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Être et durer : l’indispensable philosophie

Être et durer : l’indispensable philosophie

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« Être et durer » est une devise que bon nombre de militaires se sont appropriés. Mais elle peut être transposée à tous, à commencer par « durer » : il s’agit là d’une absolue nécessité, d’autant plus que la vie moderne et « le temps réel » viennent bousculer le rythme du travail et de la vie privée.

Le manager a donc l’obligation d’adopter des mesures en ce sens, aussi bien pour ses collaborateurs que pour lui-même.

La fatigue est éternelle
Quel que soit le contexte, la fatigue fait partie intégrante de notre vie. Elle peut être physique ou morale, voire les deux. Elle se révèle parfois insidieuse, plus difficile à déceler. Mais le résultat est le même avec des conséquences qui apparaissent plus ou moins rapidement : perte de rendement, perte de discernement, erreurs – dans l’action ou dans le jugement – fautes, mal être… Tout ceci pouvant conduire à la dépression ou au burn-out.

Sont à prendre en compte aussi bien la vie professionnelle que la vie privée. En effet, tous les facteurs sont importants. Ces deux existences, contrairement à ce que certains voudraient bien croire, n’en font qu’une. Elles sont inexorablement liées et, inévitablement, la dégradation de l’une rejaillira sur l’autre, au risque d’enclencher une spirale infernale.

La bonne nouvelle est que cela fonctionne dans les deux sens. Malheureusement, le risque d’emprunter la mauvaise direction est plus élevé. En effet, il est difficile d’y échapper lorsque l’on vit en permanence sous pression ; lorsque tout est urgent et qu’il n’y a plus de véritables priorités ou que les dirigeants se refusent à en fixer et à assumer leurs choix ; lorsque l’on adopte ainsi un faux rythme de confort (que connaissent bien les coureurs de fond) et que la moindre accélération (lorsqu’une véritable urgence arrive) entraîne la rupture.

Et quand le dieu de la technologie s’en mêle…
Oui la technologie est fantastique. Oui, par bien des côtés, elle nous facilite la vie. Pourvu qu’elle soit utilisée dans ce but et qu’elle ne devienne pas une fin en soi ou encore l’excuse de tous les maux dans une logique du genre « Monsieur, l’ordinateur ne commet jamais d’erreurs ! »…

Mais regardons la vérité en face. Nous sommes entrés dans le monde du temps réel, peut-être même de l’anticipation, où plus personne n’accepte d’attendre, de prendre le temps, de véritablement réfléchir, de se reposer. L’information est là, à chaque seconde, avec la télévision, avec Internet, avec les réseaux sociaux présentés comme incontournables.

Et cette situation, critiquée par beaucoup mais, ironiquement, adoptée par les mêmes dans leur vie privée, se retrouve dans le monde de l’entreprise. Cela existait déjà, sous une forme ou sous une autre. Mais ce phénomène connait un facteur aggravant : la numérisation. Celle-ci s’invite, pour le meilleur (il n’est pas question ici de nier les avancées qu’elle génère) et, également, pour le pire. Les agents de cette tragédie en un acte ont pour noms « réseaux », « courriels » ou toute autre invention à la mode. Ils ont également un complice hautement toxique : l’incontournable smartphone qui n’a d’intelligent que le nom.

Heureusement, la réponse nous appartient
Ne nous voilons pas la face, il n’existe pas de réponse simple. En effet, celle-ci dépend de chacun (de ses fonctions, de sa personnalité). Elle dépend également de la nature de l’entreprise, de la marque du patron et des individus qui y travaillent. Cela impose donc de réfléchir ensemble pour déterminer une marche à suivre productive et raisonnable qui permette à l’ensemble de l’équipe de franchir la ligne d’arrivée en même temps.

Quel intérêt si A conquiert le contrat de haute lutte mais que l’équipe B n’est pas en état de délivrer le produit promis ?

Voici quelques pistes à considérer et à mettre en œuvre :
• savoir faire la part des choses entre vie courante et urgence avérée. Et traiter la première pour ce qu’elle est, avec sérénité ;
• penser l’emploi du numérique. Il ne faut en aucun cas devenir son esclave et rejeter tout ce qui n’aide pas ;
• savoir « débrancher », au propre comme au figuré. Il faut donc bannir les journées en flux tendu et se préserver, avec de vraies pauses et, donc, d’éventuelles marges de manœuvre ;
• savoir prendre – et imposer – de véritables vacances, celles qui permettent de recharger efficacement ses batteries, physiques et morales...

Il sera alors possible de penser à « être ». Et c’est bien de la combinaison de ces deux attitudes que l’on pourra prétendre à une vie plus équilibrée… et plus enrichissante.

Par Olivier Douin, Président de Olivier Douin Conseil (ODC)

Lu 8161 fois Dernière modification le jeudi, 12 octobre 2017 14:42
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