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Chômage des indépendants et des chefs d’entreprise, mythe ou réalité ?

Etudes Écrit par  mercredi, 27 janvier 2016 15:35 Taille de police Réduire la taille de la police Augmenter la taille de police
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L’Institut français d'opinion publique (IFOP) a mené pour le Groupe APRIL, la première édition de l’Observatoire des Pros, réalisée auprès des chefs de petites entreprises et travailleurs indépendants. Dans quel but ? Mieux connaître leur état d’esprit d’un point de vue personnel mais aussi professionnel. Cette 1ère édition s’attache notamment à aborder un sujet encore tabou : le chômage du dirigeant.

Cet Observatoire révèle ainsi de riches enseignements sur la perception des dirigeants à l’égard de cet événement toujours difficile à vivre et permet de mieux comprendre la réalité complexe des chefs d’entreprise. Leurs motivations, leurs craintes, leur appréhension du chômage, mais également leur capacité à rebondir, et leur niveau d’information en termes d’indemnisation : autant de thématiques abordées sans détour dans cette étude.

Le moral des dirigeants en demi-teinte
Le niveau de moral est plutôt bas puisqu’il se situe en moyenne à 6,3 sur le plan personnel et à 6,0 au niveau professionnel. Une note généralement considérée comme satisfaisante se situe entre 7 et 10 sur ce type d’échelle.
- Il y a les optimistes : les femmes et les jeunes dirigeants
46% : des dirigeants de TPE et indépendants voient l’avenir avec optimisme, 34 % d’entre eux se disent même confiants, et 22 % s’estiment même enthousiastes. Un état d’esprit qui varie selon l’âge du dirigeant et celui de l’entreprise. Les jeunes dirigeants (moins de 40 ans) et les femmes restent les plus optimistes puisque ces 2 catégories obtiennent respectivement la note de 7,1 et 6,6 sur le plan personnel, et 6,7 et 6,3 sur le plan professionnel.
- Et, il y a les autres
52% des dirigeants se disent pessimistes et redoutent la précarité financière. La confiance reste mesurée et prudente : 19 % des dirigeants se déclarent à la fois optimistes et pessimistes.

Le manque de perspective, la menace du chômage et la précarité affectent l’état d'esprit des dirigeants
- Le manque de visibilité et la précarité financière, sources d’inquiétude
La 1ère préoccupation des chefs d’entreprise se disant pessimistes est la crainte de se retrouver dans une situation financière précaire (38%). Cet état d’esprit concerne plus de la moitié (51 %) des chefs d’entreprises veufs, séparés, divorcés ou célibataires ; un phénomène qui démontre l’impact de la situation personnelle sur l’appréhension de la vie professionnelle.
Le manque de visibilité pour l’avenir est également l’un des principaux facteurs de pessimisme puisque 3 dirigeants sur 10 évoquent un carnet de commande pas assez rempli pour expliquer leur scepticisme.
- La peur du chômage existe bel et bien
Dans le détail, on s’aperçoit qu’un arrêt de l’activité s’avère une crainte plus forte chez certaines populations telles que les femmes (44 %), ou les quadragénaires pour lesquelles l’âge de la retraite est encore loin et une
éventuelle reconversion difficile à envisager. Certains secteurs se sentent également plus concernés, notamment le BTP où 1 dirigeant sur 2 redoute le chômage, ou encore dans le Commerce où 46 % des chefs d’entreprise reconnaissent craindre la fin de l’activité. Bien que les chefs d’entreprises de jeunes pousses (créés entre 3 et 5 ans) soient connus pour leur optimisme, 36 % d’entre eux reconnaissent avoir peur du chômage.
Néanmoins, entre Paris et la province, cette appréhension n’est pas aussi forte puisque 74 % des dirigeants de la région parisienne ne la considèrent pas comme une préoccupation importante.

Une expérience du chômage souvent de courte durée et une reprise d’un emploi en tant que... salarié !
- Des dirigeants très agiles face à une période de chômage
10 % des chefs d’entreprise ont déjà connu une situation de chômage au cours de leur carrière en tant que dirigeant. Parmi eux, plus d’1 sur 2 (53 %), a pu retrouver un emploi en moins de 3 mois. Des chefs d’entreprise qui de par leur expérience et leur réseau professionnel, ne peinent pas à retrouver une activité rapidement. Ce qui explique notamment que 73 % d’entre eux estiment que le chômage n’est pas une préoccupation majeure.

- Une activité retrouvée rapidement... mais en tant que salarié !
Est-ce par choix ou par nécessité ? Là est la question... en effet, seuls 17 % des dirigeants ont pu être indemnisés lors d’une période de chômage. Pour 83 % d’entre eux, retrouver une activité rapidement était donc primordial pour continuer à vivre normalement ; et dans cette situation, 56 % de ces dirigeants ont fait le choix d’une activité salariée, sans statut de dirigeant. Par ailleurs, quand ils ont la possibilité d’étendre leur période de chômage, les chefs d’entreprises reviennent plus massivement vers une activité salariée en tant de dirigeant : ils sont 33 % à faire ce choix quand leur période de chômage dure entre 1 et 2 ans, alors que ce chiffre passe à 13 % après moins de trois mois de chômage. Le temps semble permettre de reconstruire un projet.

Une méconnaissance des solutions en cas de perte d’activité
- Une précarité bien réelle et un manque d’information certain
Plus de 8 dirigeants sur 10 (83 %) qui ont connu une période de chômage, n’ont pas bénéficié d’allocation ; une réalité qui ne semble pourtant pas inquiéter ceux qui n’ont pas encore connu cette situation. Parmi ces derniers, 73 % n’éprouvent pas la crainte à se retrouver au chômage dans les 2 prochaines années. L’estimation du niveau d’allocation reste d’ailleurs très floue. En cas de coup dur, 26 % des dirigeants pensent qu’ils toucheront 50 % au moins de leur rémunération actuelle, 18 % misent plutôt sur 51 à 60 % de leur salaire, et ils sont 34 % à tabler sur une allocation de plus de 70 % de leur niveau de revenu actuel.

- Les dirigeants ne se prémunissent pas de la précarité financière due au chômage
86 % des chefs d’entreprise sont conscients qu’ils ne seront pas couverts, cependant ils ne prennent aucune disposition pour prévenir ce risque. Seulement 3 % ont prévu une assurance privée pour palier une situation de chômage.

Roger Mainguy, Directeur Général d’APRIL Santé Prévoyance, analyse : « Les dirigeants ont la crainte de se retrouver dans une situation précaire mais ne pensent pas au chômage... Pourtant, le risque existe bel et bien, et l’assurance chômage peut permettre de pallier ces situations inconfortables et ainsi offrir aux dirigeants la possibilité de prendre le temps nécessaire pour redéfinir un nouveau projet. Nous y avons d’ailleurs tous intérêt : ce sont en effet les PME et TPE qui dynamisent l’emploi aujourd’hui en France ».







 
Lu 3239 fois Dernière modification le jeudi, 28 janvier 2016 08:44
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