Au bout d’un an, convaincu que « faire ensemble » est une nécessité pour les entrepreneurs, il rentre en France et créé en 2001, PME Centrale (devenue QANTIS), à Lyon avec quatre patrons de PME et d’ETI.

Depuis 2012, il est membre fondateur du « Club du cerf », groupement de dirigeants qui s’investissent dans des projets de développement de PME et de Start-ups. Conférencier sur l’économie collaborative en France et dans le monde, il est également coauteur de « Ensemble on va plus loin : inspirez-vous de l’économie collaborative pour réussir ». Il développe dans cet ouvrage le concept d’ETI Partenariale (regroupement d’entreprises qui se structurent pour atteindre un objectif commun, tout en conservant leur indépendance). 

De la théorie à la pratique, il n’y a qu’un pas… Créé, il y a plus de 20 ans, l’entreprise PME Centrale s’est développée autour des valeurs de l’économie collaborative et de la co-construction de solutions. Aujourd’hui, QANTIS (ex PME Centrale) a grandi et fédère 30000 entreprises qui adhèrent, s’impliquent et coconstruisent ensemble.

La période inédite de la crise du Covid, a mis en lumière la nécessité de travailler différemment, et de façon encore plus collaborative qu’avant. Gageons que QANTIS a encore de beaux jours devant elle…
 

• GPO Magazine : QANTIS a été créé en 2001, comment avez-vous été amené à créer cette entreprise ? 

Gaëtan de Sainte Marie : À Sydney, lors de mon VIE chez Péchiney (leader mondial de l’aluminium à l’époque), j’ai pris conscience que les PME pouvaient s’inspirer des grands groupes en mutualisant leurs forces, afin d’être plus performantes ensemble.

En 1999, j’ai donc créé une première entreprise, en Australie, de mutualisation des moyens informatiques pour les PME. À cette date, que ce soit en Australie ou en France, les PME avaient encore leurs serveurs dans leurs locaux avec leurs fichiers et logiciels. Il fallait les convaincre de mettre leurs données à l’extérieur : c’est ce que l’on appelle le Cloud aujourd’hui. Cependant, en 1999, les esprits n’étaient pas prêts et nous avons dû fermer l’entreprise en 2000 avec mes associés australiens.

En 2001, je suis donc rentré en France persuadé que mutualiser les moyens des PME était un sujet d’avenir. J’ai alors rencontré quatre patrons de PME et d’ETI en Rhône-Alpes qui se posaient des questions sur leurs achats. Nous avons créé PME Centrale devenue depuis QANTIS. 
 

• GPO Magazine : Quelques mots de présentation sur QANTIS ? 

Gaëtan de Sainte Marie : Au départ, nous avons mutualisé les achats non-stratégiques (achats de voiture, de fournitures de bureau, de quincaillerie, d’outillage, de vêtements de travail…). Les PME et ETI ne peuvent pas consacrer assez de temps sur ces achats et n’ont bien sûr pas les mêmes volumes que les grands groupes, d’où une capacité de négociation moindre. 

Partant de ce constat, il nous a paru intéressant de nous regrouper pour créer une centrale d’achats de PME. Au fil des années, en travaillant ensemble, nous avons fait naître d’autres formes de collaboration entre PME et ETI.

Aujourd’hui, nous accompagnons des entreprises qui souhaitent créer un groupement de vente, une université d’entreprise destinée à former des collaborateurs, un consortium pour partir à l’international ensemble, etc… Il y a une multitude d’aspects qui peuvent justifier que des PME se regroupent. Le concept est celui que j’ai appelé « l’ETI partenariale ». En effet, à partir du moment où les PME arrivent à se regrouper et à travailler ensemble dans une alliance, elles vont créer une ETI.

Aujourd’hui, 30000 entreprises sont adhérentes de QANTIS en France, de toutes tailles et dans tous les secteurs d’activité.
 

• GPO Magazine : Comment se déroule l’accompagnement des PME adhérentes ? 

Gaëtan de Sainte Marie : Au préalable, il convient de souligner que notre développement a pu se faire grâce au bouche-à-oreille de nos entreprises adhérentes et que le taux de renouvellement d’adhésion est de 99 % ! À partir du moment où une PME devient adhérente de QANTIS, nous allons étudier avec elle les différents aspects qu’elle va pouvoir mutualiser chez nous, puis l’accompagner et la conseiller afin qu’elle puisse bénéficier du maximum d’accords possibles et ainsi gagner en productivité.
 

• GPO Magazine : « Il y a plus d’idées dans deux têtes que dans une » : est-ce que la mutualisation permet d’accroître la performance des entreprises ? 

Gaëtan de Sainte Marie : Mutualiser pour mieux performer : c’est tout le sens de notre engagement vis-à-vis de nos PME adhérentes. À titre d’exemple, mutualiser ses achats permet à nos adhérents de faire 27 % d’économie en moyenne. Grâce à la mutualisation, les PME peuvent également conquérir de nouveaux marchés ou utiliser certains outils digitaux.

Pour donner un autre exemple, vous savez qu’à l’heure actuelle, il est difficile pour une entreprise de recruter. Les entreprises doivent travailler leur marque employeur pour faire venir des collaborateurs. Cette attractivité peut être travaillée ensemble entre entreprises du même secteur, du même type d’activité, ou du même bassin d’emploi.

J’ai constaté une vraie transformation chez le dirigeant de PME : avant, il devait souvent savoir tout faire et avoir réponse à tout. Aujourd’hui, nous savons que nous sommes plus forts, grâce à notre capacité à nous regrouper, à créer et animer des liens entre nous. 

• GPO Magazine : Quelles sont les valeurs de QANTIS ? 

Gaëtan de Sainte Marie : Notre système est basé sur la confiance. Et il faut créer les conditions de cette confiance, l’alimenter au quotidien aussi bien avec nos adhérents qu’avec nos fournisseurs partenaires, ainsi qu’avec les membres de notre équipe.

Un exemple de notre vision du collaboratif : chez QANTIS les négociations sont menées pour la plupart par des commissions d’acheteurs, eux-mêmes issus de nos adhérents. Notre métier est de faire travailler ces acheteurs ensemble, et ainsi ils agissent pour le compte des 30000 PME qui font parties de QANTIS aujourd’hui.

Nous revendiquons aussi notre simplicité et notre authenticité : « être sérieux, sans se prendre au sérieux ». 

• GPO Magazine : Comment prenez-vous en compte la RSE ? 

Gaëtan de Sainte Marie : Nous menons de nombreuses actions sur ce sujet. Par exemple, nous avons inclus dans nos appels d’offres un référentiel RSE, développé en collaboration avec nos adhérents. Cela permet de valider que nos partenaires sont en adéquation avec ce référentiel et également pour nos adhérents d’utiliser ce référentiel avec leurs fournisseurs d’achats stratégiques.
 

• GPO Magazine : Comment voyez-vous l’avenir de QANTIS dans quelques années ? 

Gaëtan de Sainte Marie : Désormais, le sujet du collaboratif et de la mutualisation est bien perçu par les dirigeants. Nous allons donc proposer à nos adhérents un éventail plus large de services. Par exemple, en 2022, nous lançons QANTIS Mobilité afin de leur permettre de mieux gérer leur parc automobile, nous allons proposer à notre écosystème d’adhérents et fournisseurs partenaires des outils digitaux plus performants, comme les Chatbots, etc.

Dans les prochaines années, nous avons aussi des projets pour poursuivre notre développement à l’international.