Comment faire face aux défis de la transition énergétique

L’augmentation brutale des prix du gaz et de l’électricité se conjugue avec la nécessité de réduire, sur le long terme, les consommations énergétiques pour limiter les rejets de gaz à effet de serre. Industrie, logistique, numérique, agro-alimentaire, bâtiment : tous les secteurs d’activité sont concernés par la sobriété énergétique.

Face aux conséquences de la guerre en Ukraine, les PME, ETI et grandes entreprises n’ont plus le choix et doivent mettre en place des plans d’économie d’énergie. De plus, la raréfaction et la pénurie ne sont pas des défis transitoires et des mesures de sobriété devront être engagées de manière pérenne.

Les aides annoncées en octobre par le Gouvernement ne sont pas conditionnées à des actions de réduction d’énergie obligatoires, des mesures dont l’efficacité dépendra du bon vouloir de chaque entreprise et de leurs salariés.

Sofia BenqassemLe numérique représenterait 4 % des gaz à effet de serre (GES), et une étude conjointe de l’Ademe et de l’Arcep indique que ce chiffre augmente de 9 % par an et pourrait être multiplié par deux d’ici 2025, au vu des usages actuels du numérique (données, Cloud, Internet des objets, etc.).

La transformation numérique fait fortement appel aux services Cloud, hébergés dans les Datacenters dont les consommations électriques sont importantes.

« Peut-on envisager une évaluation sérieuse de l’empreinte environnementale des services numériques sans mesurer celle des Datacenters ? Le marché doit se préparer aujourd’hui à ce qui sera sans aucun doute une obligation demain », alerte Sofia Benqassem, cheffe de projet APL Data Center.

Pour informer les utilisateurs sur leur empreinte carbone dans le domaine du Cloud, il faut disposer de données, absentes à ce jour. Une collecte difficile car, comme le rappelle Sofia Benqassem, il existe différents types de Datacenters dont les caractéristiques peuvent varier : taille du Datacenter, architecture (bâtiment neuf versus rénovation), systèmes de refroidissement (free cooling, free chilling, immersion…), lieu d’implantation (mix énergétique du pays d’implantation) ou encore taux de charge du Datacenter.

Alric Marc fondateur dEficiaL’accès aux données réelles de consom mation des serveurs physiques, équipements réseaux, solutions de refroidissement, etc., n’est pas facile car il n’existe aucune norme commune de mesure.

Des gisements d’économie dans les bâtiments

Chauffage, climatisation, éclairage, ventilation, beaucoup de leviers peuvent être actionnés pour réduire et optimiser les dépenses énergétiques dans les bâtiments. Les solutions technologiques sont une partie de la réponse.

« Le pilotage de nos outils repose à la fois sur de l’intelligence que nous développons en interne (on parle de scripts intelligents ou d’algorithmes intelligents), et bien évidemment sur l’expertise de nos énergéticiens. Ces scripts (codes) permettent de prédire, d’anticiper les scénarios de fonctionnement – notamment en fonction des prévisions météo – et nos énergéticiens eux sont garants de la mise en oeuvre des scénarios et apportent leur expertise finale », explique Alric Marc, fondateur d’Eficia, éditeur d’outils de suivi et contrôle des consommations.

Ce système de pilotage est géré à distance en permanence par la plateforme d’Eficia qui situe entre 15 et 40 % les économies d’énergie réalisées.

Le Groupe Bils-Deroo, transport logistique, a finalisé un premier projet en 2020, qui lui permet de réduire sa facture énergétique de 8 % à 10 %, en agissant sur la diminution du nombre de kWh consommés et en optimisant l’exploitation.

Autre cas d’usage d’Eficia, celui de Leroy-Merlin qui peut être adapté à d’autres organisations de travail plus petites pour l’optimisation en temps réel des équipements de CVC (chauffage, ventilation et climatisation) et d’éclairage dans les points de vente.

S’allier dans une démarche RSE avec ses fournisseurs

Les acteurs industriels, fortement impactés tant par la hausse des matières premières que par la hausse de l’énergie, cherchent pour certains à comprendre les modèles économiques de leurs fournisseurs et à s’allier dans une démarche RSE commune.
Christophe Chapelle

Pour exemple, les acteurs de la filière éditique et leurs donneurs d’ordre ont mis en place des questionnaires qui permettent de visualiser l’empreinte carbone de la filière et de la décrire au niveau de chaque maillon de la chaîne.

« Avec des cabinets, nous avons mis en place des questionnaires auprès de la chaîne de fabrication éditique en créant un partenariat fournisseurs/ fabricants pour mettre en place une démarche RSE », détaille Christophe Chapelle, responsable pilotage, éditique & exploitation applicative chez Matmut.

BNP Paribas a quant à elle fait passer des questionnaires « pilote » auprès de ses fournisseurs pour analyser le bilan carbone, la gestion forestière, l’impact sur le vivant, la gestion des déchets, de l’eau,… de la prestation fournie. Les donneurs d’ordre cherchent ainsi à mettre en place des axes de réflexion stratégiques pour assurer leur avenir économique, tout en répondant aux enjeux sociétaux et environnementaux.

Au-delà des mesures d’affichage et du « greenwashing »

« Il ne fait en effet aucun doute que les sociétés qui afficheront rapidement leur impact environnemental, ainsi que les actions qu’elles mettent en place pour les réduire, disposeront d’un avantage concurrentiel vertueux par rapport à celles qui ne le feront pas », affirme Sofia Benqassem.

Aujourd’hui, la contrainte légale, la communication et le marketing sont les seuls leviers actifs de la sobriété numérique. La RSE (Responsabilité sociale et environnementale), souvent une action d’affichage, est représentée au sein du Comité exécutif de 63 % des grandes entreprises, selon le dernier baromètre RSE publié par Vendredi, une plateforme d’engagement citoyen des entreprises.

Cependant les ressources financières allouées sont faibles, encore plus dans les PME et ETI. Beaucoup de ces dernières ne savent pas, à ce jour, comment mesurer leur bilan énergétique et encore moins comment engager les actions de sobriété nécessaires.

Les solutions technologiques ne suffiront pas face à l’urgence climatique alors que le dernier rapport du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) indique que nous devrions atteindre 1,5 degré de plus d’ici 2030. Or, nous sommes déjà à 1,1 degré, une valeur au-dessus des estimations passées, ce qui demande des mesures urgentes de sobriété énergétique.

La réduction des consommations énergétiques suppose l’engagement des citoyens, des entreprises de toutes tailles et des salariés, et est indispensable. Sans attendre des mesures légales contraignantes et assorties de sanctions. 

PARTENAIRE DU DOSSIER
MIE Mutuelle

MIE Mutuelle

« Depuis 1945, MIE (Mutuelle Intergroupes d’Entraide) agit au quotidien pour l’amélioration de la complémentaire santé de ses adhérents mutualistes ».

MIE est une mutuelle spécialisée en santé collective, plus de 300 entreprises lui font confiance. La force de MIE est sa proximité avec les entreprises, par un interlocuteur dédié. Sa taille humaine lui permet également d’être proche de chaque salarié.

Pour en savoir plus : www.mutuelle-mie.fr/entreprises

 

 

L’engagement sobriété des acteurs du numérique et des télécommunications

  • Les engagements qui sont censés réduire les consommations énergétiques d’un facteur 10 par rapport à la consommation de l’année 2019 d’ici fin 2023, portent sur deux principaux niveaux : D’une part il y a les engagements en rapport avec le fonctionnement interne de l’entreprise. Cela inclut la gestion des locaux, et notamment le chauffage qui représente 50 % des dépenses d’énergie des bureaux. Sont aussi concernés le stockage et la gestion des données au sein de l’entreprise. Les postes de travail et la connectivité consomment beaucoup d’énergie. Le personnel doit être impliqué sur ce point.
  • D’autre part, il s’agit des engagements sur les produits et services fournis par l’entreprise. Ce sont des déclarations d’intention de la part des prestataires de services Cloud qui suppose un bilan carbone et un calcul des consommations.

Autres points plus flous ou difficiles à mettre en oeuvre, les acteurs s’engagent à travailler sur des versions allégées des sites Web. Du côté des opérateurs de télécommunications, il est prévu de désactiver les canaux de fréquences radio non utilisées, quand le trafic le permet.

Le streaming vidéo, tels que ceux de YouTube ou de Netflix, est un point très important à surveiller et à limiter. Il aurait généré en 2018, selon le Think tank The Shift Project, autant de gaz à effet de serre que l’Espagne. Un chiffre en augmentation constante.

Source : www.economie.gouv.fr/engagement-sobriete-numeriqueengagement-sobriete-numerique

 

Rationnaliser ses outils pour réduire son impact sur l’environnement

Consommations denergie brute par grands secteursLes plateformes de services de contenu les plus avancées connectent dynamiquement le contenu et rationalisent les flux de travail, permettant ainsi de réduire leur impact environnemental.

C’est ainsi que GRDF a adopté une solution de gestion et d’échange de document développée par Hyland (via sa plateforme en Open Source Alfresco). En simplifiant la gestion et le partage de documents internes et externes, GRDF a rationnalisé ses outils et a réduit son impact sur l’environnement.

En simplifiant la gestion et le partage de documents internes et externes, GRDF a rationnalisé ses outils et a réduit son impact sur l’environnement. Désormais, la plateforme est utilisée tant pour la relation client, les études et les travaux, les interventions de techniciens, les comptes rendus et l’envoi de photos mais aussi la RH interne à GRDF.

« L’avenir est celui des référentiels partagés et des API communes qui peuvent être mieux réalisés avec des plateformes technologiques de services de contenu Cloud réactifs », réagit Tim Hood de Hyland.

Serge Escalé

Journaliste indépendant spécialisé IT depuis 1995Le Monde informatique, Le Figaro, Les Echos, Itespresso, Le MagIT, Silicon.fr, GPO Magazine

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