Imprimer cette page

Mobilité et nouveaux modes de travail : les cadres français attendent aujourd’hui que leur job s’adapte à eux… et non l’inverse !

Etudes Écrit par  vendredi, 09 septembre 2022 10:22 Taille de police Réduire la taille de la police Augmenter la taille de police
Évaluer cet élément
(0 Votes)

Après 2 ans et demi de Covid-19, des records d’inflation sur les derniers mois et une rentrée sociale qui s’annonce chargée, Cadremploi, en partenariat avec l’Ifop, a interrogé plus de 1000 cadres français pour connaître leur état d’esprit.

Souhaitent-ils rester dans leur entreprise ? Quels sont les modes de travail les plus susceptibles de les retenir ? Le grand exode vers les campagnes a-t-il eu lieu ? Quelles sont les villes françaises qu’ils plébiscitent pour vivre et travailler ? Coup de projecteur sur les tendances phares de l’étude.

Des intentions de mobilité professionnelle frileuses mais un optimisme toujours de mise

Après un dégel précautionneux des intentions de mobilité mesurées en début d’année - juste avant le début de la crise ukrainienne - le retour au conservatisme est de mise, dans des niveaux équivalents à ceux de 2020 (après le premier confinement). Une majorité de cadres souhaite rester dans son entreprise (51 %) tandis que 38 % se déclarent ouverts aux opportunités et 5% en recherche active d’emploi.

Cette prudence peut notamment s’expliquer par l’expression de fortes préoccupations quant à la baisse du pouvoir d’achat (81 %), à la guerre en Ukraine (77 %) et, dans une moindre mesure, à de possibles grèves ou manifestations en cas de réformes (56 %).

Malgré ce contexte, les cadres maintiennent un niveau d’optimisme élevé concernant leur situation professionnelle en cette rentrée (74 %), particulièrement les plus jeunes (87 %).

Le télétravail ne suffit plus : les cadres veulent désormais être libres de gérer leur temps et de choisir leur lieu de travail

Interrogés sur les nouveaux modes de travail qui les inciteraient à rester dans une entreprise ou à la rejoindre, les cadres plébiscitent la semaine de 4 jours, sans perte de salaire (65 %) ; un système qui reste toutefois très marginal au sein des entreprises pour le moment (seulement 16 % envisagent sa mise en place ou l’ont déjà déployé !).

On observe néanmoins que les deux autres propositions emportant l’adhésion des cadres sont déjà bien installées au sein des organisations : l’adaptation des plages horaires (attendue par 52 % des répondants, et en place ou à l’étude dans 57 % des cas) et le télétravail (cité par 49 % des répondants et en place ou à l’étude dans 82 % des cas).

Favorisant de toute évidence l’autonomie et la flexibilité de leurs horaires et de leur lieu de travail, les cadres sont logiquement peu sensibles aux propositions des entreprises centrées sur l’espace « bureau » (smart office, coworking, flex office) : elles sont citées par moins d’1 répondant sur 10.

Paris, Lyon, Bordeaux, Montpellier, Nantes, Aix-en-Provence et Annecy en tête des villes préférées des cadres pour vivre ou travailler

Comme en mars dernier, 1 cadre sur 4 déclare avoir déménagé au cours des deux dernières années. En revanche, seulement 11 % d’entre eux ont quitté une grande agglomération pour une petite ville ou la campagne, battant ainsi en brèche le fantasme d’un exode massif des cadres citadins.

Interrogés sur les grandes métropoles dans lesquelles ils pourraient se projeter, les cadres plébiscitent Bordeaux, Paris, Lyon et Nantes pour y travailler et Bordeaux, Montpellier, Lyon et Nantes pour y vivre. On note que les scores les plus élevés proviennent toujours des cadres résidants déjà dans la région de la ville étudiée (les Franciliens sont ceux qui se projettent le plus à Paris, les Néo-Aquitains à Bordeaux, etc.).

Parmi les grandes villes (+100 000 habitants, hors métropoles et hors agglomération parisienne), le podium des villes où travailler est constitué d’Aix-en-Provence, Annecy, Nîmes et Tours, tandis que les villes où vivre sont Aix-en-Provence, Annecy, Perpignan et Tours.

On constate enfin qu’à l’exception notable de Marseille, les villes de bord de mer sont plus fréquemment citées pour y vivre que pour y travailler (Bordeaux, Montpellier, Nice, Perpignan...).

Conserver son pouvoir d’achat : une condition fondamentale à la mobilité géographique

Les cadres identifient de multiples raisons qui les inciteraient à changer de ville : la recherche d’un meilleur cadre de vie (54 %), une opportunité professionnelle (29 % ; seule motivation citée en lien direct avec leur carrière), un niveau de vie plus élevé (28 %), un meilleur équilibre vie pro / perso (28 %), le climat (27 %) ou encore la proximité de la mer ou de la montagne (27 %).

À l’inverse, leurs craintes sont également nombreuses. D’une part, elles concernent le travail, qui conserve naturellement un rôle décisif dans leur vie : 34% redoutent de ne pas trouver un emploi, et 26% de perdre en niveau de salaire. D’autre part, elles traduisent le fait que la situation ne serait pas forcément meilleure ailleurs : 30 % souhaitent rester près de leurs proches et 29 % ont peur de regretter leur choix.

Enfin, les cadres témoignent d’une grande capacité d’adaptation au travers des nombreuses concessions qu’ils seraient prêts à accepter pour changer de ville. Elles concernent avant tout la sphère professionnelle : changer de métier (34 %), démissionner (30 %) ou travailler dans un centre opérationnel plutôt qu’un siège social (23 %). On note également de possibles sacrifices organisationnels : avoir un temps de transport plus important (23 %) ou encore faire des allers-retours dans la ville actuelle de travail (22 %).

Toutefois, certains compromis semblent plus difficiles que d’autres : avoir un niveau de poste moins élevé (21 %) et une baisse de salaire (19 %) sont les concessions les moins envisagées par les cadres.

« Cette nouvelle étude confirme que les cadres s’inscrivent dans la tendance générale que l’on observe depuis plusieurs mois en France : le travail ne bénéficie plus d’une place centrale autour de laquelle on organise sa vie quotidienne et ses projets. Nous sommes actuellement dans une logique inverse : le travail - et a fortiori l’employeur - doit s’adapter ! Il semble par exemple que le télétravail soit désormais un acquis pour les cadres, ce n’est plus un atout pour rejoindre ou rester dans une entreprise. Ce qu’ils recherchent désormais ? La liberté de choisir leur lieu de travail et de gérer leur temps comme ils souhaitent. Reste à savoir comment les entreprises vont pouvoir composer avec ces nouvelles exigences. Pour y voir plus clair et comprendre ces attentes, elles pourraient commencer par instaurer des temps d’échanges francs et directs sur le sujet : on constate en effet dans notre étude que 90% des cadres sont favorables à la mise en place de « stay-interviews », c’est-à-dire des entretiens au cours desquels l’on demande clairement aux collaborateurs ce qui les ferait rester dans l’entreprise », commente Carole Ferté, Directrice des études de Cadremploi.


Méthodologie de l’étude :
L’enquête a été menée auprès d’un échantillon de 1002 cadres du privé, représentatif de la population cadre du secteur privé. La représentativité de l’échantillon a été assurée par la méthode des quotas sur les critères de sexe, d’âge, de secteur d’activité et de nature de l’employeur. Les interviews ont été réalisées par questionnaire auto-administré en ligne du 6 au 18 juillet 2022.

Lu 552 fois Dernière modification le vendredi, 09 septembre 2022 10:37
La rédaction

Le service Rédaction a pour mission de sélectionner et de publier chaque jour des contenus pertinents pour nos lecteurs internautes à partir d’une veille approfondie des communiqués de presse pour alimenter les rubriques actualité économiques, actualités d’entreprises, études ou encore actualités sectorielles. Pour échanger avec notre service Rédaction web et nous faire part de vos actualités, contactez-nous sur redaction@gpomag.fr