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David Soulard, Meubles Gautier : Un entrepreneur garant des valeurs

David Soulard, Meubles Gautier : Un entrepreneur garant des valeurs

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Rien ne prédestinait David Soulard à devenir Directeur Général des meubles Gautier. En effet, après une formation d’ingénieur agricole (École Supérieure d’Agriculture), il débute sa carrière chez Sodebo où il évolue en tant que Responsable des achats jusqu’en 2000. Mais lorsque l’entreprise Gautier subit des difficultés, les quatre enfants décident avec leur père, Dominique Soulard, de relever le défi de trouver 150 millions d’euros pour reprendre l’entreprise. Une nouvelle vie commence pour David Soulard qui entre d’abord chez Gautier comme chef de projet logistique pour devenir ensuite responsable de la supply chain et enfin en 2010 prendre la Direction Générale de l’entreprise familiale.

Le virus de l’entreprenariat le gagne avec le désir de perpétuer le savoir-faire historique de l’entreprise et d’être garant des valeurs véhiculées par l’entreprise depuis sa création à savoir, le made in France et la durabilité des meubles Gautier. Un savoir-faire français qui s’exporte, y compris dans les pays émergents et qui séduit nombre de consommateurs à l’étranger.

GPO Magazine : Dans quelles conditions, êtes-vous entré dans l’entreprise familiale Gautier ?
David Soulard : Je suis rentré chez Gautier dans des circonstances assez exceptionnelles. En effet, cette entreprise familiale a eu plusieurs vies qui va de la création de l’entreprise par mon oncle Patrice et son épouse Annick Soulard en 1960, son apogée dans les années 1980 jusqu’à ce que le second choc pétrolier se transforme en baisse de la consommation. L’entreprise n’étant pas structurée pour traverser cette crise, elle dépose son bilan deux fois, en 1983 et en 1985. La deuxième vie de Gautier débute en 1985 avec son rachat par l’entreprise Séribo (Société de réalisations et d’études pour les industriels du bois) qui maintient mon père Dominique à la direction et investit pour industrialiser l’activité et développer l’entreprise. Mon père s’oppose aux nouveaux actionnaires qui cessent d’investir tout en exigeant des dividendes exorbitants et le 7 septembre 1999, il est débarqué de son poste de directeur général. C’est alors que les 800 salariés de Gautier se mettent en grève générale pour demander la réintégration de leur patron. Mon père retrouve son poste mais il faut trouver 150 millions d’euros pour reprendre l’entreprise. Grâce à trois LBO successifs, nous relançons le développement de l’entreprise. La nouvelle vie de Gautier commence à cette époque et mon père s’entoure de ses quatre enfants pour piloter l’entreprise.

GPO Magazine : Quelles sont les différentes étapes de votre parcours professionnel qui vous ont aidé à devenir entrepreneur ?
David Soulard : À la base, je suis ingénieur agricole et je ne connaissais donc pas le monde de l’entreprise. À la suite de cette formation, je suis entrée en 1994 chez Sodebo, en qualité de Directeur des Achats. Mis à part ma sœur Valérie qui venait juste d’intégrer Gautier, mes deux frères et moi menions des carrières en dehors de l’entreprise. Cependant, l’univers du meuble était notre ADN puisque nous y étions baignés depuis notre plus jeune âge. À un moment donné, nous avons souhaité rejoindre l’entreprise familiale. En 2000, je suis entré comme chef de projets logistiques en charge de la mise en place d’un ERP. Grâce à ce poste, j’ai pu connaître tous les process de l’entreprise. J’ai ensuite été responsable de la supply chain et enfin, j’ai pris la Direction Générale à la suite de mon père en 2010.

GPO Magazine : Au-delà du Made in France, quelles sont les valeurs que vous mettez en avant en tant qu’industriel du meuble ?
David Soulard : Tout d’abord, depuis la création de notre entreprise en 1960, nous concevons et fabriquons des meubles dont la production est assurée en France sur nos sites implantés en Vendée. En outre, la durabilité de nos meubles est le cœur de notre ADN. Ces meubles sont faits pour résister à l’épreuve du temps et ils ont une garantie de 10 ans. Les Français veulent avant toute chose consommer moins mais mieux. Enfin, nous privilégions une démarche éco-responsable : nous nous efforçons depuis plusieurs années de réduire au maximum les effets sur la nature de la création des produits à travers une démarche globale d’éco-conception.

GPO Magazine : Pourquoi avoir mis l’innovation au centre de votre process ?
David Soulard :
L’innovation intervient au sein d’un laboratoire interne de six designers qui ont chacun leur propre regard sur le monde, leur expertise et leur sensibilité. Chacun peut poster dans une boîte à idées un projet créatif qui pourra porter ses fruits et être opérationnel. Cette innovation se coconstruit avec tous les salariés de Gautier et toutes les idées sont les bienvenues. Par exemple, il aura fallu quelques mois seulement pour commercialiser une gamme de meubles en cuir, cousus main à partir de l’idée d’une salariée.

GPO Magazine : Quelle est votre stratégie à l’export ? Est-ce que Gautier privilégie toujours le développement vers les pays émergents ?
David Soulard :
Nos meubles sont vendus sur les quatre continents et après avoir surmonté plusieurs crises, Gautier est toujours dans une dynamique à l’export. Notre entreprise a su s’imposer à l’international mais nous sommes vigilants : avant de nous installer dans un pays, nous étudions la cible et le contexte géopolitique. Par exemple, ni les États-Unis ni le Japon ne correspondent à notre cible car la taille de nos meubles ne correspond pas au standard des meubles américains et s’agissant des Japonais, ceux-ci dorment sur des futons. Depuis que les Britanniques ont voté en juin dernier pour une sortie de l’Union européenne, nous sommes réticents à nous développer au Royaume-Uni. Mais nous reconsidérerons peut-être la situation.



Lu 17946 fois Dernière modification le lundi, 17 décembre 2018 10:06
Linda Ducret

Linda Ducret a une double formation : littéraire (hypokhâgne, licence de philosophie) et juridique (maîtrise de droit des affaires, DESS de Contrats Internationaux). En 1987, elle devient avocate et crée son cabinet en 1990. Elle exerce pendant 15 ans dans différents domaines du droit (droit des affaires, droit pénal, droit de la famille…).

Depuis 2005, elle est journaliste avec comme terrains de prédilections : les dossiers stratégie du dirigeant, propriété intellectuelle, nouvelles technologies, Incentive...Mais également les visions et les portraits d’entrepreneurs.

Écrire est l’une de ses passions. En 2009, elle publie un roman policier Taxi sous influence, finaliste du Prix du Premier roman en ligne.

Elle a publié un recueil de nouvelles : Le Ruban Noir ainsi qu’un polar : L’inconnue du Quai Henri IV.