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Franck Duriez, Président de Blancheporte : un entrepreneur inspirant

Franck Duriez, Président de Blancheporte : un entrepreneur inspirant

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Après une formation ICAM (Institut catholique d’arts et métiers), Franck Duriez devient ingénieur. Il complète ensuite sa formation par un MBA. En 1999, il prend la direction des 3 Suisses Chine, puis en 2005, celle de Saint-Brice 3 Suisses en Belgique, plateforme du groupe pour le marché Benelux, jusque fin 2008. En 2009, il devient Directeur général de Blancheporte.

En 2015, les 3 Suisses International s’apprête à se séparer de Blancheporte et Franck Duriez se lance dans la reprise avec son comité de direction. C’est ainsi qu’il va racheter son employeur et sauver 180 emplois. Au mois d’avril 2016, il devient Président de Blancheporte. En 2021, Franck Duriez reçoit le prix EY pour l’Entrepreneur de l’année pour la région Hauts-de-France ainsi que le prix spécial du jury national.

GPO Magazine : Pouvez-vous nous présenter Blancheporte ?

Franck Duriez : Il s’agit d’une entreprise bicentenaire puisqu’elle a été créée en 1806 à Tourcoing. Au départ, Blancheporte était une entreprise industrielle du textile dans le linge de maison. Au fil du temps, Blancheporte a connu plusieurs mutations. Elle est devenue une entreprise de vente par correspondance. Plus récemment, Blancheporte est entrée de plain-pied dans l’ère du e-commerce, classée dans le top 10 des e-commerçants français en mode et maison. Nous vendons principalement du prêt à porter (45 % de notre chiffre d’affaires), de la lingerie (15 %) et du linge de maison (40 %).

Nous avons plus de 2 millions de clientes et notre cible est la femme quinqua. Notre activité est principalement réalisée en France (85 % du chiffre d’affaires) Nous sommes aussi présents en Belgique et à l’export (15 % du chiffre d’affaires).

Blancheporte est une entreprise qui a longtemps été familiale. Puis, elle a fait partie du groupe 3 Suisses International. Nous l’avons reprise en 2016 avec mes trois associés : Corinne Devroux, Directrice Associée Achats & Collections, Caroline Lemaire, Directrice Associée RH et Environnement de travail et Salvatore Spatafora, Directeur Associé Marketing Multicanal et Clients.

Blancheporte compte aujourd’hui 225 collaborateurs que nous associons très fortement dans notre démarche de vision. Avec eux, dès 2016, nous avons mené tout un travail de retournement de l’entreprise (à la fois sur les collections, l’organisation de l’entreprise, en misant sur l’alliance du digital et du print) car l’entreprise était fortement déficitaire depuis 10 ans.

GPO Magazine : Comment votre activité a-t-elle évolué ces dernières années, sous l’impulsion notamment du digital et de l’intelligence artificielle ?

Franck Duriez : Depuis sa création, Blancheporte a déjà changé trois fois de métier (industrie textile, vente à distance et e-commerce). Ces dernières années ont été marquées par notre transformation digitale, initiée dès 2005. Elle franchit un cap aujourd’hui, avec le lancement de notre nouveau site intégralement drivé par l’IA et la Data, un atout essentiel dans notre métier.

Cette mutation a demandé des changements radicaux. Nous avons transformé en profondeur l’entreprise (externalisation de toutes les fonctions support comme la logistique, la relation client, la compta, les systèmes d’information) et nous nous sommes ainsi recentrés sur notre cœur de métier allant de la création de nos produits à l’animation de nos collections, notamment grâce à la data et au digital.

Ce travail, nous l’avons mené avec nos équipes dont les métiers ont changé et avec les nouveaux talents que nous avons recrutés. Nous avons par exemple fait évoluer le rôle de notre catalogue : de support de vente à générateur de trafic vers notre site. Nous avons fortement investi sur ces outils, en particulier sur notre plateforme digitale (finalisation, en avril 2022, d’une nouvelle plateforme construite avec Salesforce). Elle propose désormais des parcours de visite personnalisés pour chaque cliente.

En parallèle, nous avons innové sur d’autres sujets autour du digital et de l’IA comme pour le catalogue intelligent que nous avons testé en 2020 auprès de 50 000 clientes. Personnalisé à partir des datas recueillies sur elles, il proposait à chacune un exemplaire unique ajusté à son style, ses préférences de motifs, de couleurs...

Nous utilisons également des logiciels intelligents (conception 3D sur des avatars) pour la conception de nos produits, 95 % de nos collections étant créées en interne, dans notre bureau de style à Tourcoing.

GPO Magazine : Quel est le rôle de la Fondation Blancheporte ?

Franck Duriez : La Fondation s’inscrit dans notre politique RSE qui repose sur trois axes. Le premier porte sur notre responsabilité sociale. Après avoir préservé l’emploi des 185 collaborateurs de l’entreprise lors du rachat, nous avons étoffé nos équipes et veillons à leur développement. Le deuxième axe concerne notre responsabilité environnementale. Dans ce registre nous agissons sur l’éco-conception de nos produits, la suppression du plastique ou encore la réduction des émissions carbone liées à nos transports. Le troisième axe est sociétal.

La Fondation que nous venons de créer répond à notre responsabilité en la matière. Elle est dotée de 500 000 euros sur 5 ans. En écho à notre mission – permettre aux femmes de se sentir belles et bien et d’agir pour un monde plus harmonieux – elle soutient des projets solidaires portés par des femmes qui veulent, à leur échelle, changer le monde.

GPO Magazine : Quels sont les leviers de croissance de Blancheporte ?

Franck Duriez : Nous venons de finaliser une première étape, celle du retournement. Après des années difficiles, Blancheporte a renoué avec la croissance dès l’année de son rachat en 2016, elle est redevenue rentable l’année suivante et s’est profondément transformée.

Nous abordons aujourd’hui une nouvelle étape, celle d’un développement que nous voulons responsable. Dans cette optique, nous avons accueilli deux nouveaux actionnaires en juillet dernier. Ils vont nous accompagner pour actionner de nouveaux leviers de croissance comme l’activation d’autres canaux de distribution à l’exception du retail, des acquisitions ou des partenariats stratégiques pour élargir notre offre par exemple dans la petite déco.

Nous étudions aussi une présence renforcée à l’international car nos collections suscitent un véritable intérêt au-delà de nos pays historiques la France et la Belgique, notamment en Europe de l’Est et du Sud.

GPO Magazine : Comment voyez-vous l’avenir de Blancheporte dans quelques années ?

Franck Duriez : La période actuelle est pleine d’incertitudes mais nous avons quelques convictions. D’abord, celle de rester une entreprise à taille humaine car nous voulons conserver notre agilité, continuer à pouvoir innover à notre échelle, et faire en sorte que chacun de nos collaborateurs trouve sa place dans l’entreprise et y soit épanoui.

Ensuite, nous souhaitons être plus présents à l’international (en Europe).

Enfin, nous voulons avancer de façon résolue vers une mode plus vertueuse et plus exemplaire, ce qui n’est pas simple. Nous avons, par exemple, créé des collections de produits Upcyclés, réalisés à partir d’invendus. Nous sommes aussi devenus actionnaires d’Atelier Agile, un atelier de production, implanté à Roubaix, qui fonctionne sur le principe de la mode à la demande.

Notre transformation vers un modèle plus responsable sera notre troisième révolution : c’est passionnant et nos équipes sont très engagées sur ces sujets.

Associes Blancheporte


Chiffres clés 2021 de Blancheporte :
  • 204 millions de CA (+ 12,5 %)
  • 2 millions de clientes
  • 2 millions de visiteurs uniques par mois, dont 65 % des consultations s’effectuant d’ailleurs sur mobile et tablette
  • 4 millions de commandes
  • Nombre de collaborateurs : 225 salariés
  • Pays : France (85 % du CA), Belgique et export (15 % du CA)
Lu 6123 fois Dernière modification le mardi, 15 novembre 2022 08:45
Linda Ducret

Linda Ducret a une double formation : littéraire (hypokhâgne, licence de philosophie) et juridique (maîtrise de droit des affaires, DESS de Contrats Internationaux). En 1987, elle devient avocate et crée son cabinet en 1990. Elle exerce pendant 15 ans dans différents domaines du droit (droit des affaires, droit pénal, droit de la famille…).

Depuis 2005, elle est journaliste avec comme terrains de prédilections : les dossiers stratégie du dirigeant, propriété intellectuelle, nouvelles technologies, Incentive...Mais également les visions et les portraits d’entrepreneurs.

Écrire est l’une de ses passions. En 2009, elle publie un roman policier Taxi sous influence, finaliste du Prix du Premier roman en ligne.

Elle a publié un recueil de nouvelles : Le Ruban Noir ainsi qu’un polar : L’inconnue du Quai Henri IV.