Ainsi, depuis près d'une décennie maintenant, la gestion des risques est au fil du temps devenue un élément du quotidien dans les entreprises, notamment en raison de la montée en puissance du risque management et de la responsabilité grandissante du chef d'entreprise. D'autant que les risques sont aujourd'hui de différentes natures. Pour s'en prémunir, les dirigeants d'entreprises doivent préalablement les identifier. Une démarche qu'ils peuvent notamment réaliser au travers d'un audit.

Les risques stratégiques et opérationnels sont étroitement liés à l'activité de l'entreprise. Ainsi, l'absence de veille concurrentielle, une mauvaise anticipation de l'évolution du marché peut mener l'entreprise à de mauvais choix en matière de stratégie de développement. De même, la moindre erreur qui survient au sein d'une chaîne de production, d'approvisionnement ou de distri­bution, peut conduire à une interruption des affaires de l'entreprise. Par ailleurs, le capital humain représente l'une des composantes essentielles du savoir-faire de l'entreprise. La gestion des talents et des compétences est donc indispensable pour éviter la perte de ces connaissances. Dans le cadre de cette démarche, il convient également de prêter une attention particulière à la manière dont le management gère ses équipes. Enfin, en matière de gestion du capital humain, le dirigeant doit veiller au rôle de chacun de ses collaborateurs afin de ne pas être dépendant de certains hommes clés. D'où l'intérêt de définir concrètement les rôles de chacun dans l'entreprise, d'analyser les compétences et savoir-faire spécifiques ainsi que la motivation des colla­borateurs. Il faudra ensuite fixer les fonctions inhérentes à chaque salarié et mettre en œuvre, si nécessaire, des plans de formations adaptés. Les risques financiers sont également importants à appréhender. S'il faut savoir investir dans son outil de production pour rester compétitif, il convient au préalable de bâtir avec ses partenaires financiers les stratégies de financement les mieux adaptées au profil, à la taille ou encore au secteur d'activité de l'entreprise.

Différents outils de financement sont alors à leurs dispositions, que ce soit auprès de leurs banques mais également des sociétés d'affacturage. Pour préserver la santé financière de son entreprise, une gestion optimale du risque client est par ailleurs indispensable. Les entreprises doivent à cet effet surveiller la solvabilité financière de leurs partenaires commerciaux et ne pas hésiter à s'assurer contre le risque d'impayés. « En matière de risque financier, les entreprises et notamment celles qui travaillent à l'export, doivent rester particuliè­rement vigilantes sur la crédibilité de leurs clients, explique Jean-

Emmanuel Derny, président du SNARP (Syndicat National des Agents de Recherches Privées) et président de Roche Investigations. Certains clients n'hésitent pas à « endormir » la méfiance d'un fournisseur en honorant financièrement une première commande voire une seconde, puis à disparaître brutalement et sans payer dès la livraison d'une seconde commande ». Enfin, pour se prémunir contre les risques financiers les plus méconnus, il est particulièrement important de s'appuyer sur des reportings financiers et des arrêtés de comptes fiables et quali­tatifs. Les risques juridiques, pour leur part, sont essentiellement liés à la multiplicité des législations et à leur constante évolution. Il faut ainsi rester constamment en veille concernant l'évolution du cadre réglementaire de manière à toujours respecter la loi en vigueur. Il existe également de nombreux risques liés à la malveillance de collaborateurs ou de concurrents. Ces risques se traduisent alors par la fuite de données confidentielles ou stratégiques pour l'entreprise. « Les risques liés aux salariés peuvent conduire à la fuite d'information, au vol de brevets ou encore porter sur des secrets de fabrication, souligne Jean- Emmanuel Derny. Certaines entreprises, pensent, à tort, qu'elles n'ont pas de secret de fabrication à protéger. Or, que ce soit un producteur de produits high tech, un fabricant de jambon ou un constructeur automobile, toutes les entreprises ont des processus industriels et des stratégies de développement qui leurs sont propres et qui leurs permettent de rester compétitives ». Les risques de sabotages sont également nombreux et peuvent toucher autant les biens mobiliers qu'immobiliers de l'entreprise. « Le sabotage peut également prendre la forme de rumeurs malveillantes sur la santé financière de l'entreprise », ajoute Jean- Emmanuel Derny.

Identifier préalablement les risques
Pour identifier ces différents risques, il est indispensable de définir, en premier lieu, les fondamentaux de l'entreprise tels que son activité, son modèle économique, son positionnement ou
encore sa stratégie. Il est également important de hiérarchiser les risques de manière ensuite à établir une stratégie de gestion des risques adaptée à son activité et une stratégie offensive et préventive adéquate. Cette démarche est également indispensable pour décider du niveau de maîtrise souhaité pour chacun des risques identifiés. Ensuite, il faut définir un plan d'action pour chacun des risques. Une démarche qu'il convient de bien expliquer à tous les collaborateurs de l'entreprise de manière à ce qu'ils l'appréhendent mieux et s'investissent dans le processus mis en place pour en optimiser l'efficacité. Enfin, le dirigeant d'entre­- prise ne doit pas hésiter à consulter des spécialistes tels que des assureurs, des avocats, des comptables, des fournisseurs voir même ses clients pour l'accompagner dans cette démarche.

Par Anne del Pozo