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Les entreprises se penchent sur la sécurité des voyageurs d’affaires

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Alors que la législation en matière de sécurité des collaborateurs ne cesse de se renforcer, les entreprises sont amenées à se pencher de plus en plus sur les garanties et assurances auxquelles elles souscrivent. Leur objectif : répondre à leurs obligations légales mais aussi anticiper et éviter toutes prises de risques inutiles à leurs collaborateurs et qui pourraient s’avérer coûteuses pour elles.

En matière de droit du travail, la responsabilité de l’employeur relative à la santé et à la sécurité de son collaborateur est engagée dès lors que ce dernier quitte son domicile et ce, jusqu’à son retour. « Dans le cadre d’un déplacement professionnel, cette obligation s’exporte à l’étranger et s’intensifie, explique Joël Gosset, directeur général assistance Paris et Genève, International SOS. En effet, si en France les infrastructures médicales et les garanties en termes de sécurité sont très bonnes, ce n’est pas le cas de toutes les zones géographiques où les voyageurs d’affaires sont amenés à se déplacer. Certains pays ne présentent pas le niveau de qualité médicale et les conditions de sécurité de la France. Dans ces pays, l’entreprise expose alors potentiellement ses collaborateurs à des situations de risques accrus. Parallèlement, elle les emmène au-delà de leurs conditions de travail en France et sa responsabilité s’étend donc de la sphère de la vie professionnelle à celle de la vie privée ». Ainsi, bien que l’employeur dispose souvent d’une garantie au titre de sa responsabilité civile, il peut néanmoins aussi être mis en cause s’il ne prend pas les mesures d’information et de sécurisation de ses collaborateurs en déplacement.

 


Différentes natures de risques
Les risques encourus par les collaborateurs qui se déplacent dans le cadre de leur travail sont de différentes natures. « Le premier niveau de risque est commun à tous les déplacements et ne portent pas trop à conséquence pour les collaborateurs et leur entreprise, explique Annick Kerckove, chargée de clientèle et de développement au sein de la direction des services aux entreprises de Verspieren. Il s’agit de risques tels que les annulations ou retard de vol, les pertes ou vols des effets personnels, etc. ». Les événements externes dont le collaborateur et les personnes qui l’accompagnent peuvent être victimes représentent le second niveau de risque, dit « sécuritaire ». « Ce risque sécuritaire englobe également tous les évènements politiques, tels que le printemps Arabe, les révolutions, les attentats, etc. ou les catastrophes naturelles comme les tsunamis ou autres nuages de cendre, précise à ce sujet Joël Gosset. Suivant les destinations, le voyageur d’affaires peut également être confronté à des risques sanitaires. « Certains pays sont en effet plus exposés que d’autres aux maladies infectieuses, à l’insalubrité, aux difficultés d’accès à des médicaments ou encore à un manque de structure et de personnel médical de qualité », poursuit Annick Kerckove.

Anticiper les risques
Face à ces risques, les solutions en découlent naturellement et en premier lieu des obligations de l’employeur. « L’employeur a pour première obligation de s’informer, d’informer et de former ses collaborateurs sur les risques qu’ils encourent durant leur déplacement, explique Chantal Serabian, responsable des assurances collectives au sein d’April International Expat. Les employeurs brûlent encore trop souvent cette étape ou n’informent pas assez leurs collaborateurs sur les différents risques auxquels ils s’exposent pendant leur mission. Or, il est important de les préparer et de les sensibiliser sur les us et coutumes du pays ainsi que sur les pratiques à proscrire ou à adopter de manière à éviter autant que possible toute prise de risques ». Différents sites Internet et notamment celui du Ministère des Affaires Etrangères délivrent des informations sur les risques pays. Des prestataires privés et en particulier les assureurs, courtiers mais aussi sociétés de conseils proposent également ces informations sur leur site. Certains prestataires vont plus loin dans leurs démarches en mettant à la disposition des entreprises de véritables « score de risques » par pays. Les formations ont de leur côté pour vocation de sensibiliser les voyageurs sur les risques qu’ils encourent, sur l’environnement sanitaire et sécuritaire dans lesquels ils vont se trouver et sur les différents moyens à leur disposition pour anticiper ces risques et les gérer lorsqu’ils se matérialisent et ce, selon le pays. « Que ce soit pour l’information ou la formation, il est important que l’employeur prenne en compte la situation du collaborateur et l’accompagne dans les préparatifs de son déplacement et jusqu’à son retour, en fonction de ses habitudes de voyage et de sa destination, précise Chantal Serabian. Cela lui permet ensuite de mieux appréhender les risques et de cibler les actions à mettre en place ».

Parallèlement, l’employeur doit également s’assurer qu’il dispose des bonnes garanties pour couvrir les risques auxquels s’exposent leurs collaborateurs en déplacement. « La première démarche à mener pour l’employeur consiste à faire un diagnostic de ses contrats d’assurance, avec l’aide de son courtier en assurances, puis à mettre en place les garanties les mieux adaptées à ses besoins », précise Annick Kerckove. Parmi les principales couvertures à déployer, l’entreprise doit surtout souscrire à une garantie assistance proposée par des compagnies d’assurances telles qu’Europe Assistance, Axa Assistance, Mondial Assistance, April, etc. Selon leurs spécificités métiers, ces sociétés couvrent l’assistance médicale et sécuritaire et proposent, en qualité d’assureurs, des garanties couvrant les besoins médicaux, le rapatriement sanitaire, mais aussi les accidents corporels entraînant incapacité, invalidé ou décès. Certaines sociétés, comme International SOS se sont, pour leur part, spécialisées dans l’assistance uniquement.

« La société d’assistance, de son côté, doit alors être en mesure d’accompagner l’entreprise et son collaborateur en déplacement dès lors que le risque se matérialise, poursuit Joël Gosset. Il faut par exemple lui donner accès aux meilleures infrastructures médicales locales, l’évacuer rapidement en cas de risques politiques avérés, etc. ». Certaines entreprises travaillent avec des pays sensibles, voire à risques, tels que la Syrie, l’Iran, l’Irak, l’Afghanistan ou encore le Nigéria. « Or, pour ces pays, l’employeur n’a pas qu’un devoir d’information ou de sécurisation face à un risque sanitaire, indique Chantal Serabian. Il a également le devoir de garantir l’intégrité physique et psychologique de son collaborateur et donc, de prendre les mesures et garanties qui s’imposent ». Il est à ce sujet nécessaire que les entreprises soient particulièrement vigilantes quant aux exclusions territoriales de leurs contrats santé et prévoyance. C’est d’ailleurs une des raisons pour lesquelles l’entreprise doit se pencher sur les garanties dont elle dispose auprès de son ou ses assureurs et les mettre en adéquation avec ses besoins.

Anne DEL POZO

 

Assurance et assistance : qui gère dans l’entreprise ?

Alors que dans les grands groupes, la mise en place d’une politique voyage cohérente se fait généralement en concertation entre la direction juridique, la direction des ressources humaines, la direction de la sûreté et l’assureur, dans les PME, elle se fait généralement sous l’impulsion de la direction générale. « Toute la difficulté dans une PME consistera notamment à convaincre son directeur général de l’intérêt de ces services au-delà des garanties d’assurance, malgré leur coût financier, explique Béatrice Ogée, directeur général France International SOS. Si à ce jour, les PME commencent juste à se pencher sur la question, nous constatons cependant une réelle prise de conscience sur le sujet ».

 



Lu 4914 fois Dernière modification le vendredi, 10 juillet 2015 08:23
Anne Del Pozo

Elle collabore depuis près de 20 ans à différents magazines en qualité de journaliste.

Elle y traite de sujets articulés essentiellement autour de la finance, des flottes automobiles, du voyage et du tourisme d'affaires ou encore des ressources humaines. Anne del Pozo participe également à la rédaction de nombreux témoignages clients et de newsletters d'entreprise.