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Le Réseau Social d’Entreprise se meurt, c’est grave docteur ?

Le Réseau Social d’Entreprise se meurt, c’est grave docteur ?

Management Écrit par  jeudi, 13 octobre 2016 15:50 Taille de police Réduire la taille de la police Augmenter la taille de police
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« Se réunir est un début, rester ensemble est un progrès, travailler ensemble est la réussite ». Henri Ford
On pourrait aisément imaginer qu’une personne comme Henri Ford, bénéficiant des nouvelles technologies, aurait certainement développé l’outil collaboratif nécessaire à la réussite collective. Mais restons un instant sur cette citation. Car celle-ci devrait être un guide pour chaque entreprise, organisation, ou équipe.

Bien entendu, nous sommes tous en capacité de se réunir ; c’est ce que l’on pourrait appeler l’intention. Or, nous sommes déjà moins en capacité à rester ensemble, car les divergences de point de vue, les jeux de pouvoir et autres conflits d’intérêt délitent inévitablement la communication et la co-production ; c’est que l’on pourrait appeler le manque de décision ou de direction. Imaginez donc ce qui peut advenir de la réussite dans ce contexte.

En effet, avons-nous déjà vu une armée vaincre avec des soldats partant au combat sans objectif, sans stratégie collective ? L’entreprise a-t-elle déjà réussie à se développer en laissant chacun de ses métiers, chacun de ses collaborateurs livrés à eux-mêmes ? Nous pouvons trouver autant d’exemples que d’expériences qui montrent que l’individualisme n’a jamais permis de concrétiser et d’obtenir les résultats attendus d’un collectif.

Et pourtant, bien que notre histoire nous rappelle combien l’action collective permet d’obtenir les plus beaux des succès, les plus belles des réalisations, certaines entreprises n’hésitent pas à foncer tête baissée dans l’acquisition d’un Réseau Social d’Entreprise (RSE), et partent de fait avec un double handicap.
Le premier, l’entreprise ne connaît pas la réalité de l’outil dans sa pratique et dans sa finalité. Il suffit pourtant de regarder comment les réseaux sociaux publics fonctionnent et surtout de voir ce qui en résulte. Un individualisme exacerbé (le moi je).
Le second, l’entreprise se dote d’un RSE souvent sans réelle stratégie, sans compréhension de la méthode d’utilisation, sans accompagnement au changement. Elle se contente de communiquer finalement sur les quelques mots tendances ou à la mode. On entend donc et on se surprend à découvrir des mots où chacun se permet de donner sa définition, tels que les millénials, la génération Y et Z, l’entreprise libérée, l’holacratie, etc. Pour d’autres, le confort incite à l’utilisation de termes plus connus et rassurant telles que la productivité, la rationalisation, l’optimisation, la simplification des processus, l’intégration des systèmes d’information…
Mais qu’en est-il vraiment ? Quelle utilisation ? Quel résultat ?

Voyons la réalité en face, le RSE n’est pas au service du collectif
…Et les chiffres nous le montre. En France, 36 % des entreprises (hors PME) ont fait l’acquisition d’un RSE, dont 80 % des entreprises du CAC 40.
Avec une croissance de 15 % par an, le marché des Réseaux Sociaux d’Entreprise est en plein essor et promet un bel avenir pour les éditeurs. Et c’est dans ce contexte d’opportunité que les principaux acteurs se développent essentiellement sur une logique du RSE. Mais si l’extension du marché ne fait aucun doute, la rapidité du déploiement de ces solutions se heurte à trois difficultés :
- La première réside dans la complexité d’utilisation des outils actuellement disponibles sur le marché,
- la seconde est liée au faible accompagnement managérial du projet lors de son lancement et de son déploiement dans les organisations.
- Enfin, la dernière difficulté, et non la moindre, est une proximité trop forte avec le Réseau social privé connu des utilisateurs, ce qui fait donc un double emploi.
En termes de résultat, celui-ci est sans appel ! C’est la règle du 10 qui s’applique ; seules 10% des entreprises utilisatrices estiment être en succès, sachant que la plupart des RSE sont déployés auprès d’une minorité d’utilisateurs qui représente environ 10% des effectifs de l’entreprise et que le taux d’utilisation de cette population est lui-même proche des 10%.
Cette situation démontre que le modèle type RSE proposé aux entreprises ne répond pas aux attentes des utilisateurs et qu’il convient pour les entreprises de se tourner vers une solution utile, vers la Solution Collaborative d’Entreprise (SCE).

La nécessité pour les entreprises d’aller vers la Solution Collaborative d’Entreprise (SCE) face aux limites constatées du RSE
En déployant un RSE, l’entreprise agit de manière contraire à ses intérêts, à savoir la création de valeurs et de richesses collectives. Car le RSE offre aux salariés utilisateurs la possibilité, comme dans la sphère privée, de créer un réseau hélio-centriste et narcissique, ce qui renforce irrémédiablement les jeux de pouvoirs et les cloisonnements sociologiques. Or, c’est justement cette constante qui pénalise le résultat économique et social de l’entreprise.

Alors pourquoi la SCE est différente? Quel résultat faut-il en attendre ?
Pour le comprendre, il convient de comparer les limites du RSE et les opportunités de la SCE :
- La SCE permet de communiquer et de travailler par communauté, alors que le RSE est ouvert à tous,
- La SCE suggère, sur la base d’intérêt commun, des groupes aux utilisateurs et des utilisateurs aux groupes. Alors que le RSE propose des contacts associés à des utilisateurs,
- La SCE favorise le travail en communauté permettant de tisser des liens entre professionnels, alors que le RSE permet de créer une communication entre collaborateurs et offre la possibilité de créer des communautés,
- La SCE met en commun les informations disponibles au sein de l’entreprise, alors que le RSE permet de fluidifier l’information entre utilisateurs,
- La SCE propose une coproduction sur la laquelle s’installera la discussion et l’échange en temps réel, alors que le RSE permet d’initier l’échange en instantané sans pour autant inciter à la production.

La volonté des entreprises de vouloir utiliser le RSE calqué sur les réseaux sociaux qui ont un fort succès dans la vie publique est honorable, mais non suffisante pour modeler un collaboratif digital au sein de leurs organisations.

Car, bien que le Réseau Social d’Entreprise se défini comme un outil qui améliore la communication transversale, c’est avant tout un réseau de communication individuel qui se structure et existe de par les membres et dont le contenu est fourni par ces mêmes membres. Les utilisateurs ont l’opportunité de contribuer à la connaissance collective à l’intérieur de l’entreprise, et peuvent grâce à des interfaces se connecter à des communautés et acteurs externes présents sur les réseaux sociaux publics. On retrouve là l’une des limites essentielles à la pratique du RSE, puisque cela apporte la confusion des genres entre le RSE qui relève de la sphère professionnelle de l’entreprise et les autres réseaux sociaux publics qui relèvent soit de la vie privée et/ou de la vie extra professionnelle de chacun.
Pour contrer ce désintérêt croissant des utilisateurs de RSE et éviter de perdre l’entreprise, les éditeurs de RSE n’hésitent pas à changer de vocabulaire et orientent leur marketing sur le terme collaboratif sans changer la nature de leur offre.

Il ne faut pas se tromper, un outil digital développé pour créer un réseau de profils individuels ne pourra jamais prétendre être une solution collaborative.

Comprendre et pratiquer le collaboratif suppose une solution qui permet aux utilisateurs de se présenter au travers de ses compétences, de son savoir-faire, de ses intérêts et certainement pas via une photo et un titre de poste occupé (les organigrammes le font déjà).

Car un logiciel collaboratif permet de construire de projets collaboratifs (groupe de travail, animation de projet, communauté métiers, collectif de bonnes pratiques…) dans lesquels les utilisateurs peuvent échanger, discuter et partager des informations, contenus et fichiers. La SCE, de par sa nature stocke et met à disposition de l’entreprise l’ensemble de la production réalisée sur la plate-forme. Elle assure ainsi la pérennité des activités et le transfert du savoir-faire.

C’est en partie pour cela que les RSE ne fonctionnent pas, car l’ADN de l’entreprise se fonde uniquement sur un collectif de travail et non pas sur un ensemble d’individualité qui pourrait éventuellement s’unir pour travailler ensemble. La Solution Collaborative d’Entreprise ne propose aux utilisateurs que le travail en commun et c’est cela l’essentiel.

Qu’on se rassure, nous ne sommes pas dans la fiction, ce type de solution collaborative existe sur le marché, mais peut-être manque-t-elle encore de notoriété et d’ambassadeurs.

En tout cas, une chose est sûr, l’avenir nous dira si les entreprises sauront prendre le virage du collaboratif collectif !

Lu 11104 fois Dernière modification le mardi, 18 octobre 2016 13:51
Ludovic Gouley

Ludovic Gouley, Président de beclips
Après avoir été pendant plus de 15 ans, DRH au sein de groupes internationaux, Ludovic Gouley est aujourd'hui président-fondateur de beclips, éditeur de plate-forme de communication collaborative.

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