Stress, retards, impact sur les loisirs… quelles sont les difficultés rencontrées par les actifs des métropoles françaises en termes de trajet domicile-travail
Newton Offices, acteur des bureaux opérés en régions, lève le voile sur les habitudes des Français en matière de trajet domicile-travail en 2024 et sur le contraste des conditions de mobilité entre Paris et les métropoles régionales françaises. L’étude “Les actifs des métropoles et le trajet domicile – travail” réalisée par l’institut OpinionWay pour Newton Offices montre que les Français sont encore très dépendants des modes de transport individuels (voiture, moto, scooter) même s’ils aimeraient opter pour des solutions plus écologiques.
Les métropoles qui souhaitent développer les mobilités douces peuvent activer des leviers ne nécessitant pas de travaux d’envergure : les bus, vélos électriques en libre service ou encore le covoiturage sont attendus par les Français (et pas seulement les jeunes générations).
La moitié des Français estime que leur trajet domicile-travail est trop long
L’étude OpinionWay pour Newton Offices révèle un écart notable entre la satisfaction apparente et les attentes réelles des actifs dans les principales métropoles. Bien que la durée moyenne des trajets soit de 31 minutes (37 minutes en Île-de-France, 26 minutes en régions), la durée idéale exprimée par les travailleurs est nettement inférieure (19 minutes). Ce décalage souligne une tension sous-jacente : un actif sur deux (50%) estime que son trajet quotidien est excessivement long.
Autre constat, plus d’un quart des actifs constate une augmentation de la durée de ces trajets au fil des années (28%), signalant une pression croissante sur le quotidien et un besoin d’alternatives. Pour aller plus loin, la moitié des sondés pense que la situation ne va pas s’améliorer dans les trois prochaines années, avec une durée de trajet inchangée (50%), voire qui va augmenter (19%).
Des trajets qui pèsent de plus en plus
Les résultats du sondage révèlent des différences marquées dans la perception et la satisfaction des trajets domicile-travail entre les résidents de la région parisienne et ceux des autres métropoles françaises. Alors que seulement 36% des Franciliens parviennent à atteindre leur lieu de travail en moins de 30 minutes, ce chiffre monte à 63% pour les actifs des autres régions. Un écart significatif dans l’expérience de mobilité urbaine, surtout quand on voit qu’au-delà de 30 min de trajet, 73% des sondés se déclarent insatisfaits de leur temps de trajet.
L’étude souligne également l’impact des trajets sur les décisions personnelles et professionnelles majeures. Le trajet domicile-travail est un sujet plus important qu’avant pour 68% des Français, et 88% des actifs déclarent que la durée des trajets influence significativement leurs choix de déménagement ou de changement de poste.
“On voit bien que les choses ont changé, le temps de trajet est désormais un critère majeur pour les Français avec un impact direct sur leurs choix de vie”, déclare Guillaume Pellegrin, fondateur de Newton Offices. “Une entreprise ne peut plus choisir l’emplacement de ses bureaux à la légère. Au même titre que le confort des espaces de travail, l’accessibilité est aujourd’hui un enjeu majeur pour attirer des talents et fidéliser ses collaborateurs”.
Le bus plébiscité par les habitants des Métropoles
En 2024, les habitants des métropoles françaises se trouvent à la croisée des chemins dans leurs choix de mobilité. Malgré une préférence continue pour la voiture, utilisée quotidiennement par 37% des sondés (54% au moins une fois par semaine) et en tête des modes de transport considérés comme les moins stressants (à égalité avec le vélo), les deux tiers de la population (63%) aimeraient se tourner vers des alternatives plus écologiques.
Ainsi, 66% des interrogés aimeraient utiliser le bus quotidiennement si un service fiable et abordable était disponible à proximité. Pour les métropoles souhaitant limiter l’utilisation des véhicules individuels, les flottes de vélos et trottinettes électriques en libre service sont également une bonne piste, respectivement citées par 40% et 27% des sondés.
A noter que le covoiturage représente une réelle alternative à développer. Ce mode de trajet est attendu par 33% des actifs en France (41% chez les moins de 45 ans). Cette tendance se vérifie surtout dans les métropoles régionales (39%) où, face à une offre de transport moins dense, le covoiturage se distingue comme une option privilégiée, témoignant de la recherche de solutions à la fois écologiques et collectives. Montpellier (48%) et Rennes (46%) sont les deux métropoles les plus demandeuses de solutions de covoiturage.
Trajet domicile-travail : les femmes moins stressées que les hommes
Parmi les enseignements de ce sondage, on perçoit de vraies différences de perception et d’appétence entre hommes et femmes au sujet du trajet domicile-travail. Tout d’abord, les femmes sont plus nombreuses à se déclarer très satisfaites de leur temps de trajet (34% contre 24%). Elles sont également moins stressées par leur trajet (43% contre 49% chez les hommes) et redoutent moins leur trajet quotidien que leurs homologues masculins (51% contre 58%).
Ce sondage montre aussi que les hommes sont prêts à accepter un trajet 15% plus long que les femmes (20,3 min contre 17,7 min). Aussi, à choisir entre plus de télétravail et un trajet domicile-travail plus agréable, les femmes opteraient nettement pour plus de télétravail (63%) que les hommes (42%). Enfin, malgré ces points de divergence, on voit que le trajet quotidien reste un point primordial tant pour les hommes que pour les femmes puisqu’ils opteraient tous deux en majorité pour un salaire équivalent avec un trajet domicile-travail plus agréable (66%) plutôt qu’un salaire légèrement plus élevé avec un trajet domicile – travail nettement plus difficile.
Les jeunes, pas si bons élèves
Au-delà des différences homme/femme, le sondage Opinion Way pour Newton Offices établit des divergences entre les générations. Les moins de 35 ans utilisent globalement plus les transports en commun que leurs aînés, mais ils semblent aussi plus flexibles puisqu’ils utilisent plus de moyens de transport différents pour se rendre au travail sur une semaine.
Parallèlement, et contrairement aux idées reçues, les plus de 50 ans ne sont pas plus adeptes de la voiture que la nouvelle génération. Ils sont en effet 44% à utiliser leur véhicule au moins une fois par semaine pour se rendre au bureau, contre 56% pour les moins de 35 ans. En revanche, on voit bien que le trajet domicile-travail est plus important pour les plus jeunes qui sont 66% à redouter quotidiennement leurs problèmes de trajet (contre 47% des plus de 50 ans), 71% d’entre eux affirment par ailleurs avoir déjà renoncé à des loisirs avant ou après le travail à cause du temps de trajet (contre 30% chez les plus de 50 ans).
Nantes et Toulouse, champions de la mobilité urbaine, Bordeaux et Nice se démarquent à leur manière
On a vu que les habitants du Grand Paris était globalement moins bien lotie que leurs compatriotes installés en régions, notamment avec des temps de trajet plus longs (37 min en moyenne contre 25 min), et qui entraînent davantage de stress au quotidien (55% des Franciliens arrivent régulièrement stressés au bureau contre 35% en régions).
On constate également des différences notables au sein des 9 métropoles régionales sondées. Au niveau du stress par exemple, Rennes (25%), Toulouse (26%) et Montpellier (28%) sont les villes où les habitants se déclarent le moins stressés par leur trajet, à la différence de Lille (46%). Ensuite, c’est à Aix-Marseille qu’on utilise le plus sa voiture, 75% des habitants déclarent l’utiliser chaque semaine pour se rendre au bureau. Mais c’est aussi à Aix-Marseille que les temps de trajet sont les plus courts (23 minutes, à égalité avec Toulouse et Rennes) et que les habitants se déclarent les plus satisfaits de leur trajet (41% de très satisfaits), suivis de près par les Montpelliérains (38%) et les Nantais (37%).
Les Bordelais sont quant à eux les plus concernés par les enjeux environnementaux. 72% des habitants de la métropole bordelaise aimeraient utiliser des modes de transport plus écologiques pour aller au travail (contre 63% en moyenne en France). C’est aussi, à égalité avec Toulouse, à Bordeaux que l’on utilise le plus le vélo pour se rendre au bureau de manière quotidienne (12% contre 8% au niveau national). En revanche 35% des Bordelais estiment que leur trajet a augmenté ces 3 dernières années contre 28% au niveau national. Enfin, pour terminer sur les deux-roues, Nice est de loin la métropole régionale où l’on utilise le plus les motos ou scooters quotidiennement (31% contre 20% en moyenne en régions). Les Niçois sont ainsi plus proches de ce que l’on constate à dans le Grand Paris (32%).
Globalement, si on considère les principales questions liées aux opinions relatives sur le trajet domicile-travail, Nantes et Toulouse tirent leur épingle du jeu. Les habitants y sont moins nombreux à trouver leur trajet trop long (38% contre 50% en moyenne) ou à redouter quotidiennement leur trajet, et plus nombreux à trouver leur trajet agréable.
Le rôle des entreprises
La gestion efficace des trajets domicile-travail devient une priorité pour les entreprises conscientes des impacts sur le bien-être et la productivité. 83% des Français estiment que les entreprises devraient s’engager pour améliorer les trajets domicile – travail des salariés (86% selon les salariés d’entreprises de plus de 500 salariés).
“C’est ce que nous constatons tous les jours avec les entreprises que nous accompagnons dans leurs recherches de bureaux partout en France,” observe Guillaume Pellegrin. “Les trajets domicile-travail des collaborateurs font partie intégrante du bilan carbone des entreprises. Mais au-delà de leur responsabilité écologique, les dirigeants sont rattrapés par les nouveaux modes de vie de leurs salariés qui n’acceptent plus de perdre plus d’une heure par jour pour se rendre au travail. Au risque d’aller voir ailleurs, et même de déménager dans une métropole qui leur offrira une meilleure qualité de vie.”
En allant plus loin, 62% des actifs sondés aimeraient disposer d’un espace de travail professionnel près de chez eux pour travailler ponctuellement, un chiffre qui monte à 80% chez les moins de 35 ans. Pour Guillaume Pellegrin, “C’est le signe que le télétravail n’est pas une fin en soi. Une fois la pénibilité du trajet neutralisée, on préfère travailler dans un espace confortable et professionnel qui permet d’entretenir le lien social et de développer des synergies.”
Méthodologie
Étude réalisée par OpinionWay du 15 au 23 février 2024 auprès de 1664 actifs français de plus de 18 ans situés dans les agglomérations de Paris, Aix-Marseille, Lyon, Lille, Bordeaux, Toulouse, Nantes, Montpellier, Rennes et Nice. OpinionWay a réalisé cette enquête en appliquant les procédures et règles de la norme ISO 20252. Les résultats de ce sondage doivent être lus en tenant compte des marges d’incertitude : 1,5 à 3 points au plus pour un échantillon de 1000 répondants