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Financer son haut de bilan : la clé d'une stratégie gagnante

Financer son haut de bilan : la clé d'une stratégie gagnante

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Le financement du haut de bilan est la pierre angulaire d'une stratégie de croissance offensive. En même temps, la solidité des fonds propres de l'entreprise permet de traverser les turbulences avec davantage de sérénité. Autant de raisons de s'intéresser au renforcement du haut de bilan d'autant que de nouvelles opportunités existent dans ce domaine.

Le financement des PME/ETI en France s'appuie très largement sur l'endettement bancaire. Selon l'étude Paris Europlace de 2014, les financements bancaires restent essentiels dans le passif des PME/ETI en représentant plus de 90 % de leurs sources de financement. Or, avec le renforcement des règles prudentielles bancaires de Bâle III, qui précisément oblige les banques à disposer de davantage de fonds propres, le recours à l'endettement bancaire est devenu plus compliqué pour les entreprises.

Celles-ci doivent donc se tourner vers des financements alternatifs, et notamment vers ceux qui contribuent au renforcement du haut de bilan. L'augmentation du capital en fait partie. Dans son rapport d'octobre 2015, l'Observatoire du financement des entreprises constate que les entreprises en forte croissance ont fait plus souvent des augmentations de capital avant et pendant leur période de croissance. En renforçant ainsi leurs fonds propres, ces entreprises qui superforment ont pu investir davantage que les autres, le cas échant en ayant toujours accès aux financements bancaires, et ainsi innover et s'ouvrir à l'export. Une part élevée de capitaux propres dans le bilan est un facteur de croissance, constate l'Observatoire.

Toutefois, pour ne citer que l'exemple de l'ouverture du capital de l'entreprise, des freins subsistent. Ainsi, la majorité des dirigeants d’entreprises familiales souhaite maintenir le contrôle capitalistique de l’entreprise par le noyau familial, ce qui peut limiter les options de financement à l'autofinancement et à l'endettement bancaire. Un état de fait qui explique en partie pourquoi les PME allemandes grandissent alors que leurs homologues françaises ont davantage de difficultés à en faire de même.

Indispensable méthodologie

« Il y a plusieurs moments forts dans la vie de l'entreprise nécessitant le renforcement du haut de bilan : sur des aspects positifs quand il y a des projets d'investissements, d'achats de machines ou de bâtiment, de rachat d'entreprises, de conquête de nouveaux marchés, sans oublier le financement de l'innovation », explique Franck Dermagne, fondateur de DAF online. Autant de moments qui engendrent, comme en toute période de croissance, une augmentation du BFR1, ce qui peut se révéler problématique en cas d'insuffisance des fonds propres. « Sur un plan défensif en période de difficultés, l'entreprise a besoin de renforcer ses fonds propres pour pouvoir passer d'un modèle économique à un autre », poursuit-il.

Dans les deux cas de figure, il faut mettre en place une véritable stratégie du renforcement du haut de bilan. « La méthodologie est très importante car il y a beaucoup de paramètres à prendre en compte avant de choisir le bon véhicule, en évitant les erreurs comme celui de mal définir ses besoins réels », poursuit Franck Dermagne qui possède une longue expérience dans ce domaine, tant en interne, qu'en externe dans le cadre de DAF online qui propose aux entreprises un accompagnement par des directeurs financiers externalisés. Avant d'aller chercher des nouveaux partenaires - investisseurs, fonds d'investissement, capital-risque, crowdfunding, etc. - il est essentiel d'actualiser le business plan de l'entreprise, en tenant compte de l'impact du renforcement du haut de bilan envisagé par le dirigeant.

« C'est la cohérence d'ensemble qui va rassurer les investisseurs et les prêteurs », ajoute-t-il. Il s'agit ensuite de choisir le véhicule de financement adapté à la situation en tenant compte de tous les paramètres. Par exemple, le dirigeant qui craint de perdre le contrôle de son entreprise pourra opter pour le financement par des obligations plutôt que par une ouverture du capital. « Pour des opérations spécifiques, il ne faut pas hésiter à se faire accompagner, par exemple, par des conseils en levée de fonds qui connaissent bien tous les acteurs de cet écosystème », conclut Franck Dermagne.

Financements alternatifs

Car il existe en fait de nombreuses solutions pour renforcer son haut de bilan. Des solutions qui peuvent d'ailleurs s'ajouter les unes aux autres. « Nous réalisons de plus en plus de co-investissements avec des capital-risqueurs, des business angels, des fonds publics, notamment pour des start-up », explique Stéphanie Savel, présidente de WiSEED. Cette plate-forme de financement participatif est la pionnière de l'equity crowdfunding, autrement dit de l'investissement en capital par des particuliers. Depuis sa création, WiSEED a permis le financement de 175 projets pour un montant cumulé de près de 80 millions d'euros.

« Mais depuis 2014 le crowdfunding, pour des projets d'entreprise, connaît une nette accélération en France grâce à la mise en place d'un cadre réglementaire strict », précise-t-elle. Par exemple, l'agrément de l'Autorité des Marchés Financiers est indispensable pour les plates-formes d'equity crowdfunding. Au passage, le montant maximal de l'investissement par projet a été revu à la hausse pour atteindre 2,5 millions d'euros, voire 5 millions d'euros dans certains cas comme celui de WiSEED. Des montants significatifs qui ne concernent pas uniquement les start-up.

« Nous avons des projets lancés par des entreprises classiques qui choisissent de développer un projet dans le cadre d'une nouvelle société : la maison-mère participe au capital et fait appel à des investisseurs particuliers par l'intermédiaire de l'equity crowdfunding », conclut Stéphanie Savel, notant au passage l'effet « étude de marché » que produit la présentation d'un projet sur une plate-forme.

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Les grandes catégories de financement de l'entreprise

- Interne, avec l'exploitation (free cash flow), le refinancement ou de la cession d'actifs (par exemple du lease-back immobilier), l'augmentation de l'engagement des actionnaires.

- Externe, avec l'ouverture du capital aux actionnaires, le capital-investissement, le financement mezzanine.

- Les dispositifs innovants : les prêts participatifs, les fonds propres temporaires, les emprunts obligataires, le crowdfunding, les avances remboursables, les prêts d'honneur, les garanties publiques, etc.

Lu 12008 fois Dernière modification le jeudi, 22 septembre 2022 10:11
Laurent Locurcio

Journaliste économique, il a notamment collaboré avec la presse spécialisée dont La Tribune, Le Point, Le Monde, LSA, Sport Eco, et bien entendu GPO Magazine. Il a également participé au lancement de titres de presse et a été rédacteur en chef  d’un important magazine d’entreprise. Auteur également de livres d’entreprises, il intervient aussi auprès d’étudiants en formation multi-médias.