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Pascal Baylocq, CEO de Geostock, un dirigeant au cœur de la transition énergétique

Pascal Baylocq, CEO de Geostock, un dirigeant au cœur de la transition énergétique

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Doublement diplômé de l’Institut National Polytechnique de Grenoble (INPG) où il obtient un diplôme d’ingénieur et de docteur en mécanique et de l’Université Paris Nanterre (licence en sciences économique), Pascal Baylocq commence sa carrière en 1995, chez Total en tant qu’ingénieur forage. Il occupe, ensuite, différentes fonctions à la direction des opérations de la branche exploration et production, à la direction financière du groupe et met en œuvre le déploiement des technologies Internet.

En 2007, il devient directeur général délégué, puis Président et CEO de Geostock en 2017. Des expériences, tant au niveau national qu’au niveau mondial, qui lui ont permis d’acquérir une connaissance approfondie du secteur de l’énergie.

Aujourd’hui, Geostock entend préparer l’avenir et être un acteur important de la transition énergétique. Relever les défis énergétiques de demain en proposant des solutions de stockage souterrain d’énergie décarbonée, c’est la volonté, l’ambition et l’exigence de ce groupe.

Une dynamique, dans laquelle s’inscrit son dirigeant, Pascal Baylocq, laquelle est le fruit également d’une force collective, celle des filiales de Geostock et de ses collaborateurs.

  • GPO Magazine : Pouvez-vous nous présenter Geostock ? 

Pascal BAYLOCQ : Geostock est une société d’ingénierie, fondée en 1965, spécialisée dans le stockage souterrain d’hydrocarbures. Afin de comprendre l’activité de Geostock, il faut expliquer la genèse de notre société.

En 1956, la crise du canal de Suez a entraîné des grosses perturbations dans la logistique pétrolière. En effet, les flux pétroliers ne passant plus par le canal de Suez, l’Europe s’est vue perturbée dans son approvisionnement en produits pétroliers. Le gouvernement français a demandé aux quatre pétroliers de l’époque de développer en France des réserves stratégiques d’hydrocarbures afin de pouvoir faire face, en cas de crise, à des perturbations dans la logistique pétrolière.

En 1965, ces quatre pétroliers ont créé Geostock afin de développer des stockages stratégiques souterrains d’hydrocarbures en France. L’activité de Geostock a débuté en créant un premier site correspondant à 25 % des réserves stratégiques d’hydrocarbures.

Progressivement, on a étendu cette activité à l’étranger dans une cinquantaine de pays. Geostock déploie désormais à la fois des stockages souterrains stratégiques (utiles en cas de crise) et des stockages souterrains non stratégiques, à caractère commercial. Nous ne sommes pas propriétaires de ces stockages mais nous faisons l’ingénierie, nous supervisons la construction et nous exploitons ces stockages pour le compte de nos clients. Nous jouons donc un rôle de délégué du maître d’ouvrage. L’accompagnement de nos clients se fait à chaque étape du processus.

Nous sommes sur un marché de niche. Quatre ou cinq sociétés ont la même activité que Geostock dans le monde mais notre entreprise est leader dans son métier.

  • GPO Magazine : Dans le contexte de la transition énergétique, quels sont les défis auxquels vous devez faire face ? Quelles solutions proposez-vous ?

Pascal BAYLOCQ : C’est la loi de transition énergétique pour la croissance verte (LTECV) du 17 août 2015 qui pose les grands principes et définit les objectifs de la transition énergétique en France. Au niveau européen, l’objectif principal du Green Deal est d’atteindre la neutralité carbone en 2050. Aujourd’hui, on stocke des hydrocarbures sous terre car les énergies fossiles représentent 80 % du « mix énergétique » actuel et l’électricité 20 % et ce, à l’échelle mondiale.

En 2050, cette tendance va s’inverser : on est en train d’électrifier le monde (l’électricité représentera 70 % de la demande finale en énergie contre 10 % pour les énergies fossiles et 15 % pour l’hydrogène).

On est dans cette transition énergétique et Geostock veut, bien entendu, être un acteur de cette transition énergétique. À l’heure actuelle, on stocke de l’énergie sous terre, des hydrocarbures (produits bruts, raffinés, butane, propane, gaz naturel…) et demain on stockera des énergies décarbonées (hydrogène vert, air comprimé, biocarburants…). Il s’agit juste d’une conversion de produits auxquels nous devons nous adapter.

Cela fait 5 ans que nous travaillons sur ces énergies décarbonnés avec de grands industriels. Demain, le stockage d’énergies sera probablement encore plus important qu’aujourd’hui. En effet, les énergies renouvelables (solaire et éolien) sont des énergies intermittentes. Et il va bien falloir compenser cette intermittence par du stockage (massif) d’énergie.

  • GPO Magazine : Quelles sont les valeurs d’entreprise auxquelles vous êtes attaché ? Est-ce que la valeur cardinale est la sécurité ?

Pascal BAYLOCQ : Au-delà de la sécurité, il y a la santé et l’environnement. L’HSE (Health Safety Environment) est la première de nos priorités. Nous avons une politique de zéro accident, zéro pollution et nous avons des procédures très strictes. Nous consacrons un budget important à la formation de nos collaborateurs. La sécurité est pour nous un prérequis car à défaut, la pérennité de Geostock est en jeu.

Ensuite, la deuxième de nos valeurs est la confiance : la confiance dans nos actionnaires, dans notre personnel, dans nos clients, dans nos fournisseurs, dans nos partenaires, dans l’administration avec qui nous travaillons. On ne peut rien faire de durable sans la confiance. L’intégrité et la transparence sont également des valeurs fortes chez nous. Enfin, l’excellence, le professionnalisme et la performance sont aussi des valeurs importantes de Geostock.

Par ailleurs, plus de 30 % de femmes travaillent chez Geostock, sachant que dans nos métiers, ce chiffre est habituellement inférieur. Et nous avons l’ambition d’accélérer et d’augmenter l’égalité hommes-femmes au sein de notre entreprise. Nous travaillons également avec des collaborateurs étrangers, dans nos filiales et à Paris. Nous favorisons cette diversité, qui augmente l’efficacité et la performance d’une entreprise.

  • GPO Magazine : La gestion des risques est inhérente à votre activité : est-ce que Geostock est tenue par une méthodologie d’analyse complète ?

Pascal BAYLOCQ : À toutes les étapes du développement d’un projet, depuis les études préliminaires jusqu’à l’exploitation et même jusqu’à la fermeture des stockages, il y a des analyses de risques et la mise en place de mesures de mitigation et de surveillance afin de réduire les risques au minimum.

On commence par faire une étude de préfaisabilité dans laquelle il va y avoir une estimation de tous les risques (géologiques…). Ensuite, on va passer à une étude de faisabilité avec la réalisation de forages afin de mieux connaître le sous-sol. On va ensuite faire une ingénierie plus détaillée (analyse des risques, mesures de mitigation) afin de réduire les risques. De la même façon, dans la phase de construction et en phase d’exploitation, il y a tout un système mis en place pour le monitoring et la surveillance des installations afin de pouvoir détecter des problèmes éventuels sur des stockages.

Si l’on compare un stockage souterrain à un stockage aérien, en termes de sécurité, de sûreté et d’environnement, on est beaucoup mieux placé (empreinte au sol et impact visuel très importants pour un stockage aérien ainsi qu’une plus grande vulnérabilité à la sismicité et aux éventuels actes de malveillance). Lors du séisme de Fukushima par exemple, les installations de stockages souterrains (à plus de 50 mètres de profondeur) n’ont pas été impactées car elles ne sont pas sensibles à la sismicité.

  • GPO Magazine : Comment voyez-vous l’avenir de Geostock d’ici quelques années ?

Pascal BAYLOCQ : L’avenir est assez prometteur : il va y avoir une croissance forte des énergies décarbonées qu’il va falloir stocker. On est dans cette perspective-là.

Tous les États aident à accélérer cette transition énergétique : il y a des subventions colossales. L’État français va mettre 7 milliards d’euros sur la table pour l’hydrogène, l’État allemand, 9 milliards. Geostock est dans cette transition énergétique, on a des solutions qui existent sur lesquelles on a travaillé depuis plusieurs années. C’est l’ouverture d’une nouvelle ère, même si la technologie reste la même, on aura des solutions pour de nouveaux produits.

Nous ne renions en aucune façon notre passé (stockage des hydrocarbures) mais nous sommes fiers de prendre ce virage. Et d’être un acteur de cette transition énergétique en donnant accès à ces énergies décarbonées.


Chiffres clés en 2020

50 pays
CA 2020 : 100 millions d’euros
500 collaborateurs dans le groupe
Présent en France, en Allemagne, aux États-Unis, au Mexique, à Abu Dhabi, et à Singapour.

Lu 4708 fois Dernière modification le mercredi, 13 octobre 2021 13:11
Linda Ducret

Linda Ducret a une double formation : littéraire (hypokhâgne, licence de philosophie) et juridique (maîtrise de droit des affaires, DESS de Contrats Internationaux). En 1987, elle devient avocate et crée son cabinet en 1990. Elle exerce pendant 15 ans dans différents domaines du droit (droit des affaires, droit pénal, droit de la famille…).

Depuis 2005, elle est journaliste avec comme terrains de prédilections : les dossiers stratégie du dirigeant, propriété intellectuelle, nouvelles technologies, Incentive...Mais également les visions et les portraits d’entrepreneurs.

Écrire est l’une de ses passions. En 2009, elle publie un roman policier Taxi sous influence, finaliste du Prix du Premier roman en ligne.

Elle a publié un recueil de nouvelles : Le Ruban Noir ainsi qu’un polar : L’inconnue du Quai Henri IV.