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Gestion de la mobilité, la numérisation crée des économies

Gestion de la mobilité, la numérisation crée des économies

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Autopartage, covoiturage, éco-conduite, gestion précise des flottes : la numérisation est porteuse de solutions efficaces pour réduire la taille des parcs de véhicules et le coût de possession, respecter les obligations légales et l’environnement.

« Deux facteurs clés impactent les nouveaux services de la mobilité en entreprise. D'une part, le déclencheur reste l’usage mutualisé des véhicules que permettent de plus en plus les technologies numériques. D’autre part, le besoin de réduire la taille des parcs auto, les coûts d’acquisition, de gestion et, à moindre titre, l’empreinte environnementale », selon Jean-Charles Martin, directeur commercial de Chevin, éditeur anglais de logiciels de gestion de flotte, présent en France.

Les offres de location de véhicules, qui étaient déjà matures pour les sociétés, sont impactées par la numérisation, c’est le cas de la location à durée libre. « Il s’agit de l’équivalent de l’intérim pour les ressources humaines. Chez nous, il n’y a aucun engagement de durée, ni de kilométrage. Les véhicules sont livrés et restitués sur place par un collaborateur de Kéolease », précise Jean-Pierre Desgens, fondateur et directeur de Kéolease.

Le coût de location à durée libre est de 0,17 €/km pour un petit véhicule et de 0,19 €/km pour un gros véhicule, comprenant l’entretien, l’assistance, etc. Mais la tendance la plus forte concerne l’autopartage qui consiste en la mise en commun de véhicules entre les services d’une société, d’une institution publique, voire entre des entreprises.

Emmanuel Nedelec, directeur général d’Ubeeqo, acteur européen de l’autopartage en entreprise, détaille les atouts de sa solution : « Il s’agit d’évaluer très précisément la disponibilité des véhicules. La mutualisation va permettre, à besoins constants, de réduire la flotte automobile. Pour les parcs de plus de 100 véhicules, le taux de réduction peut aller jusqu’à 40 %, et pour un parc de 10 à 20 véhicules, on peut atteindre jusqu’à 20 % de réduction ».

Pour les TPE et PME, une solution hybride permet de s’affranchir du problème de gestion d’un pool de véhicules et de réduire les frais de déplacement hors flotte, à savoir taxis, Autolib’, Velib’, etc. Dans la région parisienne, Ubeeqo a développé une application pour utiliser les véhicules en libre-service sur Paris, une solution commode pour contourner le problème du stationnement. Prenant en compte la désaffection des jeunes salariés pour la possession d’un véhicule, Ubeeqo propose un crédit mobilité pour chaque conducteur. Lorsqu’un collaborateur choisit un petit véhicule, la différence avec le coût d’une grosse berline est reversée sur le crédit mobilité individuel. Le bénéficiaire peut l’utiliser à sa guise pour les taxis ou tout autre mode de transport.

Outre Ubeeqo, Mobility Tech Green ou encore Vulog ont débroussaillé le terrain et les grands s’y mettent. Renault a lancé son offre d’autopartage Mobility, La Poste a initié Bemobi, une offre de covoiturage et d’autopartage. Avant de choisir une offre et de la déployer en interne ou de l’externaliser, les entreprises ont intérêt à auditer leur parc de véhicules pour prendre les bonnes décisions. Une phase d’accompagnement est nécessaire pour réussir ce changement car il impacte l’organisation d’une entreprise comme toute transformation numérique.

Le covoiturage comme alternative à la voiture personnelle

Le covoiturage, souvent associé à l’autopartage, intéresse sérieusement les start-up mais aussi les grands constructeurs automobiles comme Ford, BMW et PSA, étant donné la taille du marché. L’application de covoiturage WayzUp a convaincu plus de 20 entreprises telles que Vinci, Engie, Danone ou Thalès, ce qui a permis de créer des réseaux de covoiturage travail-domicile très denses à proximité des zones d’activités. Il s’agit d’une sorte de BlaBlaCar pour les entreprises dont le modèle économique repose sur la vente de licences annuelles et d’un abonnement ainsi que des propositions d’accompagnement et des conseils. Le but est de délivrer des services qui peuvent, notamment, s’inscrire dans une démarche de RSE (Responsabilité Sociétale des Entreprises) et faciliter les conditions de transport des salariés.

L’impact environnemental n’est pas dissocié d’une gestion rigoureuse d’un parc de véhicules. Désormais, les outils numériques permettent de suivre les consommations, les distances parcourues mais aussi le comportement de chaque conducteur, selon des aspects de sécurité tels le freinage, les fortes accélérations, les virages brusques, etc., grâce aux informations livrées par des capteurs. Il est possible de mettre en place une politique vertueuse d’éco-conduite commençant par le respect de règles de bon sens. Bien entendu, il ne s’agit pas de les imposer mais de rappeler des conseils de base comme l’entretien régulier, la vérification de la pression des pneus, l’abus de climatisation, etc.

Le futur de la gestion des flottes passera par une utilisation accrue des véhicules électriques et autonomes, tel le Navya Arma, développé par Navya, une société lyonnaise. Des navettes viennent d’être mises en service en février dans les aéroports de Christchurch en Nouvelle-Zélande et d’Heathrow à Londres.

Lu 5635 fois Dernière modification le jeudi, 02 février 2023 14:05
Serge Escalé

Journaliste indépendant spécialisé IT depuis 1995
Le Monde informatique, Le Figaro, Les Echos, Itespresso, Le MagIT, Silicon.fr, GPO Magazine