Transformation digitale : les entreprises doivent accélérer

Les entreprises françaises, et plus particulièrement les industries, font face à des enjeux toujours plus nombreux et critiques : compétitivité accrue, mondialisation, pénurie de main-d’œuvre, numérisation, exigences réglementaires, transition énergétique et développement durable. Autant de défis que la transformation digitale peut les aider à relever.

Si jusqu’à présent le principal moteur de l’écart de productivité croissant entre l’UE et les États-Unis a été le numérique, l’Europe pourrait bien continuer à se laisser distancer encore davantage dans les années à venir si elle ne réagit pas.

« Cet écart de près de 30 points de PIB entre le vieux continent et les États-Unis vient essentiellement de la trajectoire digitale offensive des États-Unis et de la capacité de ses entreprises à mettre davantage de numérique dans les processus métiers et les industries », explique Alain Garnier, président et cofondateur de Jamespot, spécialiste français des outils collaboratifs dans le Cloud.

Un état des lieux expliqué dans le rapport Draghi sur l’avenir de la compétitivité européenne publié en septembre dernier, qui stipule que « l’Europe n’a pas su tirer parti de la première révolution numérique menée par l’Internet, à la fois en termes de création de nouvelles entreprises technologiques et de diffusion des technologies numériques dans l’économie. Si l’on exclut le secteur technologique, la croissance de la productivité de l’UE au cours des vingt dernières années serait largement comparable à celle des États-Unis ».

L’Europe apparaît donc à la traîne en ce qui concerne les nouvelles technologies à même de stimuler la croissance à venir.

En ce qui concerne la France, la Commission européenne pointe du doigt son manque de performance en matière de transformation numérique des entreprises, notamment des PME (Rapport sur l’état d’avancement de la France, qui s’inscrit dans le cadre du plan « Décennie numérique », publié en juillet 2024).

En 2023, 52 % des PME françaises avaient un niveau « d’intensité numérique de base », contre 57,7 % en moyenne dans l’UE. L’organe européen constate aussi que seulement 12,7 % des PME vendent leurs produits sur Internet, soit l’un des taux les plus faibles de l’UE.

Une compétitivité accrue

Au-delà de rattraper ce retard par rapport notamment aux autres pays de l’UE et des États- Unis, la transformation digitale des entreprises et en particulier des industries en France est d’autant plus urgente à mener qu’elles font face à de nombreux défis.

Pierre Hartmann« La concurrence internationale, notamment avec des pays à bas coûts de production, oblige les entreprises à innover et à améliorer leur efficacité pour rester compétitives, explique ainsi Pierre Hartmann, Senior Pre-Sales chez Forterro, éditeur et intégrateur d’ERP adaptés aux industriels. En parallèle, les chaînes d’approvisionnement mondiales sont vulnérables aux crises, comme celles causées par la pandémie ou les tensions géopolitiques, incitant à une réévaluation des modèles de production. Depuis quelques années, de nombreux secteurs industriels souffrent également d’une pénurie de travailleurs qualifiés sur certains métiers (chaudronnier, soudeur et technicien de maintenance par exemple), ce qui induit une diminution de la productivité opérationnelle et compromet la satisfaction client ».

Une réglementation de plus en plus contraignante

À ces problématiques s’ajoute un cadre réglementaire de plus en plus complexe, notamment en matière de protection des données, de RSE et de normes environnementales.

« La RSE est un enjeu que de nombreuses entreprises, en particulier du secteur industriel, placent désormais sur le haut de la pileexplique Laurent Guillot, directeur général d’Oxalys, éditeur de logiciels et spécialiste des achats et des engagements. Les sujets de décarbonation, de mesure de l’empreinte carbone et de mise en place d’indicateurs RSE sont particulièrement d’actualité, d’autant que la réglementation sur la Corporate Sustainability Reporting Directive (CSRD) oblige ou va obliger un certain nombre d’entreprises à publier des rapports extra-financiers ».

« Avec les objectifs de réduction des émissions de CO2 et de lutte contre le changement climatique, les industries doivent adopter des pratiques plus durables et investir dans des technologies vertesajoute pour sa part Pierre HartmannCes nouvelles stratégies responsables représentent un investissement humain et économique non négligeable, compensé en partie par des clients et consommateurs finaux de plus en plus exigeants et sensibles aux produits éthiques et durables ».

Parallèlement, la mise en place de la réforme sur la facturation électronique représente également une réglementation contraignante pour les entreprises, quel que soit leur secteur d’activité. Selon le calendrier de la réforme, toutes les entreprises devront être en capacité de recevoir des factures électroniques en septembre 2026.

À cette même date, les grandes entreprises et les ETI devront également être en mesure d’émettre des factures électroniques. Une obligation qui concernera toutes les autres entreprises à compter de septembre 2027.

« La facturation électronique est un véritable enjeu pour nos clients qui s’interrogent actuellement beaucoup sur le sujet, constate Céline Crelerot, responsable Marketing & communication chez Infologic, éditeur et intégrateur de solutions logicielles pour l’industrie agroalimentaire notamment. Nous travaillons à l’automatisation de leurs processus de facturation pour gérer cette nouvelle contrainte réglementaire ».

La digitalisation, une réponse aux enjeux des entreprises

« Le dernier enjeu, qui pourrait bien être une réponse salvatrice aux défis énoncés précédemment, est bel et bien la digitalisation , indique Pierre HartmannL’intégration des nouvelles technologies, comme l’Intelligence Artificielle et l’IoT, est déterminante pour améliorer la productivité, bien qu’elle nécessite des investissements significatifs et une adaptation des compétences pour penser et maîtriser ces nouveaux outils ».

Sans aller si loin sur ces technologies innovantes, la transformation digitale des entreprises passe en premier lieu par la mise en place de solutions de gestion adaptées aux problématiques métiers et à l’organisation de l’entreprise, adaptables en fonction de ses enjeux et contraintes (évolutions réglementaires, développement de l’entreprise à l’international, mise en place d’une nouvelle ligne de production…).

Cependant, ces mêmes technologies soulèvent également des nouvelles problématiques pour les entreprises, dont celles liées à la sécurité des données.

« La cybersécurité est un sujet omniprésent pour toutes les entre- prises qui s’équipent de solutions digitales, explique à ce sujet Guillaume Rejou, directeur marketing produit, BU Finance chez Cegid, éditeur de logiciels de gestion. C’est d’ailleurs tout particulièrement le cas dans les entreprises industrielles pour lesquelles une cyberattaque peut conduire à l’arrêt de leur chaîne de production. Or, dans ce cas, il peut être compliqué, voire impossible, d’avoir une solution de backup pour assurer une continuité d’activité ».

De même, la digitalisation soulève également un enjeu de souveraineté numérique. « Dans le cadre de leur transformation digitale, les entreprises doivent réduire autant que possible leur dépendance aux technologies étrangères »ajoute Guillaume Réjou.

Enfin, les technologies soulèvent également des enjeux sociaux. En effet, certains collaborateurs dans les entreprises n’ont pas forcement accès aux outils numériques proposés. « C’est par exemple le cas des ouvriers en usine qui n’accèdent pas forcément aux mêmes outils d’information ou de communication que ceux dans les bureauxprécise Guillaume RéjouDe même, la mise en place d’outils digitaux nécessite une conduite du changement, des formations des utilisateurs ».

Si la transformation digitale est aujourd’hui un passage obligatoire pour toutes les entreprises, il convient néanmoins de veiller à ce qu’elles ne génèrent pas de risques supplémentaires, ni de fractures sociales au sein des organisations.

Les principaux enjeux actuels rencontrés par les entreprises industrielles sont à 40% le remplacement de solutions et systèmes technologiques obsolètes, à 36% le manque de soutien au niveau gouvernemental, à 35% la protection de la Supply Chain et à 34% des incertitudes au niveau économique et de la politique mondiale.32% des entreprises industrielles déclarent que la rétention et l’acquisition de talents est également un enjeu actuel majeur.

Source : Forterro, Etude « Digitalisation des entreprises industrielles françaises : entre adoption croissante et résistance au changement », juin 2024.

 

La rédaction

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