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Les bonnes pratiques pour la sobriété numérique

Les bonnes pratiques pour la sobriété numérique

RSE Écrit par  lundi, 13 décembre 2021 19:49 Taille de police Réduire la taille de la police Augmenter la taille de police
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L’empreinte environnementale du numérique ne peut plus être ignorée. En accroissement constant, elle peut être réduite en travaillant sur l’écoconception des ordinateurs, Smartphones, capteurs pour l’IoT, Datacenters, en modifiant les usages et en recyclant le matériel informatique.

Charly DelsolLa transformation numérique, indispensable pour les entreprises de toutes tailles pour saisir de nouvelles opportunités, fait émerger des défis environnementaux inédits et conséquents. L’impact du numérique est issu d’une longue chaîne qui part de l’extraction des métaux rares jusqu’à la mise au rebut du matériel en passant par l’utilisation des logiciels, des réseaux et des Datacenters fortement sollicités par le Cloud.

Ainsi un rapport du Think Tank The Shift Project de 2019 révélait que le numérique est responsable de 4 % des émissions de gaz à effet de serre (GES), et 10 % de la consommation mondiale d’électricité sont dus à l’écosystème numérique, soit plus que l’aviation civile qui génère entre 2,7 et 4,9 % des émissions de GES. Avec une augmentation annuelle de la consommation énergétique de 9 %, le numérique pourrait atteindre 8 % du total d’ici 2025, soit la part actuelle des émissions des voitures.

« En effet, le streaming vidéo, représente à lui seul 60 % des flux de données sur Internet. Côté entreprise, l’employé de bureau reçoit en moyenne 121 mails par jour, avec une empreinte carbone jusqu’à 50 grammes pour un mail comprenant une pièce jointe », précisait Charly Delsol, fondateur et président de Sages Informatique dans une tribune de mai 2021.

Encore faut-il préciser qu’il s’agit de chiffres collectés avant la crise sanitaire de la Covid.

Thomas GauthierLes points de vigilance

En France, moins d’un tiers du plastique est récupéré puis remis dans le circuit commercial. Le reste est soit incinéré, soit enfoui.

Thomas Gauthier, Managing Partner d’Altyor, société qui conçoit et fabrique des objets connectés, tels la Freebox, précise : « Notre plan « Design For Tomorrow » tend vers la recyclabilité des produits et utilise le plus possible d’éléments valorisés. Selon notre analyse, la fabrication est majoritairement le point le plus impactant. Nous récupérons les produits en fin de vie, pour les recycler et les réinjecter dans de nouveaux usages. 67 % de la matière utilisée est constituée de plastique recyclé. Après broyage dans les silos, le plastique est homogénéisé et les granulés obtenus sont quasi identiques à la matière vierge pour fabriquer de nouveaux produits ».

Les Datacenters constituent un point important de vigilance, principalement pour la consommation d’électricité des serveurs et leur refroidissement.

Les solutions pour diminuer l’empreinte écologique

Le recyclage du matériel informatique, ordinateurs, Smartphones et tablettes est, en partie, une réponse pour améliorer le bilan carbone des entreprises. Flavie DelmeuleLa start-up Save Market leur rachète leur infrastructure numérique obsolète, et revend la plupart des équipements, reconditionnés, sur des plateformes de e-commerce ou en direct.

Flavie Delmeule, Customer Success Manager de Save Market, explique : « Nous achetons le matériel au tarif déterminé par notre algorithme de calcul qui tient compte des prix du marché, des brokers (courtiers) et autres sites de revente. Les grands groupes lancent des appels d’offres. Nous leur fournissons des certificats de destruction des données et l’équivalent de CO2 évité pour leur bilan RSE. 97 % du matériel récupéré est reconditionné et mis à jour, les 3 % restants sont des déchets non valorisables que nous envoyons à notre prestataire en France qui fond les métaux et les revend ».

Parmi les clients de Save Market, figurent le club de football Les Girondins de Bordeaux ou le site immobilier Meilleurs agents. L’équivalent de gaz carbonique évité par le recyclage du matériel dépend de chaque équipement. Ainsi, un ordinateur de bureau correspond à 170 kg de CO2, un ordinateur portable à 120 kg, un Smartphone de 45 à 70 kg.

Amael Parreaux-Ey, CEO de Resilio, constate : « On change trop régulièrement d’ordinateur portable ou de Smartphone. Alors qu’ils ont 4 à 5 ans de durabilité, on les remplace au bout de 2 à 3 ans. La revente du matériel à un prestataire pour leur donner une seconde vie est la solution la plus efficace pour les entreprises. Au niveau des services et logiciels, il faut aller au-delà de l’optimisation du code, et écoconcevoir les services ».

Une pléthore de labels et de normes

Côté gouvernement, la loi anti-gaspillage pour une économie circulaire (AGEC) de février 2020 est censée, entre autres, favoriser la réutilisation des équipements. Un fond d’aide de 300 millions d’euros a été annoncé pour financer les innovations responsables en articulation avec la mission FrenchTech et le réseau d’incubateurs GreenTech.

Amael Parreaux Ey CEO de ResilioLes régions et les chambres de commerce et d’industrie (CCI) s’engagent également dans l’accompagnement aux entreprises pour intégrer les principes de l’écoconception dans le développement de leurs produits et services numériques.

Pour l’heure, les obligations légales concernant la Responsabilité sociale et environnementale (RSE) ne concernent que les entreprises cotées en bourse au dessus de 10 M€ de CA et de plus de 500 personnes. Elles doivent produire un rapport extrafinancier sur les aspects social, environnemental et les engagements en faveur du développement durable.

Parmi les nombreuses normes, l’ISO 14062 qualifie la prise en compte de l’environnement dans les activités de conception et de développement d’un produit. Le label NR (Numérique Responsable) est une démarche d’amélioration continue qui vise à réduire l’empreinte écologique, économique et sociale des technologies de l’information et de la communication.

Les entreprises qui font le pas vers une meilleure gouvernance environnementale bénéficient d’avantages concurrentiels significatifs et renforcent leur attractivité. C’est un défi exigeant à relever parmi beaucoup d’autres, dont la transformation numérique.

Pourquoi le Cloud français peut être un bon choix

Selon Charly Delsol, fondateur et président de Sages Informatique, la transition énergétique nationale a comme objectif de porter la part des énergies renouvelables à au moins 30 % en France d’ici 2030 (Loi sur la transition énergétique).

Dans le cas de la dématérialisation des documents dans le Cloud par exemple, il existe des hébergeurs français, disposant de Datacenters à l’énergie hydro-électronique.

Faire appel au bon prestataire en termes de sécurité et de gestion d’énergie (il existe des certifications liées à la sobriété énergétique des Datacenters comme la certification ISO 50001), cela veut aussi dire réduire le nombre de serveurs au sein de son entreprise et mutualiser les ressources dans le Cloud.

Lu 5849 fois Dernière modification le jeudi, 23 juin 2022 13:12
Serge Escalé

Journaliste indépendant spécialisé IT depuis 1995
Le Monde informatique, Le Figaro, Les Echos, Itespresso, Le MagIT, Silicon.fr, GPO Magazine