Les entreprises françaises progressent sur le marché international…

Malgré le contexte géopolitique, l’optimisme des chefs d’entreprise reste élevé : 94 % sont confiants dans l’avenir de leur entreprise (- 3 points en un an). Cependant, seul 1 dirigeant sur 3 se dit désormais très confiant (- 10 points).

Autre élément positif : la présence à l’international des PME se renforce nettement par rapport à l’an dernier. Les entreprises interrogées réalisent 18 % de leur chiffre d’affaires (+ 6 points), soit une progression de 50% de leur chiffre d’affaires international par rapport à l’an dernier. De même, 51 % des entreprises sondées sont exportatrices, contre 41 % en 2021, soit 24 % d’entreprises supplémentaires présentes à l’international par rapport à 2021.

… mais le contexte international incertain suscite un mouvement de repli sur le marché domestique

À la date de réalisation du sondage, 63 % des dirigeants estimaient leur activité peu impactée par les effets de la guerre : exposition « plutôt légère » (29 %), « légère » (12 %) ou « nulle » (22 %).

" Ces données sont parfaitement en ligne avec ce que nous constatons chez nos participations. De facto, les effets directs de la guerre en Ukraine devraient rester limités à terme. En revanche, les effets de bords se font déjà sentir : forte hausse des coûts énergétiques et des matières premières. A cela devrait s’ajouter, dans les prochains mois, les conséquences des confinements stricts des grands pôles économiques chinois. Deux facteurs négatifs qui touchent toutes les entreprises, que leur activité soit fortement ou faiblement internationalisée ", commente Jean-Mathieu Sahy.

Dans ce contexte, seul 1 dirigeant sur 3 considère que la période actuelle est propice à l’internationalisation. De fait, 40 % des entreprises déjà présentes à l’international souhaitent s’y renforcer (contre 60 % l’an dernier) ; et 57 % (+ 18 points) préfèrent pour l’instant stabiliser leur niveau actuel d’activité internationale.

Jean-Mathieu Sahy alerte : " Les chefs d’entreprise ne doivent surtout pas céder à la tentation du repli domestique. L'international est un facteur discriminant de qualité globale et de potentiel commercial à long terme pour toute entreprise. En outre, si la crise en Ukraine dégénérait, l’élargissement des débouchés commerciaux hors du marché français (3 % du marché mondial seulement) est un des principaux facteurs de résilience. Et l'international joue un rôle crucial dans le tissu économique des territoires français car il crée notamment de l'emploi de manière pérenne ».

La proximité géographique et culturelle reste déterminante dans le choix des zones de développement. L’Europe est la zone géographique qui attire le plus les entreprises françaises (63 %, stable), avec, logiquement, une préférence plus marquée que l’an dernier pour l’Europe occidentale (50 %, +5 points) et un recul pour l’Europe de l’Est (13 %, -5 points). L’attrait pour la Chine est en progression sensible (5%, +3 points).

Soutien des entreprises françaises à l’export : peut mieux faire

Par rapport aux autres pays européens, la France peine à se démarquer en matière d’internationalisation des entreprises. Si plus de 6 dirigeants sur 10 (63 %) ne s’estiment ni en avance ni en retard dans leur internationalisation, près d’un tiers jugent la France en retard. Trois pays se détachent comme particulièrement offensifs à l’international selon les sondés : l’Allemagne (52 %), la Chine (47 %) et les États-Unis (45 %).

Comparés aux entreprises étrangères, les PME françaises déclarent manquer de soutien pour se développer à l’international. Ainsi, 7 dirigeants sur 10 estiment que le sujet de l’internationalisation des entreprises n’est pas suffisamment traité dans le débat public. Un manque d’attention qui se double d’un manque de moyens.

Pour pallier le manque de compétitivité que ressentent et expriment les dirigeants, plusieurs mesures sont nécessaires à leurs yeux, aux premiers rangs desquelles :

• Les mesures financières, prioritaires pour 40 % des sondés, notamment des aides financières comme des subventions ou des prêts (25 %) et l’allègement des charges fiscales (18 %) 

• Les dispositifs de suivi et d’accompagnement pour 35 % des répondants

• Des mesures de simplification administrative, citées par 25 % des dirigeants, comme faciliter les démarches administratives et simplifier les démarches douanières

• Enfin, des actions concrète de formation (à l’exportation ou aux langues) apparaissent souhaitables pour 9 % des interviewés. 

Stratégies à l’international : une nouvelle donne

La succession de la crise du « Covid » et de la guerre en Ukraine remodèlent les stratégies de développement international.

En général, les entreprises présentes sur le marché international mobilisent au moins 2 canaux différents. Les entreprises exportatrices citent toujours en première intention le recours à un distributeur, un revendeur ou un agent (50 %), mais ces canaux enregistrent un recul de 13 points par rapport à l’an dernier. A contrario, la création d’une filiale commerciale qui permet un ancrage local beaucoup plus fort, et la récupération des marges des distributeurs progresse de 7 points (30 %).

" C’est une évolution très positive ", estime Jean-Mathieu Sahy, qui confirme l’intérêt d’une présence directe. Toujours considéré comme risqué, le rachat d’entreprises étrangères n’est envisagé que par 11 % des interviewés, en recul de 5 points.

Selon les dirigeants de PME, les éléments primordiaux de réussite à l’international sont : la volonté du dirigeant (97 %), la qualité et la différenciation d’offre (97 %), les outils et dispositifs de développement digital (96 %), les compétences techniques (94 %), et bien entendu l’expérience internationale des équipes (94 %).

" C’est notre constat sur le terrain, souligne Jean-Mathieu Sahy. L’ambition, l’engagement et l’offre sont décisifs pour une internationalisation pérenne et rentable ».

Bonne nouvelle, les dirigeants d’entreprises présentes à l’international identifient moins de freins à leur activité que l’an dernier, 4 en moyenne contre 6 auparavant. Les cinq principaux freins sont les mêmes qu’en mai 2021, mais ils sont tous en baisse : les délais ou risques de paiement des clients étrangers (38 %, -12 points), les coûts logistiques (38 %, -4 points), la difficulté à se faire connaître, à identifier des clients ou partenaires commerciaux étrangers (37 %, -12 points), les barrières douanières (36 %, -12 points) et une offre pas suffisamment compétitive en termes de prix ou de degré d’innovation (34 %, -9 points).

Plus nombreux qu’en 2021 (60 %, +3 points), les dirigeants de PME estiment que toute entreprise quelle que soit sa taille peut se développer à l’international. Ils sont également plus sensibles aux atouts qu’apporte un accompagnement efficace en plébiscitant les experts (61 % des sondés contre 48 % en 2021) ou les relais locaux dans les pays visés (62 % contre 53 % en 2021).

Lorsqu’ils sont prêts à s’entourer de professionnels de l’export, les dirigeants citent comme soutiens les plus légitimes :

• Les CCI (Chambre de Commerce et d’Industrie) : 62 % largement en tête

• Les fédérations professionnelles, à égalité avec les conseils habituels de l’entreprise (expert-comptable, avocats) : 35 % chacun

• Les entreprises de conseil : 33 %

Jean-Mathieu Sahy conclut : « La 2ème édition de ce Baromètre confirme l’appétence et l’impératif internationaux pour les PME françaises, qui restent, en nombre d’entreprises exportatrices, au 5ème rang européen. Malgré les incertitudes actuelles, cette analyse met en lumière plusieurs facteurs clés de réussite : le recours à des experts, un soutien renforcé sur le plan financier et administratif, et globalement un meilleur accompagnement des projets. C’est précisément la mission de Capital Export de pousser les PME des territoires à s’ouvrir à l’international. Fort de nos réalisations et des succès des PME que nous accompagnons depuis plus de 10 ans, nous affirmons que les PME peuvent développer leur activité en Europe, en Asie et en Amérique du Nord - à condition d’avoir une volonté profonde de le faire, d’affûter les offres par l’innovation, de savoir comment aborder ces marchés et d’y disposer d’un réseau efficace, particulièrement dans le contexte géopolitique actuel. Une culture export à développer à l’heure où se précisent les contours des choix économiques pour les prochaines années ».

Méthodologie
Étude barométrique destinée à analyser le rapport des entreprises à l’export, à identifier leurs difficultés et leurs besoins. Étude réalisée par OpinionWay pour Capital Export auprès d’un échantillon de 300 chefs d’entreprises dont le chiffre d’affaires est compris entre 10 et 100 M€. Les entretiens ont été réalisés par téléphone entre le 28 février et le 22 mars 2022.