mais qu’est-ce que cela suppose ? Nous avons plusieurs options : revoir l’organisation et les processus de développements, adapter de nouvelles méthodes de management (le management agile, le lean start-up pour valider les business models et échouer vite, apprendre vite…), plus anticiper… Comment choisir la bonne approche ?

Aujourd’hui tout est fait pour gérer les coûts (budget…), peu de choses sont faites pour gérer le temps. Pourtant cela peut nous amener à perdre une opportunité, à rater un créneau de marché, à avoir une gamme de produits obsolète, à être devancer d’un an ou plus par un concurrent… Le temps n’apparaît dans aucun tableau de bord, dans aucun bilan… et pourtant ce devrait être notre ressource la plus précieuse (c’est la seule qui ne s’achète pas).

Une chose est sûre, comment nous choisissons de gérer le temps est fortement influencée par notre culture, l'accumulation de nos expériences, notre vécu comme individu et comme entreprise. Le temps est une ressource et aussi un point de repère pour notre évolution et notre performance. Et dans la perspective d'un processus dynamique, dont les principaux éléments sont l'homme et le temps il faut chercher l'équilibre.

Dans une entreprise ambitieuse, il est essentiel de former les décideurs de l’entreprise au management stratégique des délais, notamment sur :

• L’impact des choix organisationnels sur les délais,
• Le choix du cycle de vie des projets et des produits et l’intégration du client dans le processus de conception,
• Le timing d’introduction des innovations,
• Le choix des niveaux de complexité,
• L’impact des niveaux de contrôle et de validation,
• La gestion des risques et la gestion des marges,
• La gestion des ressources et la mise en place d’une gestion de portefeuille,
• … et, bien sûr, le problème de l’arbitrage coût/délai/performance.

Tout ceci doit faire l’objet d’une réflexion stratégique pour chaque projet et, en cours de déroulement, d’arbitrages incessants ou l’importance du délai est revalorisée par rapport aux autres paramètres comme les coûts, la qualité, la performance, les risques. Les managers préoccupés par la performance savent que le temps est mesurable et qu’il est prioritaire d’assurer sa gestion en continu.

MICROSOFT, pour livrer plus rapidement ses produits, nous a montré le chemin et n’a pas hésité à faire valider ses produits par les premiers utilisateurs. Par ailleurs il me semble que les objectifs prioritaires de Satya Nadella son Directeur Général concernent en priorité la gestion du temps : rattraper l’important retard accumulé ces dernières années sur les supports mobiles, aller chercher les utilisateurs là où ils se trouvent et non plus attendre qu’ils viennent à Microsoft pour réduire les délais d’achat… A l’heure où « the first takes all » cela mérite bien réflexion.

Pour devenir une entreprise plus efficace, il est essentiel de savoir bien gérer son temps. Mais face à un marché de plus en plus speed et compliquée, aux sollicitations intempestives, au dictat de l’urgence, à la saturation on se demande comment garder la maîtrise du temps pour vivre et non subir ?

Les outils à mettre en place sont pour certains encore à inventer :
• Une horloge du marché, de la concurrence, des innovations… qui doit servir de phare et d’arbitre ?
• Un planning des synergies qui doit nous permettre de maximiser l’utilisation des ressources et opportunités ?
• Une gestion de portefeuille de projets qui permet de sélectionner les projets les plus prometteurs, d’éliminer rapidement les projets sans avenir et de fluidifier le flux des activités ?
• Une analyse des risques et opportunités au niveau stratégique qui permet de remonter au niveau adéquat les décisions majeures ?
• Une conduite du changement avec en premier lieu, une Gestion Prévisionnelle des Emplois et des Métiers de demain ?

On s’est beaucoup préoccupé de planification opérationnelle, il est temps de se doter d’outils de Management Stratégique des Délais.

Par Jean ELLEGOET, Directeur Général d'OPTEAM