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« Écolonomie » : faut-il y croire ?

RSE Écrit par  mardi, 18 novembre 2014 17:33 Taille de police Réduire la taille de la police Augmenter la taille de police
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Décidément, le développement durable nous réserve pour très longtemps encore bien des surprises ! Grenelle Environnement oblige, l’écologie et la protection de l’environnement imposent progressivement leurs diktats. Cela va dans le bon sens pour la protection de la planète mais aussi pour les entreprises qui ont décidé de s’y mettre. L’avènement universel et global de l’idée écologique et environnementale n’est pas pour demain. Le cheminement sera long. Mais il commence toujours, notamment pour les PME et les TPE, par des actions simples et faciles. Nous vous présentons ici quelques exemples qui donnent le ton.
À vous de vous en inspirer.

Alors que la loi Transition énergétique a été adoptée par l’Assemblée Nationale en première lecture le 14 octobre 2014, il faut admettre que nombre de chefs d’entreprise sont encore très éloignés de la préoccupation environnementale. En période de crise, ils voient d’abord et avant tout leur compte d’exploitation. Comment leur en vouloir ? Et pourtant certains montrent la voie à suivre…

 


D’abord qu’est-ce que l’« écolonomie » ?
Il faut rester simple : « c’est l’art de réduire son impact environnemental tout en faisant des économies », telle est la définition mise en avant par Pocheco Canopée Conseil, une société spécialisée sur le sujet et sur laquelle nous reviendrons. Un cas d’école et un coup de cœur de la rédaction.

Des déplacements intelligents
Entreprise créée en 2008 qui développe des services pour optimiser les déplacements professionnels, Ubeeqo offre à ses clients un accès centralisé à tous les modes de transport dispo­nibles dans l’entreprise (véhicules de société, train, taxi, location de voitures, etc.). Spécialiste des mobilités multimodales et collaboratives et de la gestion de flotte, cette société a décidé de mettre en œuvre un éventail d’actions pour limiter l’impact sur l’environnement de ses propres activités. Elle a, par exemple, passé un accord avec Lavéo (lavage sans eau, entre autres, des véhicules) qui est aussi une société de réinsertion et de retour vers l’emploi. Une bonne façon de mettre en œuvre un des fondamentaux de l’économie sociale et solidaire, partie intégrante d’une politique RSE. Autre action concrète, Ubeeqo impose à ses collaborateurs un tri des déchets en les déposant dans des conteneurs installés dans les bureaux. Classique mais efficace pour instiller l’idée environnementale.

Un grand fabricant d’imprimantes, volontaire
Certes, les grandes entreprises ont des obligations réglementaires et législatives plus contraignantes que celles des PME ou TPE. Mais la démarche peut aller au-delà des lois. Brother n’est pas la seule grande société de son secteur, mais ses investissements R&D représentent 6 % du chiffre d’affaires du groupe. C’est évidemment considérable. C’est aussi très utile quand on sait que ces montants sont pour partie consacrés à l’éco-conception des produits, une des exigences de la loi Transition énergétique. Brother met également en place nombre d’actions pour réduire les émissions de CO2 en favorisant, par exemple, les moyens de transport alternatifs (ferroutage, remorque à double plancher, éco-conduite des collaborateurs, etc.).

Une PMI exemplaire et plus encore
Cette société, installée dans le Nord depuis la fin des années 1920, conçoit et fabrique quelques 2 milliards d’enveloppes mécanisables chaque année. Considérant et convaincue qu’il est plus économique de produire écologique que de négliger l’impact sur l’environnement de son activité, Pocheco a su prendre le virage radical de l’écolonomie. Elle met en œuvre une politique particulièrement active de développement durable. Jugez-en : toutes les matières premières sont issues de ressources renouvelables, les colles sont sans solvants, récupération de l’eau de pluie, nouveau bâtiment de stockage HQE avec panneaux solaires et végétalisation sur le toit, rafraîchissement adiabatique des locaux, (un système ingénieux déjà utilisé dans l’Égypte
ancienne), les encres sont à base de pigments naturels, les énergies utilisées dans l’usine sont d’origine renouvelable, pour les transports priorité est donnée au train ou au bateau plutôt qu’à la route, formation et diffusion de la bonne parole écologique en faisant visiter l’usine, etc. ! Autant d’exemples parfaitement déclinables dans toute PME ou TPE qui saurait en tirer un avantage concurrentiel sur son marché, ce qui est le cas de Pocheco.
Mais cette société a tellement poussé sa politique volontariste sur le développement durable que certains de ses propres clients, plutôt intrigués, ont commencé à lui demander des conseils en la matière. Au bout de quelque temps, l’entreprise a décidé d’exploiter commercialement son savoir-faire en créant une agence spécialisée. Cas d’école disions-nous !

Une meilleure gestion de tous les déchets
Jeune start-up à succès du green business (elle se développe aussi par franchise), Greenwishes propose à ses clients entreprises un service de tri sélectif et de recyclage des déchets de bureau, via un process de pesée et de traçabilité innovant. Greenwishes compte déjà parmi ses clients de belles références telles que Microsoft, Solvay, Vallourec, Accenture, etc. Elle vise la France, l’Europe et même le monde avec déjà une implantation à Toronto (Canada). Ses créateurs et dirigeants ont donc tout compris sur la dimension de leur marché.
Un exemple de sa propre politique écologique : ses camions sont décorés entièrement à base de films Megamark, sans chlore ni PVC. C’est simple et applicable par toute entreprise qui exploite des véhicules.
Rappelons que tous les éco-organismes sont aptes à délivrer des conseils pour la collecte des déchets et leur insertion dans les filières de recyclage. Récylum, par exemple, est l’éco-organisme des équipements électriques (DEEE). Toute en­treprise peut appeler un éco-organisme pour lui demander conseil (Eco-Emballages, Screlec, Cyclamed, Aliapur, etc.).
Ces quelques exemples démontrent que l’« écolonomie » n’est pas un concept flou mais bel et bien une réalité que toute entreprise peut reprendre à son compte. Oui, il faut y croire !
La valeur économique de l’« écolonomie » n’a plus à être démontrée. Comment refuser l’évidence qu’économiser de l’énergie est ipso facto bon pour le compte d’exploitation ? Comment nier que la protection de la planète ne soit pas devenue un impératif… finalement concurrentiel pour l’entreprise qui sait mettre en valeur sa politique environnementale ?
Terminons par cette vue positive sur ce qui arrive à notre société et sur ce qui nous attend, par Jean-Michel Verges, spécialiste et auteur promoteur du site « ecolonomie.info » : « Vive la crise car elle va peut-être faire comprendre que quelque chose se passe, que quelque chose est passé, que quelque chose fait partie du passé et que nous voulons avoir un nouvel avenir ».

Philippe DERMAGNE

 

 

Questions à Élodie Bia, directrice de Pocheco Canopée Conseil

GPO Magazine : Comment est née cette idée de créer votre propre agence conseil ?
> Toute la politique développement durable et RSE de l’entreprise était conçue par notre bureau d’étude interne. Un jour, nous avons eu l’idée d’en faire une activité à part entière.

GPO Magazine : Quels sont vos domaines de compétences ?
> La gestion de l’eau, des déchets, de l’énergie, la conception des bâtiments, la biodiversité, la gestion des déplacements des produits et du personnel.

GPO Magazine : Les PME ou TPE ont-elles intérêt à investir dans le développement durable et l’écolonomie ?
> Nous en sommes la preuve concrète. Bien qu’elles n’y soient aucunement contraintes par la loi (outre leurs
obligations réglementaires propres à leur secteur d’activité), toute PME peut y investir. Et il n’est pas nécessaire de voir grand au début. Il faut commencer petit pour mettre le pied à l’étrier, un simple bilan carbone par exemple.

GPO Magazine : La loi Transition énergétique va-t-elle accélérer les choses ?
> Avec le Grenelle Environnement et cette loi, on se rend compte qu’il y a de plus en plus de sujets qui touchent les entreprises et qui sont ou deviendront obligatoires. Autant anticiper.

 



La loi Transition énergétique en 5 points principaux

• Baisser la part du nucléaire : de 75 à 50 % d’ici 2025
• Baisser la consommation énergétique : -50 % d’ici 2050
• Interdiction des sacs en plastique jetables
• Travaux de rénovation des bâtiments
• Favoriser l'automobile électrique, le recyclage des déchets, la lutte contre l’obsolescence programmée des produits.



À savoir

Depuis 2014, les entreprises françaises cotées sur un marché réglementé et celles de plus de 500 salariés et 100 M€ de total bilan ou de chiffre d’affaires, ont une obligation de publication de leurs données sociétales, économiques et environnementales, le tout réuni  dans un rapport RSE. Pour les entreprises de plus de 250 salariés, un Plan de déplacement sera bientôt obligatoire.
Lu 11114 fois Dernière modification le jeudi, 22 février 2018 13:56
Philippe Dermagne

En 1980, il crée sa propre société, une agence de publicité dédiée au BtoB, à la communication par l’écrit et à la motivation des forces de ventes. En 1995, il fonde l’une des toute premières agences multimédia française, en mettant en place un développement international en Suède, UK et Brésil. Depuis 2007, il est un journaliste qui présente la particularité d’avoir plus de 30 années d’expérience en tant qu’entrepreneur.
Ses terrains de prédilections : les RH, le développement durable, la gestion de flotte automobile. Son second métier : l’animation de colloques, tribunes et grands séminaires d’entreprise.