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Comment gérer la croissance ?

Comment gérer la croissance ?

Entrepreneuriat Écrit par  dimanche, 24 novembre 2019 17:29 Taille de police Réduire la taille de la police Augmenter la taille de police
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La croissance, tout le monde en rêve. Pourtant, le développement de l’entreprise, d’autant plus s’il est rapide ou soutenu, n’est pas sans poser des problèmes. Recherche de nouveaux financements, nécessité de recruter des collaborateurs, conquérir de nouveaux marchés à l’export sont autant de défis qui se posent aux dirigeants d’une entreprise en croissance. Voici donc un tour d’horizon des problématiques qui peuvent se poser et des solutions pour s’assurer une croissance sans nuages !

Il n’y a pas de modèle unique de croissance car tout dépend de l’histoire de chaque entreprise, de l’état d’esprit de ses dirigeants ou encore des moyens humains dont elle dispose. Cependant, des points communs existent. Une étude IFOP-KPMG de mai 2018 s’est intéressée aux PME françaises de plus de 3 millions d’euros de chiffre d’affaires et ayant connu une croissance annuelle moyenne minimum de 15 % sur les trois derniers exercices. Les Start-up ne sont pas les seules concernées, l’enquête portant également sur les « Scale up », ces entreprises à forte croissance dont le chiffre d’affaires est compris entre 10 et 50 millions d’euros, ainsi que sur les ETI au chiffre d’affaires supérieur.

L’export, voie royale

Premier constat, 60 % de ces entreprises en hypercroissance ont plus de dix ans. Autre point à noter, la croissance passe aussi par l’export puisqu’elles sont 40 % dans ce cas. C’est d’abord en interne que l’entreprise trouve les moyens de sa croissance puisque un dirigeant sur trois en hyper-croissance n’a pas eu recours à un financement externe au cours des deux dernières années. Cela se ressent au niveau de la stratégie d’entreprise : pour croître, il faut actionner les leviers internes à commencer par le capital humain, se concentrer sur son cœur de métier au lieu de se diversifier et garder toujours un œil sur la rentabilité. Les dirigeants en hypercroissance privilégient la croissance organique (90 %), la concentration sur le cœur de métier (76 %) et la croissance avec une priorité à la rentabilité (81 %).

Les obstacles à surmonter

Quelles sont les difficultés à surmonter en phase de croissance ? L’obstacle le plus important aujourd’hui est celui de la gestion des talents et des recrutements : six entreprises sur dix y sont confrontées. En deuxième position arrive la gestion du besoin en fonds de roulement et le financement de la croissance en général. Un grand classique puisque lorsque les commandes affluent, l’entreprise doit financer la production, livrer et enfin attendre, plus ou moins longtemps, le paiement. La solution la plus connue pour financer son BFR est bien entendu l’affacturage qui permet à l’entreprise d’obtenir des liquidités sans avoir à attendre le paiement de ses clients.

À noter aussi que le financement des opérations de croissance, comme par exemple le lancement d’une nouvelle stratégie digitale ou encore le recrutement de commerciaux pour développer l’export, n’est pas évident avec des prêts bancaires classiques. Les banquiers préfèrent toujours les investissements matériels - machines, équipements, bâtiments – plutôt que les investissements immatériels. Il faut donc réserver le recours à l’endettement bancaire aux investissements matériels qui restent intéressants dans un contexte de taux relativement bas.

En revanche, pour financer une croissance qui passe par le capital humain, le digital ou encore l’export, il faut se tourner vers d’autres solutions. L’equity, autrement dit l’entrée de nouveaux investisseurs dans le tour de table, est une possibilité qui a toutefois ses limites avec la dilution de capital qu’elle entraîne. Une autre piste à explorer est celle du crowdfunding ou financement participatif, davantage adapté aux projets petits et moyens. En outre, il existe des financements accessibles aux PME et ETI qui sont particulièrement adaptés aux entreprises en croissance.

Pensez au prêt obligataire

C’est notamment le cas du financement obligataire par la dette privée. Une opportunité trop souvent ignorée par les PME françaises alors que les possibilités de financement sont importantes. « Nous avons permis jusqu’ici 200 millions d’euros de financement obligataire auprès de PME/ETI françaises alors que nos 200 investisseurs privés présents sur la plateforme disposent de 3 milliards d’euros de crédits », fait remarquer Florence Vasilescu, CEO de FirmFunding. Cette Fintech permet la mise en relation, via une plateforme web fonctionnant comme une place de marché, d’investisseurs privés avec des entreprises porteuses de projets de croissance.

Or, en France, si le recours à la dette privée atteignait 70 % dans les grands groupes et 29 % dans les ETI, elle n’atteignait que 7 % dans les PME en 2016 malgré une hausse de cinq points en dix ans, selon une étude de la Banque de France, publiée en 2018. Un retard qui s’explique par le défaut de notoriété en France du financement obligataire, 33 % seulement des dirigeants de PME déclarant en connaître le principe selon un sondage Viavoice pour FirmFunding, réalisé cette année. Or, le fait d’émettre des titres obligataires dans le cadre de placements privés réservés à des investisseurs professionnels évite de passer par des procédures longues et coûteuses nécessitant le feu vert de l’AMF, l’Autorité des Marchés Financiers.

« L’intérêt du financement obligataire est aussi de pouvoir consacrer les sommes obtenues aux opérations de croissance, la dette privée étant remboursée in fine, l’entreprise n’ayant à payer que les intérêts de la dette jusqu’à l’échéance », conclut Florence Vasilescu. À la différence de l’emprunt bancaire qui s’effectue dans le cadre d’un amortissement, donc de remboursement plus important dès le départ.

Soignez le capital humain

Il ne faut pas forcément aller très loin pour trouver les ressources nécessaires à la croissance de son entreprise. Le plus souvent, elles sont même déjà là. D’ailleurs, le premier facteur endogène, cité par 40 % des entreprises interrogées dans l’étude sur l’hypercroissance de KPMG, reste la culture d’entreprise et l’état d’esprit des collaborateurs, avant les innovations produits (29 %), l’internationalisation de l’activité (22 %) et les investissements RH tels que les embauches et la formation.

En conclusion, c’est bien le capital humain qui est le principal moteur de la croissance, à condition de savoir en prendre conscience et de miser sur les talents de l’entreprise.

Lu 6578 fois Dernière modification le vendredi, 29 octobre 2021 09:58
Laurent Locurcio

Journaliste économique, il a notamment collaboré avec la presse spécialisée dont La Tribune, Le Point, Le Monde, LSA, Sport Eco, et bien entendu GPO Magazine. Il a également participé au lancement de titres de presse et a été rédacteur en chef  d’un important magazine d’entreprise. Auteur également de livres d’entreprises, il intervient aussi auprès d’étudiants en formation multi-médias.