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Vers une nécessaire normalisation des cryptoactifs

Vers une nécessaire normalisation des cryptoactifs

Finance Écrit par  vendredi, 10 juin 2022 08:03 Taille de police Réduire la taille de la police Augmenter la taille de police
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Pour protéger les consommateurs d’arnaques en tout genre et lutter contre l’utilisation des cryptomonnaies à des fins criminelles ou de malversations financières, l’Union européenne travaille sur l’adoption de textes règlementaires.

Fausses cryptomonnaies, fausses plateformes ou applications, escroqueries …Le marché naissant très spéculatif des cryptoactifs peut réserver quelques mauvaises surprises pour les investisseurs particuliers ou les entreprises.

« L’écosystème des cryptomonnaies qui prend de plus en plus d’ampleur doit être assaini. Sa régulation s’impose notamment pour faire le tri entre les cryptoactifs sérieux et les autres. Il existe au total 15 000 cryptomonnaies dont seulement 5 à 10 % présentent un vrai projet derrière », explique Valentin Hautefeuille, directeur commercial Entreprises de Coinhouse, premier prestataire de service sur actifs numériques (PSAN) enregistré par l’Autorité des Marchés Financiers (AMF), gage de sérieux et de confiance.

Des investissements frauduleux en forte hausse

Ce besoin de normalisation du marché crypto s’impose d’autant plus que les arnaques ne cessent d’augmenter. Selon le médiateur de l’AMF, les cryptomonnaies auraient été liées à un quart des investissements frauduleux en 2021, contre 6 % seulement en 2020. Par ailleurs « un quart des dossiers reçus concernent des investissements réalisés sur des plateformes de trading domiciliées dans des pays exotiques, voire parfaitement fictives », souligne le rapport 2021 de l’AMF.

Intégrer les cryptoactifs à la réglementation de la banque et de la finance

Pour protéger les consommateurs des escroqueries, mais aussi pour lutter contre la manipulation des cours, les conflits d’intérêt ou encore le blanchiment d’argent lié à aux flux illicites d’achat de drogue ou d’armes, l’Union européenne a adopté deux principaux projets de textes réglementaires. Intitulés « Market in Crypto Assets » (MiCA) et TFR (Transfert de fonds), ces deux projets de réglementation devraient être finalisés avant cet été.

« L’idée du règlement MiCA est d’intégrer les cryptoactifs à la règlementation normale de la banque et de la finance pour qu’ils respectent ses standards. Il s’agit notamment de faire en sorte de lutter contre les manipulations de marché et d’avoir l’obligation de fournir aux consommateurs un actif numérique au meilleur prix », expliquait récemment, à BFMTV, Aurore Lalucq, économiste et députée européenne.

Lever l’anonymat pour lutter contre le financement du terrorisme

L’autre réglementation TFR concerne des mesures contre le blanchiment d’argent. L’idée est de combattre le financement du terrorisme et des activités criminelles en tous genres par une levée spécifique de l’anonymat sur les utilisateurs de cryptoactifs. En ayant accès à un certain nombre d’informations sur les utilisateurs, l’UE veut notamment empêcher la pratique du « smurfing », une technique d’envoi de très petites sommes d’argent de manière instantanée sur le marché crypto, à des fins criminelles.

Enfin, tous les experts des actifs numériques s’accordent sur la nécessité de remettre un marché crypto instable et totalement dérégulé dans l’État de droit pour être encadré par ses lois.

Lu 3456 fois Dernière modification le mardi, 14 juin 2022 16:28
Bruno Mouly

Journaliste économique, avec près de 20 ans d'expérience en journalisme économique et en communication d'entreprise. Spécialisé en numérique, achats logistiques et mobilité. Il collabore également avec les Échos et le JDD.