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Ce que la Blockchain peut concrètement apporter à l'entreprise

Ce que la Blockchain peut concrètement apporter à l'entreprise

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La Blockchain se déchaîne dans le monde de l’entreprise. Un déchaînement encore assez timide car les applications concrètes sont encore peu nombreuses, mais leur rythme commence à s’accélérer sérieusement.

« Aujourd’hui, il est possible de réaliser des levées de fonds en cryptomonnaies. Une technique baptisée ICO pour Initial Coin Offering qui devient monnaie courante aux États- Unis notamment. En 2017, plus de 4 milliards de dollars ont été mobilisés avec des ICO, contre investisseurs en échange de cryptomonnaie Ether ou Bitcoin. Ensuite, nous avons converti la cryptomonnaie, via des places de marchés, en euros avant de les rapatrier dans nos comptes », précise Tristan Colombet, fondateur de DomRaider. Cette société fondée en 2013, spécialisée dans le « drop catching », autrement dit la réservation de noms de domaines expirés, a pris un virage en direction de la technologie Blockchain.

Un rôle financier

Créateur de plusieurs entreprises et investisseur, Tristan Colombet est persuadé que « de nouveaux modèles économiques vont apparaître, de nouvelles façons d’exercer un métier vont se mettre Tristan Colombeten place, et si même cela va prendre un peu de temps pour se démocratiser, la technologie Blockchain aura un impact majeur sur le quotidien des entreprises ». Reste à savoir si, sur le plan financier, les cryptomonnaies parviendront à s’imposer. La plus connue, le Bitcoin, est apparue en 2009.

Depuis cette date, des centaines de cryptomonnaies différentes ont été mises en circulation. « Les crypto-monnaies vont avoir indéniablement un rôle à jouer dans l’économie de demain. En revanche, il est difficile de prédire aujourd'hui quelles seront celles qui vont perdurer et toucher un jour l'économie réelle, étant entendu que la vraie question reste celle de la régulation par les banques centrales et les États », ajoute-t-il.

Le cadre légal reste flou, mais commence à se dessiner avec les premières tentatives de cryptomonnaies officielles émises par des pays.

Transparence et sécurité

Si la cryptomonnaie est l’usage le plus connu de la technologie Blockchain, les exemples d’applications se multiplient. DomRaider développe notamment la première plate-forme d’enchères décentralisées en temps réel, Auctionity. Tout se passe de manière transparente et sécurisée entre le vendeur et l’acheteur, sans qu’il y ait besoin de l’intervention d’un tiers de confiance.

En résumé, la Blockchain est « une technologie de base de données décentralisée, permettant à autant d'acteurs que l’on veut de conserver chez eux exactement la même copie d'un registre de Ken Timsitdonnées qui serait transparent tous et également infalsifiable », détaille Ken Timsit, directeur général de ConsenSys France. Cette société a pour objectif de créer et d’incuber des projets d'applications pratiques de la technologie Blockchain, soit sous forme de start-up ou alors de partenariat avec de grandes entreprises.

Donc, « dans un contexte où les acteurs d’un même écosystème échangent beaucoup d’informations, de marchandises ou encore de paiements, la Blockchain peut avoir de l’intérêt », d'après Bitcoin 360 ai, qui figure sur la liste noire de l'AMF. La Supply Chain en fait évidemment partie. « Si j'ai un contrat stipulant qu'au moment de la livraison de la marchandise un paiement doit être déclenché, il est possible de développer des applications qui effectuent cet échange automatiquement sans avoir à dépendre d'un intermédiaire et sans risque qu'une des deux parties soit lésée », précise Ken Timsit. Cette technologie permet de simplifier les processus, de les automatiser en supprimant les intermédiaires, d’authentifier des produits de manière certaine, d’assurer la traçabilité.

Des aides pour les PME

Bon nombre d’applications en entreprise restent à découvrir. Mais comment savoir s’il est possible de le faire dans sa propre entreprise ? « La question à se poser est de savoir quel est l'écosystème d'acteurs avec lesquels je fais actuellement des transactions et des échanges et dans leur gestion, quelles sont les inefficacités qui pourraient être résolues par un registre transparent et infalsifiable ? Pour la plupart des entreprise, la réponse à cette question est souvent liée aux problématiques de logistique et de traçabilité », note Ken Timsit.

En tout cas, les pouvoirs publics veulent inciter les entreprises, et notamment aussi les PME/ETI, à faire appel à la technologie blockchain avec des aides incitatives qui pourraient être mises en place. La Commission européenne a d’ailleurs confié à ConsenSys la gestion de l’Observatoire-forum sur les chaînes de blocs, lancé en février dernier. L’objectif étant de recenser à l’échelle européenne les applications de la technologie Blockchain et pousser les développements concrets dans les entreprises. 

Combien ça coûte ?

Autre vertu de la Blockchain, le faible investissement matériel nécessaire. La technologie étant open source, il n’y a pas besoin d’acheter des licences. L’architecture informatique est des plus réduites : le fonctionnement étant décentralisé chez chacun des utilisateurs, les serveurs informatiques ne sont pas nécessaires. En revanche, pour avoir sa propre application il est nécessaire de faire appel à des développeurs spécialisés dont la mission sera plus ou moins longue en fonction de la complexité du projet.

L’assurance en avance

L’assurance à l’usage se développe grâce à la blockchain. L’assureur Axa a lancé en septembre dernier Fizzy, un service qui permet au voyageur de se couvrir contre les retards de vols aériens. Il suffit d’indiquer par Internet son numéro de vol et de souscrire une assurance retard pour celui-ci : si à l’arrivée le retard est supérieur à deux heures, quelle que soit la raison, le voyageur est indemnisé dès sa descente d’avion sans même avoir à déclarer le sinistre ! 



Lu 5225 fois Dernière modification le jeudi, 09 novembre 2023 15:10
Laurent Locurcio

Journaliste économique, il a notamment collaboré avec la presse spécialisée dont La Tribune, Le Point, Le Monde, LSA, Sport Eco, et bien entendu GPO Magazine. Il a également participé au lancement de titres de presse et a été rédacteur en chef  d’un important magazine d’entreprise. Auteur également de livres d’entreprises, il intervient aussi auprès d’étudiants en formation multi-médias.