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Des achats durables aux achats responsables

RSE Écrit par  mardi, 02 février 2010 00:00 Taille de police Réduire la taille de la police Augmenter la taille de police
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Depuis quelques années maintenant, le développement durable est devenu une préoccupation importante des directions achats. Une priorité que la crise ne semble pas avoir affectée et qui touche aussi bien la stratégie achat des entreprises que leur responsabilité sociale.

L'édition 2009 du «Baromètre Achat Durable» réalisé par HEC et Eco-vadis est sans appel. Les Achats Durables sont, malgré la crise, considérés comme «critiques» ou «importants» par 90 % des dirigeants Achats. Mais au-delà de cette perception, ce baromètre met également en évidence l'accélération de la mise en place des stratégies Achats Durables. 2009 aura ainsi été l'année de l'implémentation opérationnelle de ces démarches, les objectifs étant considérés comme «atteints» ou «en cours de l'être» par 80 % des répondants (contre 50 % seulement en 2007). Les impacts sur l'organisation sont d'ailleurs réels. Ainsi, 37 % des entreprises interrogées dans le cadre de cette étude ont mis en place une Direction Achats Durables. Par ailleurs, la formation approfondie et systématique des acheteurs a été faite dans la moitié des entreprises. Les outils spécifiques aux Achats Durables tendent également à se développer et en particulier ceux relatifs à l'évaluation des fournisseurs et à l'analyse des risques par catégorie d'achats ou par pays. A titre d'exemple, l'éditeur Ivalua a ainsi intégré les aspects relatifs au développement durable dans sa solution Ivalua Buyer. Différents modules de la solution sont concernés. Ainsi, pour l'e-sourcing, les critères de développement durable et leur pondération sont intégrés dans les consultations lors des appels d'offres. Concernant le référentiel fournisseur, il gère pour chaque dossier l'ensemble des informations relatives au développement durable comme les rapports d'audits, les plans d'actions ou les certifications obtenues.



Une démarche environnementale qui prend le pas sur l'aspect financier

Le développement durable étant ainsi devenu une volonté extra-financière, les achats sont donc de plus en plus concernés. Parallèlement, 75 % des entreprises déclarent intégrer le RSE dans les processus d'appels d'offres et 29 % d'entre elles affectent même un poids minimum à ce critère dans l'attribution des marchés. En 2009, l'étude révèle également une analyse plus poussée concernant l'impact environnemental des produits achetés. 35 % ne le font que sur des familles de produits ciblées mais 32 % exigent la référence des écolabels et 16 % réalisent des analyses de cycle de vie systématique. Enfin, 75 % des entreprises utilisent des indicateurs de mesure de performances Achats Durables, bien qu'ils restent encore très orientés vers les processus et les moyens. Principal enseignement de cette étude, les politiques Achats Durables sont donc renforcées par la crise économique. En favorisant l'innovation environnementale, la transparence sur les performances RSE des entreprises, la responsabilité des donneurs d'ordres vis-à-vis des PME et en contribuant à la relance par l'investissement, ces stratégies Achats Durables peuvent même devenir un véritable levier de sortie de crise.

Concilier achat et environnement

Les entreprises et services achats sont ainsi de plus en plus nombreux à mettre en œuvre des politiques de développement durable. Les critères de Responsabilité Sociale et Environnemen-tale (RSE), déclinaison du développement durable dans l'entreprise au sein des services achats, tendent à trouver leur voie dans les stratégies des entreprises et ce, en dépit de la pression sur les coûts exacerbée par le contexte économique actuel. Ainsi, bien que le prix et la qualité demeurent les critères prioritaires des acheteurs, le non respect des règles environnementales est de plus en plus souvent éliminatoire dans les appels d'offres.

Par ailleurs, pour envisager le développement durable, il faut que l'acheteur soit plus regardant à ce que rapporte un achat plutôt qu'à ce qu'il coûte. La recherche d'économie et la maîtrise du risque doivent s'envisager à l'échelle de l'entreprise, avec ce qu'elle compte de collaborateurs, ses clients et tout son écosystème de fournisseurs, sous-traitants et autres partenaires. Dans les PME, la plupart des stratégies d'entreprises relatives aux Achats Durables s'articulent d'abord autour de principes simples mais éco-utiles. Ces principes couvrent aussi bien les achats de produits rechargeables recyclables ou réutilisables que de la mise en place de processus écologiquement responsables. Dans le cadre de ces démarches, certaines entreprises cherchent par exemple à optimiser l'usage de leurs ressources et de leurs énergies (dispositifs d'économie d'eau dans les appareils sanitaires, photocopies recto/verso, éclairage à haut rendement énergétique…). Pour accompagner les entreprises dans leur stratégie d'achats durables, certains organismes sont forces de conseils, d'aides et de soutien technique.

Des achats durables aux achats responsables

Près de 87 % des organisations publiques et 71 % des entreprises privées déclarent avoir mis en place une démarche d'achats responsables, selon une étude réalisée par A2 Consulting et Mazars, en collaboration avec la CDAF (Compa-gnie des Dirigeants et Acheteurs de France) et le SAE (Services des Achats de l'Etat). Cette enquête démontre que si les actions en faveur de l'environnement sont les plus abouties, les donneurs d'ordres sont encore en retard par rapport à la dimension sociétale du développement durable. Ainsi, les problématiques d'insertion sont très peu prises en compte lors des appels d'offres, sauf vis-à-vis des personnes handicapées, probablement en raison de l'impact élevé des mesures réglementaires et fiscales en la matière. Pourtant, achats responsables et performance ne sauraient s'opposer, loin s'en faut. Rappelons à ce sujet que la réglementation en matière de recrutement des personnes en situation de handicap a été renforcée dans le cadre de la Loi de 2005. Et que faire appel au travail protégé reste une excellente opportunité pour l’entreprise de concilier éthique et achat. La compétitivité des marchés verts ou solidaires offre des gains directs tandis que la réduction des taxes Agefiph apporte des gains indirects. Par ailleurs, les entreprises s'inscrivant dans cette démarche peuvent également bénéficier de gains additionnels sur les coûts d'exploitation. En interne, le rapprochement et le partage avec les clients d'une stratégie de développement portée par la «Création de valeurs» renforce la compétitivité de l'entreprise tout en motivant davantage les collaborateurs. En externe, les stratégies de développements durables des fournisseurs restent attractives et sont d'ailleurs de plus en plus plébiscitées. Pour autant, la démarche n'est pas anodine. Elle suppose de mener une véritable conduite du changement et nécessite une révision en profondeur des processus achats, des outils, des modes de mesure de la performance, des façons d'interagir avec les clients et fournisseurs ou encore des compétences techniques et comportementales des acheteurs.

Mobiliser tous les collaborateurs de l'entreprise

Si le développement durable s'est imposé comme une priorité dans de nombreuses organisations, la mise en œuvre d'une politique d'achats durables et responsables reste loin d'être acquise. La direction achats doit au préalable recevoir le soutien de sa direction générale. L'attention portée aux critères liés au développement durable va en effet modifier les habitudes au sein des directions opérationnelles, déjà peu enclines à l'intervention des achats. Cette nouvelle donne peut, toutefois, faciliter la communication. Le succès de ces stratégie reste par ailleurs étroitement dépendant de l'éco-responsabilité des collaborateurs de l'entreprise, d'où l'intérêt de les impliquer et de communiquer sur l'engagement de l'entreprise en matière de développement durable. Pour piloter ces démarches, il est également important de mettre en œuvre des moyens humains adaptés. Il est par exemple fortement recommandé de nommer un interne référent «développement durable» chargé de faire le lien entre les différents intervenants à l'acte d'achat. Un programme de formation et de sensibilisation peut par ailleurs être mené. En effet, la prise en compte de critères sociaux et environnementaux n'est pas naturelle pour toute une génération d'opérationnels, d'autant que les critères de qualité, coûts, délais ne sont pas pour autant à écarter. Dans la pratique, une politique d'achats durables et responsables  peut s'avérer être un formidable accélérateur de maturité achats car elle oblige l'acheteur à raisonner en coût complet - comprenant la valeur faciale de l'achat mais aussi les coûts d'utilisation et de recyclage - plutôt que de se focaliser sur les économies à court terme.

Par Anne Del Pozo

Les objectifs de responsabilité sociale des achats
Objectifs « Solidaires » : pour l’insertion, la commande publique est un levier important avec des effets majeurs
- Le coût d’utilisation des clauses sociales est moins lourd que le coût social de l’exclusion
- Leurs bénéficiaires sont les plus éloignés de l’emploi ou des personnes en situation de handicap.
- Les résultats sont souvent positifs (les entreprises habituées dépassent généralement leurs objectifs)

Objectifs « Ethiques » : pour le respect des conditions de travail correctes, des droits de la personne au travail

Objectifs « Equitables » : pour le respect des producteurs des pays émergents Sources : A2Consluting et Mazars


Les organismes à solliciter
• ADEME : Agence de l’Environnement et de la Maitrise de l’Energie, établissement public  assurant un rôle de conseil dans les domaines de l’énergie, l’air et le bruit, les déchets et les sols et le management environnemental (www.ademe.fr)
• Ministère de l’Ecologie, de l’Energie, du Développement durable et de l’Aménagement du territoire (www.developpement-durable.gouv.fr)
• Ministère de l’Economie, de l’Industrie et de l’Emploi présente sur son site les guides élaborés par les GEM (Groupe d’Etudes de Marchés) dont certains traitent de l’achat éco-responsable. (www.minefi.gouv.fr)
• Les réseaux territoriaux « commande publique et développement durable » qui ont pour ibejct la diffusion d’expériences menées par les collectivités territoriales. (www.achatsresponsables.com)
• Le site ecolabels.fr qui présente les différentes catégories de produits et services certifiés, leurs caractéristiques ainsi que les entreprises qui les proposent.
• L’UNEA (Union Nationale des Entreprises Adaptées), groupement qui rassemble et fédère les entreprises adaptées. (www.unea.fr)


Retrouvez les acteurs «durable» sur le salon SISEG qui aura lieu les 16, 17 et 18 Février 2010 à Paris - Porte de Versailles - Hall 1 www.sisegexpo.com
Lu 7632 fois Dernière modification le vendredi, 10 juillet 2015 09:41
Anne Del Pozo

Elle collabore depuis près de 20 ans à différents magazines en qualité de journaliste.

Elle y traite de sujets articulés essentiellement autour de la finance, des flottes automobiles, du voyage et du tourisme d'affaires ou encore des ressources humaines. Anne del Pozo participe également à la rédaction de nombreux témoignages clients et de newsletters d'entreprise.