Imprimer cette page
Emeric Thibierge : Un entrepreneur avant-gardiste créateur de papiers Koto

Emeric Thibierge : Un entrepreneur avant-gardiste créateur de papiers

Évaluer cet élément
(4 Votes)

« Là où se trouve une volonté, il existe un chemin », avait coutume de dire Winston Churchill. Cette volonté d’entreprendre, Emeric Thibierge l’a eu très tôt grâce à sa passion pour le papier en tant que produit de luxe. Il a d’abord lancé Thibierge & Comar, puis Thibierge Paris. C’est ainsi qu’il a inventé son métier de Créateur de papiers et a su relever les défis en gardant un pied dans la tradition et l’autre dans le monde contemporain avec le Carnet Thibierge. Un produit entièrement made in France, avec un papier 100 % fibres de lin, récoltées en Normandie. Il fallait y penser…

Autre défi relevé, celui du développement à l’export en choisissant la difficulté avec le marché le plus difficile à pénétrer : le marché japonais. La progression en dehors de nos frontières doit se poursuivre dans les prochaines années avec le développement de son produit dans toute l’Europe, à Taïwan, en Corée du Sud et aux États-Unis. La preuve que le papier a encore de beaux jours devant lui à la condition sine qua non d’être un produit de luxe.

GPO Magazine : Comment devient-on à 25 ans Créateur de papiers ?
Emeric Thibierge : Après avoir fait mes classes à l’EBS, le groupe Arjomari (papetier) m’a recruté comme responsable marketing. À l’époque, j’ai très vite ressenti que le papier était un terrain d’expression et que l’on devait pouvoir créer des papiers de toutes pièces afin de compenser leur manque de diversité. Je me suis donc amusé à faire un Benchmark avec le tissu, qui avait une variété extraordinaire, que l’on ne retrouvait pas dans le papier. J’ai découvert alors qu’il y avait une lacune à combler puisque le métier de Créateur de tissus existait alors même que le métier de Créateur de papiers n’avait pas encore été inventé. Je suis d’abord devenu éditeur de papiers et ensuite j’ai voulu créer mes propres papiers.

GPO Magazine : Pouvez-vous nous présenter vos 2 entreprises : Thibierge & Comar et Thibierge Paris ?
Emeric Thibierge : Je suis à la fois le fondateur et le directeur artistique de ces deux entreprises. Thibierge & Comar a été créé en 1992 et représente la partie BtoB de mon activité. Il s’agit de la création de papiers utilisés principalement par les marques de luxe pour leur communication (studios de création, agences de communication…) afin de faire des dossiers de presse, catalogues, ou invitations de prestige.
Thibierge Paris est une activité majoritairement BtoC. L’idée était de créer la première marque d’accessoires de papeterie de luxe française. Comme nous nous adressons au grand public, la vente se fait dans les grands magasins et les boutiques d’écriture de luxe.

GPO Magazine : Comment vous est venu cette idée de faire coexister l’écrit et le digital dans le Carnet Thibierge ?
Emeric Thibierge : Il y a eu la conjonction de deux facteurs : la conception du carnet et ensuite le digital s’est imposé comme une évidence. En effet, l’idée est venue d’un manque à combler car d’une part, je ne pouvais pas transférer mes croquis à mes collaborateurs et d’autre part, mes notes et mes croquis s’effaçaient avec le temps. Il m’est donc apparu beaucoup plus tard que l’on devait pouvoir sauvegarder ces pages sur un plan numérique. On a donc développé cette application qui permet de conserver et d’archiver des notes et des croquis. Cela est d’ailleurs extrêmement précieux en cas de perte ou de vol de ces notes, une mésaventure qui m’est arrivé.

GPO Magazine : En tant qu’entrepreneur, quels sont les défis que vous avez eu le plus de difficultés à relever ? Votre levée de fonds de 2 millions d’euros ? Le développement à l’export ?
Emeric Thibierge : La plus grande difficulté a d’abord été le développement du produit lui-même. Il faut dire que c’est un processus assez long qui est le fruit de la gestion de problématiques complexes (faire rentrer 200 pages dans un volume de 6,5 millimètres, avoir un objet très mobile, compact, relativement fin et intégrant toutes les fonctionnalités). Notre équipe, constituée des meilleurs spécialistes et talents dans ce domaine, a mis des années avant de réussir à résoudre tout cela.
Sur le plan financier, il y a eu plusieurs levées de fonds aboutissant à la somme de 2 millions d’euros. Réunir les fonds n’est pas tant la difficulté, mais c’est plutôt le système qui n’est pas adéquat, puisque l’on doit expliquer son projet en un pitch de 3 minutes à des Business Angels. Or, à mon sens, ce qui fait la valeur d’un projet c’est l’homme et il me semble présomptueux de vouloir juger des qualités d’un homme en quelques minutes. Finalement, j’ai eu la chance de rencontrer une personne connaissant bien le secteur du luxe qui avait une approche diamétralement opposée aux Business Angels. C’est ainsi que cette personne a estimé que nous avions la même vision de l’entreprise et que j’étais en mesure de concrétiser cette vision. Et les levées de fonds aboutissant à la somme de 2 millions d’euros ont suivi.
Concernant le développement à l’export pour Thibierge Paris, on a choisi le marché le plus difficile à pénétrer au monde à savoir le marché japonais. En effet, les japonais sont les spécialistes du papier et de la calligraphie. On a démarré simultanément à Paris et à Tokyo. Aujourd’hui, nous déployons notre présence à la fois en Europe (Bénélux et Pays-Bas) depuis la fin du mois de novembre 2017 et au premier semestre 2018, nous nous étendrons en Suisse ainsi qu’en Allemagne, Italie, Angleterre, Espagne. En parallèle, nous allons nous développer en Asie (Corée du Sud et Taïwan) et poursuivre l’accélération du développement au Japon.

GPO Magazine : Comment voyez-vous l’évolution de vos 2 entreprises, en particulier Thibierge Paris dans 5 ans ?
Emeric Thibierge : Nous travaillons sur une nouvelle gamme de papiers pour Thibierge & Comar. À la fin de l’année 2018, nous allons lancer des couleurs de papier extraordinaires. Concernant Thibierge Paris, notre programme à l’export est assez soutenu pour l’année 2018. À la fin de l’année 2019, nous envisageons d’attaquer le marché américain qui est le plus gros marché mondial des produits de luxe. Et nous y sommes d’ores et déjà sollicités par les grands magasins. Sur le plan du produit, nous développerons à l’avenir des carnets avec de nouveaux coloris et toute collection de papiers et accessoires.

Lu 7548 fois Dernière modification le jeudi, 15 mars 2018 09:55
Linda Ducret

Linda Ducret a une double formation : littéraire (hypokhâgne, licence de philosophie) et juridique (maîtrise de droit des affaires, DESS de Contrats Internationaux). En 1987, elle devient avocate et crée son cabinet en 1990. Elle exerce pendant 15 ans dans différents domaines du droit (droit des affaires, droit pénal, droit de la famille…).

Depuis 2005, elle est journaliste avec comme terrains de prédilections : les dossiers stratégie du dirigeant, propriété intellectuelle, nouvelles technologies, Incentive...Mais également les visions et les portraits d’entrepreneurs.

Écrire est l’une de ses passions. En 2009, elle publie un roman policier Taxi sous influence, finaliste du Prix du Premier roman en ligne.

Elle a publié un recueil de nouvelles : Le Ruban Noir ainsi qu’un polar : L’inconnue du Quai Henri IV.