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Achat de mobilier et fournitures de bureau : le défi des acheteurs

Achat de mobilier et fournitures de bureau : le défi des acheteurs

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Quand c'est bon pour la planète, c'est bon aussi pour le portefeuille. Acheter en tenant compte de critères environnementaux n'est plus aussi onéreux qu'avant. Mieux même, industriels et distributeurs ont fait des efforts pour innover et réduire les coûts, rendant désormais les achats responsables de plus en plus abordables. Bref, optimiser ses achats bureautiques passe aussi par une pratique éco-responsable.

Selon l'Ademe, « un achat responsable, c'est l'achat d'un produit qui, à service rendu identique et sur l'ensemble de son cycle de vie (fabrication, transport, utilisation, fin de vie), est source de moins d'impacts sur l'environnement et la santé ». Selon le baromètre 2016 des achats responsables, publié en février par l'Observatoire des Achats Responsables et OpinionWay, la pratique continue de progresser au sein des entreprises. Pour 42 % des acheteurs interrogés, les achats responsables sont devenus une priorité. Autre constat, « l'opposition initia­lement perçue entre achats responsables et réduction des coûts a tendance à disparaître ». Dans le détail, ce qui était le principal frein à ce type d'achat recule de 10 points (41 % le citent) pour être devancé désormais par le manque d'indicateurs et de référentiels clairs. Là aussi on progresse : en 2016, la norme ISO 20400 achats responsables devrait voir le jour.
Cela dit, les finalités financières et environ­nementales se conjuguent de plus en plus dans cette démarche. Selon ce même baromètre, le premier objectif, pour 55 % des entreprises, est de réduire leurs consommations, y compris énergétiques. En ce qui concerne les bénéfices espérés, l'amélioration de l'image de l'entreprise arrive en tête (49 % dans les grandes entreprises et 59 % dans les PME).

Maîtriser les consommations
Pour Philippe Orrière, consultant Cosma Experts spécialisé dans les achats de fournitures de bureau et informatique, « les trois grands critères fixés par les entreprises portent sur le prix, la maîtrise des consommations et les achats responsables, notamment pour les entreprises certifiées ou engagées dans une démarche RSE ». D'autres critères peuvent entrer en ligne de compte comme par exemple le secteur d'activité et la taille de l'entreprise, voire la sensibilité du dirigeant aux enjeux environnementaux. « Cela dit, commencer par maîtriser les consommations de fournitures de bureau pour réduire les gaspillages, dans un premier temps dans l'objectif de diminuer les coûts, c'est déjà un pas vers l'achat responsable ». Lorsqu'une entreprise sollicite Philippe Orrière pour optimiser ses achats, la notion environ­nementale est de plus en plus présente, même si elle n'est encore exclusive. « Très régulièrement, on me demande désormais de proposer des alternatives avec des articles éco-responsables », confie-t-il. Ce ne sera pas forcément la solution retenue, mais la progression est spectaculaire dans certaines catégories de produits. « L'achat de papier recyclé est devenu très courant d'autant que la différence de prix s'est considérablement réduite et que la qualité et l'aspect de ces articles éco-recyclés est identique aux papiers classiques », ajoute le spécialiste de Cosma Experts. En ce qui concerne les consommables informatiques, Philippe Orrière observe un regain d'intérêt pour les cartouches d'encre reconditionnées au détriment des compatibles. S'il s'agit bien d'un achat responsable puisque les mêmes cartouches sont réutilisées, la motivation est d'abord fonctionnelle. « Pour ce type d'article, ce sont souvent les DSI qui sont les acheteurs et ils préfèrent utiliser des cartouches d'origine, même reconditionnées, que des compatibles pouvant engendrer des pannes », observe-t-il.

Fonctionnalités d'abord
« Lorsque l'on fait en sorte que l'entreprise n'ait pas à changer ses habitudes et que l'innovation technologique l'aide à s'inscrire dans une démarche d'achats responsables, tout devient plus simple », analyse Pierre-Antoine Monfort, chef de produits business chez Epson France. Le constructeur a décidé de miser sur des imprimantes professionnelles jet d'encre beaucoup moins énergivores que la technologie laser et générant peu de déchets. « L'imprimante n'a pas besoin de chauffer fortement comme c'est le cas pour l'impression laser, ce qui permet de réduire de plus de 60 % la consommation énergétique », explique-t-il. Poussant cette logique encore plus loin, Epson a sorti, voici un an, l'imprimante WorkForce Pro Rips, dotée de cartouches d'encre d'une capacité jamais vue jusqu'ici. « Ces giga-réservoirs permettent l'impression de 75 000 pages, soit de couvrir des besoins pendant 2 à 3 années sans avoir besoin de remplacer les cartouches », poursuit Pierre-Antoine Monfort. Pendant ce temps, l'imprimante ne va générer aucun déchet et il n'y aura pas besoin de se faire livrer des dizaines de toners à remplacer comme dans une solution laser. Dans ce cas, l'innovation technologique facilite le passage vers des achats responsables, notamment dans les grandes entreprises où les acheteurs sont plus sensibilisés, mais aussi dans les petites structures où l'avantage fonctionnel combiné au bénéfice environnemental est un argument important.

Le rôle moteur du fournisseur
Les fabricants, comme d'ailleurs les fournisseurs, jouent un rôle moteur pour faciliter le passage vers des achats responsables. « L'offre de produits, dans le cadre des achats responsables, n'a cessé de progresser chez Bruneau, aussi bien dans notre catalogue que sur le site Internet. Nous demandons à nos fournisseurs de mettre à disposition des produits répondant à ces attentes », rappelle Raoul Santos, responsable fidélisation Pme-Pmi chez Bruneau.  
L’offre, initialement centrée autour des papiers recyclés, se développe aujourd’hui vers d’autres catégories de produits, toujours plus nombreuses. « Par exemple, dans la catégorie des produits d'entretien, nous avons intégré la marque l'Arbre Vert, bénéficiant par ailleurs du label officiel Ecolabel », précise Jérôme Benquet, responsable qualité et environnement chez Bruneau. En fait, d'une manière ou d'une autre, la plupart des gammes de produits tentent de proposer une alternative éco-responsable… Autre exemple dans le rayon écriture, le stylo Pilot Begreen est conçu pour 89 % à partir de bouteilles plastiques recyclées.
Chez Bruneau, c’est une approche de la chaîne de valeur et du cycle de vie produit qui se sont progressivement mis en place. Certifié ISO 14001 depuis 2005, Bruneau ne se limite pas à la vent de tels produits mais prend en compte également leur transport et le traitement de fin de vie. « Les tournées de livraison chez les clients sont optimisées, nos chauffeurs livreurs sont formés à l'éco-conduite… Bruneau met également en place des partenariats avec des éco-organismes pour faciliter la collecte et le recyclage des déchets chez nos clients. Valdelia pour les déchets d’éléments d’ameublement, Eco-Systèmes pour les DEEE, Recylum pour les lampes et ampoules »…précise Jérôme Benquet. Containers
« Même si le prix reste aujourd’hui, surtout en période de crise, la principale motivation d'achat, la part des produits éco-responsables continue de progresser, d'autant que de plus en plus d'entreprises s'engagent aujourd'hui dans des certifications environnementales », note Raoul Santos.
Les démarches de développement durable au sein des entreprises trouvent désormais leur fenêtre d'expression sur tous les terrains, y compris sur celui des fournitures de bureau.


Le public montre la voie
Depuis le 1er août 2006, le Code des Marchés Publics intègre explicitement le développement durable, alors que depuis 2004 déjà, ce même code autorisait l'intégration de critères environnementaux dans les procédures d'achat. D'ailleurs, les collectivités et administrations expriment, dans les consultations et appels d'offres, leur volonté de réaliser des achats responsables pour les fournitures de bureau.


Papiers recyclés : des progrès à faire
En 2014, plus de 500 000 tonnes de papiers bureautiques ont fini à la benne sans être recyclés. Un problème de taille au moment où l'industrie papetière peine à répondre à la demande de papier recyclé, en parti­culier pour des usages bureautiques. Et pour fabriquer du papier bureautique recyclé, il faut utiliser du vieux papier de qualité, et notamment... du papier bureautique ! C'est pourquoi l'éco-organisme en charge des papiers, Ecofolio, a mis en place un nouveau dispositif pour permettre à la filière du papier recyclé de trouver les tonnages dont elle a besoin. L'enjeu est important puisque la France s'est fixé l'objectif de 55 % de taux de recyclage du papier pour 2016 et de 75 % à l'horizon 2025-2030.

 

Lu 24954 fois Dernière modification le lundi, 02 mai 2016 14:29
Laurent Locurcio

Journaliste économique, il a notamment collaboré avec la presse spécialisée dont La Tribune, Le Point, Le Monde, LSA, Sport Eco, et bien entendu GPO Magazine. Il a également participé au lancement de titres de presse et a été rédacteur en chef  d’un important magazine d’entreprise. Auteur également de livres d’entreprises, il intervient aussi auprès d’étudiants en formation multi-médias.