Vers des DRH « augmentés » au rôle plus stratégique

L’environnement de plus en plus digitalisé des ressources humaines pousse les DRH à évoluer vers une fonction « augmentée » par la technologie et dont la vocation est d’accompagner la transformation de l’entreprise en endossant un rôle plus important dans sa stratégie et sa performance.

Libérée de la gestion administrative des salariés par l’automatisation des process (bulletins de salaire dans des coffres-forts électroniques, plateformes numériques d’onboarding, d’offres de formations…) qui rendent les collaborateurs autonomes dans la gestion de leurs documents personnels, la fonction de DRH est amenée à jouer un rôle de plus en plus important au sein de l’entreprise.

« Grâce à la digitalisation de plus en plus poussée des process et à l’émergence de nouvelles technologies, comme l’IA ou le Big Data, les DRH vont devenir un rouage majeur dans la stratégie et la performance de l’entreprise », prédit Nicolas Récapet, vice-président exécutif en charge de la RH chez Talan, groupe de conseil et d’expertise technologique.

La fonction RH, nouveau catalyseur de la transformation de l’entreprise

Travaillant dans un environnement digitalisé et assistée désormais par l’IA, la fonction évoluera d’abord vers un DRH « augmenté » par la technologie. « En s’appropriant progressivement l’usage des outils digitaux et des technologies émergentes, la fonction RH s’imposera comme le nouveau catalyseur de la transformation digitale de l’entreprise et aura la capacité d’accompagner les autres fonctions de l’entreprise dans cette transformation », souligne Nicolas Récapet.

Autrement dit, augmenter la fonction RH, c’est lui donner les moyens d’anticiper et de préparer au mieux les transformations de demain. « Les DRH se recentrent davantage sur l’humain en accompagnant les salariés dans leur parcours professionnels et leur montée en compétences. Ils endossent ce rôle stratégique de préparer l’avenir en anticipant les besoins futurs de l’entreprise », expose Anaïs Jacquot Traxel, Group talent manager chez Lincoln, société de conseil en RH.

Les données RH, un élément clé pour les directions générales

L’énorme volume de données des collaborateurs dont vont disposer les DRH deviendra aussi un élément clé pour les directions générales. « En maîtrisant l’ensemble des données, les DRH pourront apporter aux dirigeants des éléments pertinents sur la force de travail de leur organisation. L’IA leur permettra également de transmettre aux dirigeants, des informations justes et précieuses sur les compétences, l’engagement des salariés et le besoin de recrutement en adéquation avec le développement de l’entreprise », explique Bouchra Roby, associée Workforce chez PwC France et Maghreb.

En détectant par exemple les signaux faibles de désengagement de certains collaborateurs, l’IA permettra de sonder le niveau de leur satisfaction et d’ajuster en conséquence des plans d’actions correspondants mieux à leurs attentes.

Un lien direct entre engagement des salariés et performance de l’entreprise

« Le lien entre les compétences des salariés et les objectifs stratégiques de l’entreprise sera de plus en plus fort et la performance économique de l’entreprise dépendra plus encore de l’engagement des salariés. Le renforcement de ces deux interdépendances rapprochera davantage à l’avenir les DRH des dirigeants », expose Bouchra Roby.

À tous les niveaux de maturité, les DRH aspirent déjà à renforcer le partenariat stratégique avec la Direction Générale, indispensable pour piloter la transformation du capital humain vers une entreprise durable et innovante. « On s’oriente à moyen-long terme vers un binôme DG-DRH encore plus fort à la tête des entreprises », conclut Nicolas Récapet.


Chez Sebach France, la DRH se mue en gestionnaire de projet

« La digitalisation de nos process nous a permis de dégager du temps pour nous concentrer sur d’autres sujets comme la gestion des talents ou l’accompagnement au changement », indique d’entrée Anaïs Albanese, DRH de Sebach France, société de location de sanitaires mobiles pour le BTP et l’évènementiel.

Mise en place de comités de carrière, montage de plans de formation en lien avec les besoins opérationnels, attribution d’une prime à la cooptation, renforcement de la marque-employeur… sont ainsi autant d’activités RH plus recentrées sur l’humain permises par l’automatisation des process.

« Aujourd’hui, un DRH devient un gestionnaire de projet. Il évolue ainsi vers un rôle plus stratégique en alignant les compétences des collaborateurs aux objectifs de développement de l’entreprise et en participant davantage à sa performance », explique-t-elle.

Et demain ? « À plus long terme, il occupera un poste stratégique au côté du directeur général, car on lui demandera de comprendre davantage les enjeux du business de l’entreprise », estime Anaïs Albanese.

 

Bruno Mouly

Journaliste économique, avec près de 20 ans d'expérience en journalisme économique et en communication d'entreprise. Spécialisé en numérique, achats logistiques et mobilité. Il collabore également avec les Échos et le JDD.

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