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Croissance mondiale : Les dirigeants d’entreprise, 6 fois plus pessimistes que l’an dernier

Etudes Écrit par  vendredi, 08 février 2019 11:46 Taille de police Réduire la taille de la police Augmenter la taille de police
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Que savent les dirigeants d’entreprise de l’avenir ? Menée auprès de plus de 1 300 dirigeants d’entreprise dans le monde, la 22ème édition du baromètre annuel mondial « Global CEO Survey » de PwC donne des pistes sur le climat général des affaires en 2019.

Après une envolée historique de l’optimisme l’an passé, les chefs d’entreprise se déclarent pessimistes quant à la croissance économique mondiale. L’heure est au repli sur soi. Les conflits commerciaux, les incertitudes politiques préoccupent les dirigeants. Ces derniers doivent également relever le défi de la pénurie des talents dans un contexte technologique marqué par l’intelligence artificielle et la donnée.

Des perspectives de croissance mondiale en berne partout dans le monde

Près de 30 % des dirigeants d’entreprise estiment que la croissance économique mondiale devrait décliner au cours des 12 prochains mois, soit environ six fois plus que l’an dernier (5 %). Ce résultat contraste fortement avec le bond en avant record de l'optimisme de l’an dernier (de 29 % à 57 %) envers les perspectives de croissance de l’économie mondiale. 42 % des répondants tablent sur des perspectives de croissance positives, ce chiffre étant très inférieur à son niveau record de 2018 (57 %).

Ce pessimisme se retrouve partout dans le monde. L’évolution la plus marquée s'inscrit parmi les dirigeants en Amérique du Nord, où l’optimisme est passé de 63 % en 2018 à 37 %. Cette tendance est sans doute liée à la fin progressive des mesures d’incitation fiscales et à l’émergence de tensions commerciales. Le Moyen-Orient n'est pas non plus épargné par ce recul de l'optimisme (52 % à 28 %), reflet des incertitudes économiques locales croissantes. En Europe, 33% des dirigeants se montrent pessimistes contre 4% l’an passé.

Le pessimisme des dirigeants comme indicateur majeur des perspectives de croissance

L’analyse menée par PwC sur les réponses des dirigeants à l’enquête sur les dix dernières années montre que leur confiance envers les perspectives de croissance du chiffre d’affaires de leur entreprise est fortement corrélée statistiquement avec la hausse réelle du PIB mondial durant l’année suivante. Ainsi, la confiance des dirigeants dans leur propre croissance est un indicateur majeur de la croissance économique mondiale. Qu’en est-il pour l’année à venir ?

Ils sont seulement 35 % à se dire « très confiants » dans leurs propres perspectives de croissance pour les 12 prochains mois, contre 42 % l’an dernier.

Les États-Unis et la Chine continuent d’inspirer confiance malgré une baisse et l’incertitude marquée des dirigeants

Cette vague de morosité affecte également les plans de croissance au-delà des frontières. Les États-Unis conservent de justesse leur place de leader pour la croissance, à 27 %, soit une baisse significative par rapport à 2018 (46 %). La Chine, deuxième marché le plus attractif voit elle aussi sa popularité chuter (de 33 % en 2018 à 24 %). Dans un contexte européen incertain marqué par le Brexit, l’Allemagne passe de 20 % à 13 % et le Royaume-Uni de 15 % à 8 % en termes d’attractivité. Seule l’Inde (de 9 % à 8 %) semble tirer son épingle du jeu cette année : elle dépasse désormais la Chine en tant que championne de la croissance parmi les grandes économies1.

Dans un contexte de repli sur soi, les dirigeants sont préoccupés par des menaces conjoncturelles et non existentielles

En dehors de l’excès de règlementation qui reste la menace numéro 1 pour les dirigeants au niveau mondial (35%), les préoccupations des dirigeants ont évolué par rapport à l’an dernier. Les dirigeants cherchent à surmonter la vague de populisme qui déferle sur les marchés où ils sont présents. Ainsi, l’incertitude politique arrive en deuxième position (35%) juste devant la pénurie de talents (34%). Les conflits commerciaux2, les incertitudes politiques et le protectionnisme ont supplanté le terrorisme, le changement climatique et la hausse de la pression fiscale, qui figuraient parmi les dix principales menaces identifiées dans la précédente édition du baromètre.

Parmi les dirigeants « extrêmement préoccupés » par les conflits commerciaux, 88 % se disent plus particulièrement inquiets des tensions entre la Chine et les États-Unis. C’est le cas de 98 % des dirigeants américains et de 90 % de leurs homologues chinois. La majorité des dirigeants chinois, se disant « extrêmement préoccupés » par les conflits commerciaux, adopte une approche fortement réactive : ils sont 62 % à ajuster leur stratégie en matière de chaîne d’approvisionnement et de sourcing. Plus de la moitié (58 %) ajustent leur stratégie de croissance en direction de différents pays.

Intelligence artificielle : la pénurie de talents reste à pallier

L’enquête de cette année s’est penchée de façon approfondie sur l’intelligence artificielle (IA) et l’analyse des données. Ces deux domaines sont suivis de près par les dirigeants, qui espèrent en tirer des enseignements sur les défis à relever et les opportunités à saisir. Une grande majorité (85 %) des dirigeants considèrent que l’IA va radicalement transformer leur activité au cours des cinq prochaines années. Près des deux tiers estiment même que son impact sera plus grand encore que celui d’Internet.

Malgré l’engouement suscité par l’IA, 23 % des dirigeants n’ont « actuellement aucun projet » dans ce domaine et seuls 35 % ont des « projets en perspective » au cours des trois prochaines années. Un tiers (33 %) dit avoir adopté une « approche très limitée ». Moins d’un dirigeant sur dix a mis en œuvre l’intelligence artificielle à grande échelle.

S’agissant de l’impact de l’IA sur l’emploi, 88 % des dirigeants chinois estiment qu’elle remplacera plus de postes qu’elle n’en créera. Leurs homologues du reste de la zone Asie-Pacifique partagent cette vision à 60 %, contre 49 % au niveau mondial. Les dirigeants d’Europe occidentale et d’Amérique du Nord sont les moins pessimistes (38 % et 41 % respectivement).

S’agissant de l’analyse des données, les dirigeants sont toujours confrontés à l’insuffisance de leurs propres capacités dans ce domaine, d’où une importante pénurie d'information qui reste à pallier dix ans plus tard. Malgré des milliards d’investissements dans les infrastructures informatiques sur cette période, les dirigeants continuent d’affirmer ne pas recevoir les données exhaustives dont ils auraient besoin afin de faire des choix cruciaux pour la réussite à long terme et la durabilité de leur entreprise. Les principales raisons pointées sont la « pénurie de talents pour l’analyse » (54 %), les « silos de data » (51 %) et la « faible fiabilité » de ces données (50 %).

Comment remédier à la pénurie de talents ? Les dirigeants mondiaux s’accordent pour dire qu’il n’y a pas de recette magique. Près de la moitié (46 %) considère que cela passe par un important effort de formation tandis que 17 % citent également la possibilité de créer un puissant canal reliant directement l’entreprise aux établissements d'enseignement.

Méthodologie
PwC a réalisé 1 378 entretiens avec des dirigeants dans 91 pays entre septembre et octobre 2018. Cet échantillon est pondéré en fonction du PIB national afin de garantir une représentation équitable de l'opinion des dirigeants dans l’ensemble des principales régions pays du monde. Au total, 10 % des entretiens se sont déroulés par téléphone, 73 % en ligne et 10 % par voie postale ou en face-à-face. Tous les entretiens quantitatifs ont été menés de manière confidentielle. 48 % des entreprises déclarent un chiffre d'affaires d'un milliard de dollars ou plus ; 36 % des entreprises déclarent un chiffre d'affaires entre 100 millions et 1 milliard de dollars ; 15 % des entreprises déclarent un chiffre d'affaires jusqu’à 100 millions de dollars ; 59 % des entreprises sont privées.

1 Focus Economics, 2018. The World’s Top 10 Largest Economies (2019-2020).
2 Les dirigeants ont été interrogés sur les conflits commerciaux et les incertitudes politiques pour la première fois dans l'édition 2019 de l’étude.

 

 

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La rédaction

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