Imprimer cette page
Quels outils pour éviter les retards de paiement ?

Quels outils pour éviter les retards de paiement ?

Finance Écrit par  mercredi, 14 avril 2021 14:35 Taille de police Réduire la taille de la police Augmenter la taille de police
Évaluer cet élément
(6 Votes)

Alors que la crise sanitaire aurait pu entraîner une explosion des retards de paiement, ces derniers ont pu être contenu grâce à la digitalisation des processus de facturation mais également à la mise en place de méthodes de recouvrement adaptés au contexte.

Selon le premier baromètre du Comité de Crise sur les délais de paiement, mené par BVA en novembre dernier, la forte tension sur les délais de paiement enregistrée sur les premiers mois de l’année 2020 s’est réduite en fin d’année. Pour près de 8 entreprises sur 10, les délais de paiement sont revenus au niveau d’il y a un an. 13 % des entreprises déclarent cependant un allongement des délais de paiement en novembre 2020 par rapport à la même période en 2019.

Thierry Millon« Après un pic de plus de 15 jours moyen de retard de paiement en juillet dernier, les retards ont ensuite diminué à 13 jours, ce qui reste dans une moyenne élevée, précise Thierry Million, directeur des études chez Altares. Pour rappel, au pire de la crise de 2008, les retards moyens de paiement étaient de 12 jours et, à la fin 2019, avant la Covid, à moins de 11 jours ».

Cette détérioration semble relever plus particulièrement des difficultés de paiement rencontrées par les PME en général et surtout par les entreprises de moins de 10 salariés en particulier : pour 81 % des sondés par BVA, les structures de moins de 250 salariés sont responsables de ces retards, et pour 54 % des répondants il s’agirait des structures de moins de 10 salariés.

Le comité de crise interprète cette perception par le fait que la grande majorité des entreprises françaises ont des clients ou des fournisseurs PME ou TPE, en particulier dans les secteurs qui sont les plus touchés par la crise. La crise a ainsi fait basculer les plus petites entreprises du côté des mauvais élèves qui dépassent les 60 jours règlementaires pour s'acquitter de leurs factures (30 jours pour l'État et les collectivités locales).

L’allongement des délais de paiement est également particulièrement marqué à l’export ces derniers mois. Un constat notamment relevé par la société Gerflor, spécialisée dans les revêtements de sol. « En 2020, les délais de paiement de nos clients à l’export se sont nettement dégradés, notamment dans le secteur des transports : nous avons ainsi mis beaucoup de temps à nous faire régler par certaines compagnies aériennes, constate Bertrand Jullienne, Credit Manager Group de Gerflor. Les délais de paiement de certains de nos clients ont augmenté jusqu’à 30 %. Nous sommes passés en moyenne de 60 à 75 jours de délai de paiement, que nous avons dû accepter et gérer ».

La technologie au service d’un traitement accéléré des factures

Face à ce contexte, force est de constater que les entreprises qui avaient déjà mis en place des processus de dématérialisation des factures ont eu un avantage certains sur les autres. La mise en place du télétravail et du chômage partiel a en effet eu peu d’impact sur leur processus de gestion des factures et de paiement des fournisseurs.

Outre ses traditionnels bénéfices en termes de coûts, la dématérialisation leur a en effet permis de collaborer en ligne, en temps réel et de façon efficace avec les fournisseurs, évitant ainsi la dégradation de leurs relations et limitant les retards de paiement avec les plus fragiles et/ou les plus petits d’entre eux. La réduction du service de la Poste, le télétravail et le chômage partiel et technique qui retardent l’envoi, la réception et le traitement des factures papier ont également plus que jamais montré l’utilité de dématérialiser les factures.

Un constat partagé par Dominique Bougnot, directeur de Ventya, expert dans le traitement des factures électroniques et la dématérialisation. Cette technologie contribue à s’affranchir des délais liés à tous ces processus d’acheminement de la facture. D’autre part, avec une solution de dématérialisation des factures, les délais de traitement et de recouvrement peuvent être fortement réduits.

Des processus de recouvrement de créances adaptés

Au-delà de la technologie, les entreprises ont également renforcé leur processus de suivi et de gestion du recouvrement de leurs créances. Une démarche réalisée pour accélérer les rentrées de cash ou du moins éviter les retards de paiement mais également pour limiter leur exposition aux risques.

Benoit Carteron« Notre principal enjeu en 2020 a consisté à nous assurer du règlement de nos clients, notamment à l’export, sans dérive en termes de délais, explique Benoît Carteron, directeur Credit Management à la Direction Affaires Juridiques du Groupe Lactalis, adhérent de l’AFDCC. Comme nous avions déjà une proximité importante avec nos filiales, nous avons mis en place, dès le début du premier confinement, un reporting hebdomadaire sur les encaissements par canal de distribution sur l’ensemble du périmètre du Groupe Lactalis. Les équipes locales de Credit Management ont été très réactives et impliquées dans ce suivi, ce qui nous a permis de traverser sereinement cette crise sanitaire. Durant cette période nous avons également monitoré de façon plus précise les retards de paiement avec nos filiales surtout sur le secteur du Foodservice, secteur qui dans l’agro-alimentaire a été particulièrement impacté. Nous avons également surveillé les retards de paiement sur le canal de distribution du Retail qui a eu tendance dans certains pays à profiter de la crise pour allonger ses délais de paiement. D’autant qu’au-delà du risque client, nous constatons que cette crise a également entraîné un nombre croissant de tentatives de fraudes à l’export, sur des modes opératoires différents de ce que nous avions l’habitude de voir ». Grâce à ces différents dispositifs, les performances d’encaissements de Lactalis ne se sont pas dégradées en 2020.

Les délais de paiement étaient également un moyen pour les entreprises de surveiller leur exposition aux risques. « Dès lors que nous avions une visibilité sur leurs paiements et que nous pouvions les suivre, alors, nous avons continué de les livrer », indique Bertrand Jullienne de Gerflor.

Chez Lactalis, un compte client est bloqué au bout de 30 jours dès lors qu’un paiement n’est pas effectué à échéance. Le respect des délais de paiement n’aura jamais été autant un indicateur de risque client.

Lu 9143 fois Dernière modification le jeudi, 15 avril 2021 12:10
Anne Del Pozo

Elle collabore depuis près de 20 ans à différents magazines en qualité de journaliste.

Elle y traite de sujets articulés essentiellement autour de la finance, des flottes automobiles, du voyage et du tourisme d'affaires ou encore des ressources humaines. Anne del Pozo participe également à la rédaction de nombreux témoignages clients et de newsletters d'entreprise.