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Les nouvelles formes de travail ne convainquent pas les Français

Etudes Écrit par  mercredi, 05 décembre 2018 10:12 Taille de police Réduire la taille de la police Augmenter la taille de police
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Alors que le monde de l’entreprise s’interroge de plus en plus sur le rôle que doivent jouer les espaces de travail – quitte à céder à certaines « modes » - l’édition 2018 du « Baromètre Opinion Way et CD&B de la relation entre l’environnement de travail et le bien-être des salariés » révèle que les manières de travailler des cadres urbains, sur-représentées dans les débats, restent loin du quotidien des Français.

Ces derniers restent majoritairement sceptiques devant des innovations qui ne semblent pas être adaptées à leur réalité et leurs besoins.

En dépit de leur présence médiatique, les nouveaux modes de travail restent loin d'être une réalité pour les Français

Aujourd’hui, dans les entreprises de plus de 100 salariés, près de ¾ des Français (72%) travaillent dans des espaces partagés (coworking exclu).

Mais loin du mythe du « tout open-space », ces derniers travaillent majoritairement (59%) dans des bureaux fermés : individuels pour 22%, avec moins de 5 personnes pour 28% et avec plus de 5 personnes pour 9%. De fait, l’open space n’est une réalité que pour 35% des Français salariés dans des entreprises de 100 salariés et plus. Des proportions globalement stables depuis le lancement du baromètre CD&B et Opinion Way en octobre 2015.

Egalement, le coworking, souvent présenté comme « le futur des espaces de travail » ou une « révolution pour l’immobilier de bureau » reste ultra-minoritaire. En effet, si ce mode de travail jouit d’une forte notoriété (77% des répondants en ont entendu parler), il ne concerne que peu de salariés : 86% des répondants ne le pratiquent pas, 17% n’y voient aucun avantage. Il en résulte que pour 70% des Français, ce mode de travail sera amené à se développer, mais seulement dans certains types d’entreprises spécifiques.

Les autres formes de travail, quant à elles, convainquent encore moins. Les salariés français aujourd’hui sont 66% à n’avoir jamais entendu parler du desk-sharing, 71% pour le flex-office. Et parmi ceux qui connaissent, peu adhèrent. En témoigne le fait que 54% des personnes sachant ce qu’est le desk-sharing en ont une opinion négative. Le flex-office jouit d’une image un peu plus positive, les salariés en ayant déjà entendu parler ne sont que 35% à en avoir une image négative. Pour autant, le fait que ces 2 modes de travail soient généralement mis en place en parallèle pose des questions additionnelles quant à la connaissance réelle de ces modes d’organisations par les Français. Enfin, le desk-sharing est perçu comme étant destiné à se développer uniquement dans certains types d’entreprises (56%), bien qu’une proportion en légère augmentation (29%, +4) considèrent qu’il ne s’agit d’une mode vouée à disparaître.

Plus d’un an après sa facilitation, le télétravail reste une pratique marginale

Le télétravail jouit d’une image globalement très favorable. Ainsi, 88% des salariés interrogés ont une vision positive de sa facilitation par la loi (sont d’accord avec l’affirmation « c’est bonne chose pour les salariés »), 68% pensent que cela peut donner la possibilité de
télétravailler plus – une croissance de 10 points comparé à l’an dernier - et 84% en font une évolution inévitable des manières de travailler.

Mais ici aussi, la perception reste très écartée de la réalité quotidienne des Français. En témoignent les 61% de salariés d’entreprises de plus de 100 personnes qui ne télétravaillent jamais. Un chiffre à mettre en perspective avec les 12% seulement de salariés qui choisiraient spontanément de travailler depuis chez eux en télétravail si on leur donnait le choix (comparable à ceux qui choisissent spontanément l’open space : 14%).

Les données du baromètre 2018 ne permettent pas de trancher si pour les Français, le télétravail est avant tout d’une pratique plutôt réservée aux cadres et aux professions intellectuelles – en dépit d’une apparente démocratisation. Mais les éditions précédentes du baromètre, ainsi que les 56% de répondants estimant que le télétravail « n’est pas adapté à toutes les entreprises », laisse supposer que telle en est la perception.

L'espace de travail idéal des Français est un lieu où ils se sentent bien et où ils se sentent reconnus

Quand on leur pose la question, les salariés français sont clairs sur leurs attentes, ils veulent un bureau fermé avec moins de 5 personnes (65%), avec une légère préférence pour le bureau individuel – plus statutaire – que 37% désirent. A titre de comparaison, seuls 12% voudraient pouvoir rester travailler de chez eux et 14% appellent l’open-space de leurs voeux.

Pour les Français, leur lieu de travail doit tout simplement être un endroit où l’on se sent bien, pour soi et avec les autres. De fait, ils sont 57% à considérer que ce doit être plutôt « un lieu de vie », 59% à le considérer comme un endroit « pour eux », avec un bureau attitré (68%) et qui permet plutôt les « interactions physiques » (51%). C’est pourquoi ils estiment qu’un bon espace de travail est « confortable » pour 82% des répondants, « pratique » pour 80% d’entre eux (dont 42% qui en font le critère le plus important) et « convivial » pour 66%.

Michel Ciucci, DG et co-fondateur de CD&B de conclure : « La satisfaction des salariés français vis-à-vis de leurs espaces de travail reste moyenne – à 6,8/10 cette année, un chiffre qui n’évolue peu dans le temps. Ils sont également 30%, soit 6 points de plus par rapport à l’an dernier, à considérer que ces derniers se sont dégradés. Dans ce contexte, un grand enseignement est à retenir de cette étude : il faut avant toute chose s’intéresser à la réalité du travail et des tâches accomplies par les salariés pour donner à chacun les moyens de se sentir bien au travail, sans céder aux sirènes de ce qui est « à la mode ». Quand 57% des employés ne sont jamais consultés sur l’organisation de leurs espaces, du travail reste à faire ».

Méthodologie du Baromètre OpinionWay pour CD&B
L’enquête a été menée auprès d’un échantillon représentatif de 1018 salariés de bureau d’entreprises de 100 salariés et plus, regroupés sur le même site. L’échantillon a été constitué selon la méthode des quotas, au regard des critères de sexe, d’âge, de catégorie socioprofessionnelle, de secteur d’activité et de taille d’entreprise. L’échantillon a été interrogé par questionnaire auto-administré en ligne sur système CAWI (Computer Assisted Web Interview).

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