Imprimer cette page

Brexit : pourquoi le Royaume-Uni a vraiment besoin d’un accord commercial de transition avec l’UE ?

Évaluer cet élément
(0 Votes)

Selon Euler Hermes, leader mondial de l’assurance-crédit, sans accord de transition sur le commerce de biens et services entre l’UE et le Royaume-Uni, les défaillances d’entreprises britanniques pourraient fortement augmenter en 2019.

En effet, en 2019, le Royaume-Uni quittera officiellement l’UE, mais il faudra certainement plus de temps aux deux parties pour s’entendre sur un accord définitif de libre-échange. Un accord commercial de transition permettrait alors de prolonger les négociations bilatérales jusqu’en 2021. Durant cette période, le Royaume-Uni pourrait garder son accès au Marché Unique. En contrepartie, il continuerait à verser ses contributions à l’UE, se conformerait à certaines réglementations, et garantirait l’absence de contrôles migratoires entre les deux zones.

« Dans une certaine mesure, le résultat des élections générales a réduit le risque d’un Hard Brexit. Un accord de transition est le scénario le plus probable et les négociations devraient mener à un accord de libre-échange restreint. A court-terme, l’incertitude politique résultant du scrutin pourrait toutefois déclencher un accroissement de la volatilité financière et de nouvelles dépréciations de la livre, comme ce fut déjà le cas après le référendum de juin 2016 », analyse Ana Boata, économiste en charge de l’UE chez Euler Hermes.

Un accord commercial bilatéral transitoire décisif pour l’économie britannique

Dans sa dernière étude « The Taming of The Brexit », Euler Hermes prévoit différents scénarios pour l’économie britannique. Dans le pire des cas, si le Royaume-Uni quitte l’Union Européenne sans accord de libre-échange dès 2019, 3 300 défaillances d’entreprises britanniques supplémentaires pourraient être enregistrées cette même année. Cette hausse de +15% porterait le nombre total de défaillances britanniques à 25 100 en 2019.

Toutefois, si un accord transitoire de libre-échange est signé entre les deux parties, l’impact négatif pourrait être bien moindre. Les défaillances d’entreprises britanniques ne croîtraient que de +3% en 2019 (1 000 défaillances additionnelles), après une hausse de +5% en 2017 et +6% 2018. En parallèle, les investissements étrangers devraient reculer de -2,5%. Les exportations en valeurs continueraient de croître, de +1,6%. Une performance relativement faible, mais qui reste positive, compte tenu de la dépendance des entreprises britanniques aux biens importés et de la dépréciation de la livre.

Si aucun accord de transition n’est trouvé, et que le divorce définitif est prononcé, les pertes à l’export pour le Royaume-Uni en 2019 s’élèveraient à -30 Mds £ dans le secteur des biens et à -36 Mds £ dans les services. Cela équivaudrait à une contraction des exportations britanniques de -6% par rapport à 2018. Le niveau d’investissements étrangers devrait lui aussi être affecté, et chuter de -8%.

« A long terme, le Royaume-Uni sera clairement perdant si son accès au Marché Unique est restreint. Hausse des coûts de financement, désinvestissement, déclin significatif des exportations et nouvelles dépréciations de la livre : autant d’éléments qui accroîtront la pression sur les comportements de paiements, les chiffres d’affaires et les marges des entreprises britanniques », ajoute Ana Boata.

« Le nouveau gouvernement doit prendre les devants pour parvenir à cet accord de transition avec l’UE, car il sera impossible de négocier et ratifier simultanément la sortie du Royaume-Uni et un accord définitif de libre-échange d’ici 2019. En limitant l’incertitude réglementaire et en gardant inchangés les arrangements commerciaux en vigueur avec l’UE, l’économie britannique serait résiliente jusqu’en 2021. Cela laisserait en outre plus de temps pour parvenir à un accord commercial définitif satisfaisant pour les deux parties », analyse Ana Boata.

Selon Euler Hermes, le Royaume-Uni entrerait en récession dès 2019 en cas de Brexit sans accord de libre-échange avec l’UE, avec un PIB qui se contracterait de -1,2%. En revanche, un accord de libre-échange transitoire déboucherait sur un ralentissement, mais l’économie britannique continuerait de croître (+0,9%).

La France doit-elle espérer la signature d’un tel accord ?

Les entreprises françaises commerçant avec le Royaume-Uni, ou implantées au Royaume-Uni, seront forcément affectées par le Brexit, quelle qu’en soit l’issue, via trois canaux principaux : la dépréciation de la livre, le ralentissement de l’économie britannique, la hausse des défaillances d’entreprises attendue au Royaume-Uni dans les années à venir.

« En cas de signature d’un accord commercial transitoire, la France serait relativement épargnée par le Brexit. En 2019, dans un tel scénario, les pertes à l’export pour les entreprises françaises s’élèveraient à -600 millions d’euros, et les investissements croisés entre les deux pays seraient amputés de -1 Mds €. En revanche, si le divorce entre le Royaume-Uni et l’UE est prononcé dès 2019 sans accord de libre-échange, l’addition sera bien plus lourde pour la France. Les pertes à l’export représenteraient -2,9 Mds € en 2019, et les investissements croisés se contracteraient de -5,7 Mds € cette même année. Finalement, pour limiter l’impact du Brexit, les entreprises françaises doivent aussi espérer la signature d’un accord commercial provisoire », conclut Ana Boata.

Lu 2704 fois
La rédaction

Le service Rédaction a pour mission de sélectionner et de publier chaque jour des contenus pertinents pour nos lecteurs internautes à partir d’une veille approfondie des communiqués de presse pour alimenter les rubriques actualité économiques, actualités d’entreprises, études ou encore actualités sectorielles. Pour échanger avec notre service Rédaction web et nous faire part de vos actualités, contactez-nous sur redaction@gpomag.fr