Imprimer cette page

Hommes et Femmes, tous traités de la même manière en entreprise ?

Etudes Écrit par  jeudi, 09 mars 2023 15:39 Taille de police Réduire la taille de la police Augmenter la taille de police
Évaluer cet élément
(0 Votes)

Au cœur des discussions de la réforme de la retraite, au cœur de la loi Rixain, au cœur des actions de la ministre Isabelle Lonvis-Rome, la lutte pour renforcer toutes les égalités entre les hommes et les femmes bat son plein. Si les entreprises ont des obligations en matière de mixité et d'égalité professionnelle afin de garantir des droits identiques aux femmes comme aux hommes, comment est-ce ressenti par les principales intéressées sur le terrain ?

C'est ce que l'enquête de Supermood, la première plateforme tout-en-un de Feedback Intelligence, au service de la performance et de l'engagement des entreprises, tente de comprendre aujourd'hui. Une étude portant sur 100000 salariés, sondés entre Janvier et Décembre 2022 et qui met en lumière des disparités nettes quant à la charge de travail et à la reconnaissance.

Ma charge de travail est raisonnable

La note attribuée par les femmes à leur charge de travail est inférieure à celle que les hommes donnent à la leur. On constate un décrochage certain depuis 1 an.

Cet indicateur témoigne d'une différence particulièrement notable entre les hommes et les femmes. Cet écart peut s'expliquer par :

  • une différence de perception des femmes en raison d'une charge de travail plus importante en dehors de leur emploi, avec un effet de contagion
  • une différence de traitement au travail, liée à la notion de discrimination (salaires femmes/hommes avec un écart toujours significatif estimé à 15% en moyenne par l'INSEE) qui peut rendre le travail plus stressant donc perçu comme plus chargé, même s'il est équivalent
  • des tâches différentes entre les hommes et les femmes. Par exemple, en plus de leurs tâches habituelles et comparables à celles des hommes, il est encore attendu des femmes qu'elles prennent plus soin de leurs collègues, d'où une charge de travail plus importante

Le décrochage sur la dernière année est directement dû au télétravail qui affecte plus durement les femmes. Les nouvelles tâches leur incombant depuis les confinements perdurent, en plus d'une perte significative des frontières entre vie professionnelle et vie personnelle. Il peut en outre y avoir eu un effet déceptif quant à une attente d'un retour à la « normale » d'avant Covid, et donc une déception du fait de la continuité de leur surcharge mentale.

On constate notamment des variations plus importantes chez les hommes vis-à-vis du rapport à la charge de travail. Ces variations sont corrélées aux événements macroéconomiques liés à l'entreprise : covid, déconfinement, crise économique, etc. On peut donc faire l'hypothèse que les hommes réagissent de façon plus marquée aux événements, alors que les femmes font preuve d'un rapport plus long-terme à la charge de travail.

Pour Laure Miché-Roche, Psychologue du travail chez Supermood : “ Si on a tendance à ne plus en parler, les répercussions de la crise Covid sont bien présentes et ancrées chez les femmes. En floutant les frontières entre vie personnelle et professionnelle, le télétravail a inconsciemment accru la charge mentale (invisible) et de travail (visible) des femmes. C'est indéniable ”.

Ici, le bon travail et les efforts sont justement appréciés

En matière de reconnaissance, on observe un retard des femmes par rapport aux hommes depuis Q2 2021 avec un décrochage plus marqué depuis 1 an. Le retard des femmes s'explique notamment par :

  • une diminution du présentiel depuis la crise Covid, donc des opportunités pour les femmes de faire valoir le travail effectué. C'est d'autant plus vrai qu'elles font généralement preuve d'une assertivité moins grande que les hommes donc le distanciel les dessert.
  • une contagion du manque de reconnaissance des tâches du quotidien. Ce sont des tâches « invisibles » encore plus volontiers réservées aux femmes. Ce travail invisible n'est, par définition, pas reconnu. Le manque de reconnaissance à la maison peut engendrer un sentiment de manque de reconnaissance plus global.

Inversement, l'envolée des chiffres du côté des hommes pourraient être en lien avec le fait qu'ils ont plus de facilité à faire valoir le travail effectué et à en récolter les fruits, et ce, même en distanciel.

“ La reconnaissance du travail des femmes est cruciale. Notamment parce que les femmes - en plus de leur travail au “bureau” - gèrent une grande partie du travail “invisible” : gestion de la maison, des enfants, des devoirs, … Ainsi, les femmes seraient, en quelque sorte, plus “méritantes” du fait des doubles tâches dont elles ont la charge. C'est en tout cas ce qui se dessine dans l'inconscient féminin. Et même si le rôle de l'entreprise n'est pas de pallier le manque de reconnaissance à la maison, il y a probablement lieu de soigner plus particulièrement la reconnaissance adressée aux femmes. Leur regard étant biaisé, elles attendent naturellement plus de reconnaissance au “bureau”, reconnaissance qu'elles ne voient pas forcément ”, précise Laure Miché-Roche.

J'ai un bon moral en ce moment

Si les femmes ont un moral globalement moins bon que les hommes en entreprise, depuis fin 2022, leur perception de celui-ci est supérieure à celle des hommes. Cette amélioration est encore trop récente pour pouvoir en tirer des conclusions et explications. En tout état de cause, si cet écart venait à se confirmer, cela pourrait signifier que les femmes, en dépit des difficultés déjà évoquées, ont une bonne capacité à rebondir, et donc à faire progresser leur entreprise. Cela appuierait l'importance de prendre en compte leurs spécificités et contraintes.

Les valeurs de l'entreprise sont en adéquation avec moi-même

Sur cette question, il est à noter un écart H/F important entre 2021 et 2022. Un écart qui peut s'expliquer par le fait que les entreprises ont été davantage tournées vers leurs collaborateurs pendant la crise covid et que cette solidarité a été davantage ressentie par les femmes.

La question de la flexibilité des horaires de travail, levier majeur d'engagement pour les jeunes parents - et notamment les femmes - a été abordée de façon positive pendant la crise covid, ce qui peut expliquer une partie de l'écart.

Lu 337 fois Dernière modification le jeudi, 09 mars 2023 16:55
La rédaction

Le service Rédaction a pour mission de sélectionner et de publier chaque jour des contenus pertinents pour nos lecteurs internautes à partir d’une veille approfondie des communiqués de presse pour alimenter les rubriques actualité économiques, actualités d’entreprises, études ou encore actualités sectorielles. Pour échanger avec notre service Rédaction web et nous faire part de vos actualités, contactez-nous sur redaction@gpomag.fr