Bruit et santé auditive au travail : l’ignorance des impacts du bruit sur l’être humain affaiblit toute l’économie
À la veille des retrouvailles au sein des entreprises, les experts de l’association JNA rappellent que les expositions sonores au travail sont non écologiques pour l’être humain et maîtrisables. Au coeur des enjeux sécurité, santé, QVT, performance se situe l’audition.
Mais entre tabous et fausses croyances, ce facteur clé demeure insuffisamment considéré par ignorance de ses vertus.
Voici 3 fausses idées qui contribuent à affaiblir le capital humain de l’ensemble des entreprises.
Fausse idée 1 : Le bruit au travail impacte la santé uniquement au-delà de 80 dB
Si l’on considère le bruit sous l’angle des effets purement auditifs, les mécanismes de l’oreille sont en danger imminent au-delà de 80 dB. Pour autant, les expositions sonores en dessous de ce seuil sont aussi source d’effets délétères dits « extra-auditifs ». Leur présence va générer un stress acoustique sur les cellules sensorielles en charge de transmission des informations au cerveau. Plus ce stress est important et plus les fonctions clés de l’audition sont momentanément déstabilisées : communication (bien entendre pour bien comprendre) ; l’alerte ; les émotions. Il s’agit là d’un facteur aggravant de stress, de pertes de concentration, de fatigue et de nervosité.
La question du bruit ne peut être réglée par les simples approches de confort au sens d’ambiances sonores agréables/désagréables car un son agréable est aussi source de quantité d’énergie et donc de stress acoustique. L’oreille ne s’habitue pas au bruit. C’est une autre notion importante pour comprendre la nécessité du port des PICB en milieux dits bruyants (au-delà de 80 dB).
Fausse idée 2 : Nous sommes impuissants face au bruit au travail
59 % des actifs en poste de travail déclarent être gênés par le bruit sur le lieu de travail et 80 % expriment un sentiment de lassitude en fin de journée. Pour la majorité, le bruit est la résultante des autres qui parlent forts ; de l’acoustique ; de l’open-space ; des matériels ; de prises de décision ailleurs. Il y a une forme de déresponsabilisation collective alors que l’enjeu se trouve dans la régulation commune et partagée. L’écologie positive se trouve au coeur du triptyque architecture/acoustique/aménagement – matériels – comportements.
À ce jour, il est possible de gagner sur chacun des points concomitant de ce triptyque quel que soit le secteur d’activité, le type d’aménagement et le corps social.
Fausse idée 3 : le télétravail va aider à réguler la question du bruit et donc réduire aussi ses impacts santé
Si auparavant, les réflexions laissaient penser que le télétravail mixé au présentiel permettrait de mieux gérer le bruit sur les espaces collectifs, ce qui est de facto logique si on considère le bruit comme le produit du volume de l’effectif de salariés sur place. Mais si on se positionne au niveau du filtre de la santé auditive, l’expérience que nous venons de vivre indique que les oreilles sont très sollicitées.
30% des télétravailleurs ont indiqué une gêne de compréhension de la parole en raison du bruit en télétravail. Les réunions successives se sont réalisées avec les écouteurs introduits dans les conduits auditifs. La quantité d’énergie physique supportée par l’oreille n’a donc pas diminué. Le stress acoustique ainsi exercé a contribué à la fatigue aux côtés des autres indicateurs exprimés par une hausse de la productivité des actifs en télétravail.
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