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Les nouveaux prismes du management qui s'imposent

RSE Écrit par  dimanche, 02 mai 2010 00:00 Taille de police Réduire la taille de la police Augmenter la taille de police
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De l'éco-conduite à l'écco-mobilité

Certains dirigeants doutent-ils encore du bien fondé d'une gestion tenant compte des préceptes du développement durable. Y voient-ils uniquement de nouveaux gisements de coûts sans retours tangibles contribuant à leur profitabilité ? Possible, mais confrontés à l'ampleur planétaire du phénomène, une question s'impose : une entreprise qui n'a pas de politique développement durable a-t-elle véritablement un avenir ?


Une question inquiétante à laquelle nous ne prétendons pas répondre ici. N'ayant pas pour habitude d'asséner quelques vérités ou de souligner de banales évidences, la mission de la rédaction de GPO est constante : faire se poser des questions.
Les sujets du développement durable et de la responsabilité sociétale de l'entreprise sont tellement vastes qu'il existe autant de cas de figures que de solutions ; identifier les enjeux en offrant à nos lecteurs les bases d'une réflexion globale est notre unique ambition.

Une problématique délicate en temps de crise
Autrefois, c'est-à-dire au début des années 90 - hier - les seuls paramètres et variables identifiant la valeur de l'entreprise étaient, en gros, les différents postes de son bilan. A sa valeur nette comptable, on ajoutait également quelques valeurs immatérielles, notamment sa notoriété, son image et la valeur d'avenir de son fond de commerce ; le goodwill comme disent les anglo-saxons.
Aujourd'hui et en quelques années les curseurs de ce goodwill et de la valorisation de l'entreprise ont radicalement évolué : elle doit désormais offrir une facette éthique de ses modes de gestion.

Si les ratios comptables et financiers demeurent premiers, la loi contraint depuis le début des années 2000 les grandes sociétés cotées en bourse à publier un rapport annuel d'informations relatives aux conséquences sociales et environnementales de leurs activités. C'est une véritable révolution suivie de plus ou moins bonne grâce par l'ensemble des grandes entreprises qui ne voyaient pas toujours arriver les premières mesures du Grenelle Environnement avec le sourire. Mais au-delà de cette obligation, les grands industriels (automobiles, chimie, aéronautique, transports, alimentaires, distribution...etc) se sont aussi progressivement aperçus que leur responsabilité sociétale (RSE) avait des vertus et des conséquences positives sur leurs performances globales. Parties avant la crise, les différentes politiques mises en œuvre par les grands industriels sont lancées et bien lancées. 
Il en est tout autrement pour les entreprises de taille moyenne et les petites dont les dirigeants perçoivent plus difficilement l'aspect prioritaire du sujet. Les PME et les TPE doivent éventuellement prendre le train en marche des bonnes pratiques environnementales. Bien entendu, elles doivent respecter les cadres évolutifs de la loi et des différentes réglementations qui les régissent - de plus en plus empreintes par les contraintes écologiques - mais elles n'ont pas réellement de comptes annuels à rendre en matière environnementale. Une petite industrie rejetant des produits polluants dans une rivière doit respecter les normes édictées. Elle sera lourdement pénalisée si elle ne respecte pas ces normes, mais personne ne pourra lui imposer d'en faire plus ; en faire plus pouvant être par exemple, d'initier en interne la mise en œuvre d'éco-gestes à tous les échelons ou encore d'exiger des fournisseurs qu'ils respectent un cahier des charges dans la fabrication de leurs produits.
Dans ces entreprises, si démarche développement durable il y a, c'est parfois une démarche volontaire initiée par les dirigeants, c'est plus souvent de nouveaux comportements dictés par le marché et par la concurrence au plan international.
Il n'en demeure pas moins qu'en temps de crise, la première préoccupation du chef d'entreprise - c'est même son devoir - est assurément de préserver à court terme sa société, de veiller à sa trésorerie et d'éviter si possible les licenciements. C'est rarement d'investir dans une politique volontariste de protection de l'environnement, qui ne lui est d'aucun recours lorsqu'il négocie le montant de découvert autorisé avec son banquier. Comment lui en vouloir ?

Le développement durable, c'est pourtant facile !
La valeur économique de certaines actions issues d'une politique de développement durable est relativement facile à capter sur le très court terme. Tout dirigeant comprend immédiatement que l'optimisation de sa consommation énergétique (chauffage, climatisation, éclairage basse consommation régulé, optimisation des déplacements des collaborateurs et des équipes commerciales terrain, téléconférences...etc) réduit d'autant et directement ses charges d'exploitation. Ce mode de raisonnement - la motivation économique placée avant toute autre - est certes légitime, mais il est surtout essentiel pour comprendre la difficulté de voir rapidement croître la mise en œuvre généralisée de mesures écologiques par un plus grand nombre d'entreprises.
Avant de se lancer dans une politique généralisée de développement durable appliquée de façon transverse à toute l'entreprise - il faut alors veiller à l'acceptation au plan culturel - il est pourtant possible, voire très facile, d'adopter des mesures simples et spectaculaires qui toucheront rapidement la sensibilité de l'ensemble des salariés dans leur quotidien. Instaurer des règles strictes pour les temps d'éclairage des bureaux en hiver, organiser les processus d'impression de documents en centrale, imposer la mise hors tension des ordinateurs et des imprimantes qui ne servent pas, optimiser le traitements des courriers entrants et sortants en favorisant la dématérialisation...etc, autant de micro décisions dont le cumul peut aboutir à des conséquences macro !
Parmi ces conséquences, il en est une de poids qui fait ipso-facto son chemin : l'évolution de la culture de l'entreprise toute entière, avec une demande, voire une attente de plus en fortes de la base.
On débouche alors sur des concepts autrement plus valorisants et porteurs d'avenir : la fierté d'appartenance à son entreprise, la fidélisation de son personnel et les plus-values indicibles de sa plus grande motivation. Comment apprécier à leur juste valeur ces atouts qui offrent à l'entreprise un avenir meilleur ? Difficile de mettre la fidélité ou la motivation en tableau et pourtant !
Si de surcroît le dirigeant est proactif sur de tels sujets, il favorisera et accélérera l'adoption volontaire et spontanée des bonnes pratiques environnementales. Exemple : mettre en place une politique de rémunération et de primes en partie fondée sur l'optimisation des tournées commerciales ou sur le nombre de téléconférences préférées aux déplacements.
En définitive, il convient de voir le développement durable et la RSE, non comme des contraintes, mais bel et bien comme des opportunités offrant à l'entreprise de nouveaux axes de réflexion et de nouvelles perspectives de croissance.

Eco conduite, le paradigme de la RSE
En quelques années, le profil des flottes automobiles d'entreprises a considérablement changé. Nouvelle taxation verte (selon niveau d'émission de CO2) et primes à la casse ou à l'achat de véhicules propres obligent, les responsables de parc ont vite fait leur révolution. Finies les grosses cylindrées flattant l'égo du commercial qui remplit ses objectifs. Désormais, petits moteurs, énergies alternatives, hybrides ou tout électriques si possible en ville, et pour les routières, options tous azimuts : équipements de sécurité, aménagements intérieurs de confort, GPS, installations téléphoniques de série...etc).
La conduite sur la route est l'exemple même d'une application de la RSE réunissant l'utile à l'agréable ou l'efficace au ludique : tous les attributs d'une adhésion naturelle. Conduire de façon économique est bon le compte d'exploitation de l'entreprise, bon pour l'environnement avec la réduction du CO2, bon pour les comptes de la nation, une conduite dite apaisée étant automatiquement facteur de sécurité accrue.
Les organismes qui délivrent des sessions de formation à l'éco-conduite sont légion, mais il est possible d'aller encore plus loin avec l'éco- mobilité. Ce concept est par exemple le cheval de bataille de l'Inserr(1) dont le raisonnement est simple : la meilleure façon de réduire les risques et l'impact carbone est de ne pas se déplacer ; en d'autres termes de se demander si le déplacement par la route est vraiment nécessaire. Cet institut créé à l'origine pour être l'école de la sécurité routière, assure désormais la promotion de tous les autres moyens de transport (vélo, métro, bus ou tram en ville et train pour l'inter- régional ou l'international) et même des moyens de transports virtuels tels que conférences téléphoniques ou visiconférences.

On le constate, développement durable et RSE sont plus faciles à mettre en œuvre qu'on ne le pense souvent, notamment dans les PME et les TPE. Heureusement, de nombreux dirigeants sont finalement comme Monsieur Jourdain qui faisait de la prose sans le savoir : ils font du développement durable de façon relativement inconsciente, sans que cela soit leur objectif premier. Qu'importe, tout cela semble aller dans le bon sens et constituer une généralisation progressive des nouveaux leviers de la performance de l'entreprise. De toutes les entreprises.

1. Institut National de Sécurité Routière et de Recherche


Par Philippe Dermagne

Définition de la RSE*
«La Responsabilité Sociétale des Entreprises est la contribution des entreprises aux enjeux du développement durable. La démarche consiste à prendre en compte les impacts sociaux et environnementaux de l'activité, en vue d'adopter les meilleures pratiques possibles, en contribuant de ce fait à l'amélioration de la société et à la protection de l'environnement. La RSE permet d'associer logique économique, responsabilité sociale et éco-
responsabilité».

* définition relevé sur le site gouvernemental du développement durable

 

Création du Comité National du Développement Durable et du Grenelle de l'Environnement
Ce comité créé le 15 avril 2010, présidé par Jean-Louis Borloo, Ministre d'Etat de l'écologie, de l'énergie, du développement durable et de la mer, est en charge des technologies vertes et des négociations sur le climat, il assure par ailleurs le suivi de la mise en œuvre des engagements du Grenelle Environnement.

 

Bientôt la norme ISO 26000
Le projet de norme internationale ISO 26000, «Lignes directrices relatives à la responsabilité sociétale des organisations», vient d'être approuvé par les deux tiers des pays membres de l'organisation ISO.
Ceci constitue une étape stratégique dans l'élaboration de cette nouvelle norme dont la publication est planifiée à fin 2010. Les objectifs de la norme ISO 26000 sont de :
• Définir le concept de responsabilité sociétale
• Le rendre applicable à tout type d'organisation (entreprises, collectivités territoriales, syndicats, associations…)
Lu 4002 fois Dernière modification le vendredi, 04 septembre 2015 10:50
Philippe Dermagne

En 1980, il crée sa propre société, une agence de publicité dédiée au BtoB, à la communication par l’écrit et à la motivation des forces de ventes. En 1995, il fonde l’une des toute premières agences multimédia française, en mettant en place un développement international en Suède, UK et Brésil. Depuis 2007, il est un journaliste qui présente la particularité d’avoir plus de 30 années d’expérience en tant qu’entrepreneur.
Ses terrains de prédilections : les RH, le développement durable, la gestion de flotte automobile. Son second métier : l’animation de colloques, tribunes et grands séminaires d’entreprise.