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Bertrand Vergne, Directeur Général d’Octopus Robots : Covid-19, un entrepreneur dans l'action

Bertrand Vergne, Directeur Général d’Octopus Robots : Covid-19, un entrepreneur dans l'action

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Après une formation d’ingénieur agronome à l’ENSAR de Rennes, Bertrand Vergne a complété cette formation par un Master Management de l’innovation Technologique et Biotechnologie à Neoma Business School et Paris Agro Tech.En juin 2001, il commence sa carrière chez Nodal Consultants, société spécialisée dans le Marketing de l’innovation et la stratégie d’entreprise. Puis, en juin 2005, il sera chargé d’affaires financement de l’innovation chez Oseo (BPI maintenant). Il sensibilise les entreprises, et en particulier les PME, aux enjeux de l’innovation, les accompagne dans la définition, la sécurisation et le financement de leurs projets d’innovation.

En 2006, il prend la direction de Neotek durant 3 ans. En 2009, il rejoint HOCER en tant que Directeur Générale Adjoint. En 2014, il est engagé en qualité de Directeur du développement d’Aqualabo et enfin en 2016, Président de SAS VIE. Son intérêt évolue donc vers la direction d’entreprise et en janvier 2020, Bertrand Vergne prend la direction générale d’Octopus Robots. Aujourd’hui, en pleine crise du Coronavirus, les commandes de robots de désinfection affluent du monde entier. Et cette PME choletaise connaît un vif regain d’intérêt au point de prévoir un marché de plusieurs dizaines de millions d’euros d’ici deux ou trois ans.

GPO Magazine : Est-ce que l’on peut dire que les débuts de la Société Octopus Robots ont été difficiles ? D’après vous, pour quelles raisons ?
Bertrand VERGNE : Lorsque nous avons sorti notre robot de décontamination en 2014, il n’a pas rencontré son marché. La préparation à la lutte contre les pandémies n’était pas d’actualité.

Nous avons donc dû nous orienter vers un nouveau marché. Un virage à 90° a alors été effectué en 2016-2017 et nous nous sommes dirigés vers le milieu de la poultry avec un robot spécifique d’aviculture pour l’amélioration sanitaire et le bien-être animal. Grâce à nos robots, nous participons à améliorer le bien-être animal donc la productivité et il y a une répercussion sur les marges des entreprises.

Cependant l’aviculture est un milieu difficile, les développements technologiques sont coûteux et longs.

GPO Magazine : Est-ce que vous vous attendiez à ce que Octopus Robots connaisse un rebondissement spectaculaire avec votre robot de décontamination BIOSAFETY ?
Bertrand VERGNE : Oui je m’y attendais car le robot de désinfection est à l’origine même du projet OCTOPUS ROBOTS. Le fondateur d’Octopus Robots, Olivier Somville, a lancé ce projet notamment sur une déclaration de Bill Gates qui avait mis en garde le monde sur les risques de pandémie. C’est ainsi qu’il a lancé un programme innovant d’un robot en cas de bioterrorisme et de pandémie et ce, avec le soutien financier de la BPI.

Cependant, c’est seulement en 2020, soit 6 ans après son démarrage que le projet initial a trouvé tout son sens.

Au mois de février dernier, nous avons rapidement eu la visite d’une délégation Chinoise à Cholet. En effet, il n’y avait pas encore de robots de désinfection en Chine : on nettoyait tout à la javel dans l’urgence. Cependant, les Chinois ont une extraordinaire capacité d’adaptation et ils ont compris l’intérêt des robots.

Nos premiers robots Biosafety ont rapidement été testés dans des supermarchés en France. Très vite, de plus en plus d’entreprises, de tous secteurs vont nous réclamer ces robots de désinfection afin de faire face à cette crise sanitaire majeure sans précédent. Désormais, la demande est mondiale. Nous essayons de raccourcir au maximum les délais de livraison afin de répondre à cette demande.

La désinfection est un sujet complexe. Aussi, nous travaillons en partenariat avec nos clients pour définir la meilleure approche.

GPO Magazine : Quels sont les changements auxquels les entreprises doivent faire face depuis la crise du Coronavirus ?
Bertrand VERGNE : La situation sanitaire liée au Coronavirus a été d’une violence incroyable. Elle a et va continuer à entraîner des bouleversements sur le plan économique et l’organisation du travail. Les PME sont touchées mais également des sociétés plus importantes qui doivent intégrer dans leurs postes des coûts supplémentaires liés à la désinfection de leurs sites et locaux dans un contexte économique défavorable.

Bien entendu, cela dégrade fortement leurs marges.

Il faut donc réorganiser l’entreprise en tenant compte de ce nouveau paramètre, ce qui est loin d’être évident.

L’enjeu pour les entreprises est de retrouver l’activité d’avant. Le dirigeant a la responsabilité de la sécurité de ses salariés et de ses clients. Il faut aussi se préparer à la prochaine pandémie. Plusieurs entreprises nous ont informé qu’elles ne pourraient pas résister économiquement à une nouvelle pandémie. Il faut donc être prêt !

La crise liée au Covid-19 a été aussi un élément déclencheur. Elle a fait évoluer les pratiques et va certainement intégrer la désinfection comme pratique courante, notamment pour lutter contre les épidémies déjà connues (grippe saisonnière, gastro…).

Par ailleurs, lors du confinement, les entreprises ont été amenées dans la mesure du possible à étendre le télétravail à tout leur personnel et le digital a prévalu. Et cela a fonctionné ce qui est un point positif.

GPO Magazine : Est-ce que depuis l’afflux de demandes de robots, Octopus Robots, qui était une petite PME, a été obligée de changer de Business Model ?
Bertrand VERGNE : Nous sommes une petite PME de 11 salariés avec des capacités financières assez limitées. Nous avions donc deux solutions : soit pratiquer un développement endogène avec une croissance potentiellement explosive mais non maîtrisée. Et cela peut être dangereux sur un marché de crise car personne n’est capable de prévoir l’avenir et les prévisions de chiffre d’affaires sont aléatoires. Soit multiplier les partenariats en France et à l’étranger qui intègrent notre technologie, ce qui va entraîner une croissance soutenue mais bien maîtrisée.

Aussi, nous avons retenu cette seconde solution moins risquée.

À titre d’exemple, le marché de l’aéronautique a connu une croissance explosive, les sous- traitants ont fait beaucoup d’investissements. Tout s’est écroulé à cause de cette crise du jour au lendemain et les entreprises sont en grave difficulté. Nous ne voulons pas de cela.

En ce qui concerne nos deux pôles d’activité, celui de la santé humaine marche bien sûr très bien mais celui de l’aviculture est difficile car principalement à l’export. Cette activité est donc en standby et certains salariés chez nous sont à l’arrêt. En revanche, nous avons embauché de nouveaux salariés afin d’intégrer l’équipe existante de Biosafety.

GPO Magazine : Quels sont les défis dans les prochaines années que votre entreprise va devoir relever ?
Bertrand VERGNE : Dans la mesure où nous poursuivrons notre croissance, nous allons devoir faire face aux besoins de structuration de notre activité : commerce, production, etc.

Nous souhaitons travailler avec des partenaires de proximité, limiter la dépendance au grand export et améliorer notre réactivité.

Nous devons, comme la plupart d’entre nous, intégrer le télétravail comme alternative au présentiel.

Enfin, le recrutement de nouveaux talents reste ma principale préoccupation pour sans cesse être en mesure de proposer des solutions innovantes.

Lu 18093 fois Dernière modification le lundi, 15 juin 2020 09:08
Linda Ducret

Linda Ducret a une double formation : littéraire (hypokhâgne, licence de philosophie) et juridique (maîtrise de droit des affaires, DESS de Contrats Internationaux). En 1987, elle devient avocate et crée son cabinet en 1990. Elle exerce pendant 15 ans dans différents domaines du droit (droit des affaires, droit pénal, droit de la famille…).

Depuis 2005, elle est journaliste avec comme terrains de prédilections : les dossiers stratégie du dirigeant, propriété intellectuelle, nouvelles technologies, Incentive...Mais également les visions et les portraits d’entrepreneurs.

Écrire est l’une de ses passions. En 2009, elle publie un roman policier Taxi sous influence, finaliste du Prix du Premier roman en ligne.

Elle a publié un recueil de nouvelles : Le Ruban Noir ainsi qu’un polar : L’inconnue du Quai Henri IV.