Plus troublant, on compte parmi les sociétés incriminées nombre d’entreprises vantant par ailleurs leurs engagements sociétaux, dont notre champion national du gaz, Engie. Devons-nous en conclure que la RSE n’est qu’un artifice de communication ?

Pourquoi la RSE n’est pas un artifice de communication
En premier lieu, parce que nombre d’entreprises engagées dans la RSE sont exemplaires. En second lieu, parce que la situation est plus complexe qu’il n’y paraît.

La démarche RSE repose, en effet, sur plusieurs piliers mais nous n’en retiendrons que certains pour illustrer notre réflexion :

– Le respect du principe de légalité : il ne semble pas remis en cause dans le cadre de l’optimisation fiscale… tous les acteurs révélés affirmant haut et fort avoir respecté les textes fiscaux avec l’aide de leurs conseils. C’est même le but de l’exercice ; échapper à l’impôt en respectant l’arsenal législatif et réglementaire.

- La loyauté des pratiques : cette notion renvoie à celle « normes internationales de comportement ». Vaste débat. Faut-il faire quelque chose au motif que c’est la « norme » et que d’autres le font ? On peut raisonnablement en douter dans le cadre d’une démarche RSE.

- Un comportement éthique et le respect de l’intérêt général : c’est là que le bât blesse. De toute évidence les entreprises et les personnes qui ont bénéficié de ses optimisations fiscales ne pouvaient ignorer que ces pratiques étaient discutables sur le plan de l’éthique. Pourquoi sinon s’abriter derrière des montages juridiques alambiqués et opaques rendant la révélation de la vérité impossible sans fuite de documents ? Et surtout nul n’ignore que se soustraire à l’impôt, c’est ne pas participer à l’effort collectif qui permet aux états de financer les infrastructures, l’éducation, la santé… on renverra sur ce sujet à l’excellent film de l’association Oxfam.

Il est donc important de rappeler qu’en matière d’engagement RSE, il ne faut pas se contenter d’une démarche partielle et que l’éthique doit bien en être le moteur.

Et cela reste vrai pour une entreprise qui s’engage dans cette démarche pour ses achats ; tout le travail d’éco-conception de ses produits, de sourcing de fournisseurs responsables, de mise en place de relations durables avec ces derniers…doit être, selon nous, soutenu par la prise en compte de la dimension éthique.

Par François PERRIN, Directeur associé Euklead