Rodolphe Gélis, directeur d’exploitation du parc d’attractions Nigloland

Rodolphe Gélis est le fils de Philippe Gélis, qui, avec son frère Patrice, a fondé en 1987 le Parc d’attractions Nigloland, à Dolancourt (Aube). Après avoir travaillé à l’étranger dans l’industrie du divertissement, il est revenu il y a trois ans sur ses terres natales pour prendre la direction d’exploitation de Nigloland, élu 3e meilleur parc d’attractions d’Europe.

Un parc qui a battu son record de fréquentation en 2019 avec 635 000 visiteurs. Cette année 2020 sera évidemment nettement différente puisque la crise sanitaire a reporté l’ouverture de Nigloland de plus de trois mois, au samedi 11 juillet. Cependant, Rodolphe Gélis garde le cap et le moral, en envisageant d’ores et déjà de prochains investissements.

GPO Magazine : En tant que fils et neveu des frères Gélis, les fondateurs de Nigloland, avez-vous un jour envisagé de travailler ailleurs que dans un parc d’attractions ?

Rodolphe GelisRodolphe GÉLIS : Comme beaucoup de jeunes de ma génération, je voulais initialement être guitariste dans un groupe de rock, mais c’était en fait plus par passion. En réalité, j’ai toujours voulu travailler dans les parcs d’attractions depuis mon enfance. J’aime transporter les gens dans une histoire, un univers. Un parc d’attractions, c’est vraiment complet : il y a de la musique, des décors de cinéma, des odeurs, des sensations de peur, de rire, de joie, de terreur. C’est
une forme d’art à 360 degrés que j’apprécie beaucoup et qui regroupe plusieurs de mes passions.

GPO Magazine : Cette passion pour les parcs d’attractions vous a cependant éloigné de Nigloland pendant plusieurs années ?

Rodolphe GÉLIS : Après avoir grandi dans le parc, à Dolancourt, dans le Barsuraubois, je suis parti à Reims pour passer un BAC ES. J’ai ensuite fait une école de Management à Paris. Avant de poursuivre mes études à Dublin, en Irlande. Avec en poche un Bachelor et un Master européen, je suis parti travailler en Angleterre pour le musée de cire du groupe Tussaud.

En 2014, j’ai eu l’opportunité de partir à Dubaï, aux Émirats arabes unis, pour construire un parc d’attractions Marvel en tant que chef de projet. J’ai dit « oui » sans hésiter. Quand je suis arrivé, c’était un désert avec des dromadaires et un container qui faisait office de bureau. On a débuté le projet comme ça. En quatre ans, on a fini avec un parc Marvel de 12 hectares, dans un bâtiment couvert et climatisé de 50 mètres de haut. L’IMG Worlds of Adventure est ainsi devenu le plus grand parc indoor du monde.

GPO Magazine : Après cette formidable aventure, vous êtes revenu au pays pour travailler à Nigloland. Pourquoi ce choix ?

Rodolphe GÉLIS : Après cette riche expérience, lorsque mon père et mon oncle m’ont proposé de revenir pour travailler au parc, j’ai eu besoin de réfléchir. Le choix était difficile car la vie d’« expat » est très appréciable, d’autant plus dans un pays comme Dubaï, au bord de la mer, dans un cadre de vie très sympa. J’avais par ailleurs reçu des propositions pour travailler en Asie sur d’autres très beaux projets. Par exemple à Pékin, pour construire le même parc que le Universal Studios aux USA, avec des licences comme Jurassic Park, Harry Potter, Transformers, etc.

Après mûre réflexion, j’ai pourtant décidé que le moment était venu de rentrer. L’avantage de travailler en famille, c’est que les décisions sont rapides et tranchées. On sait qu’on ne réalise pas des objectifs pour rémunérer des actionnaires inconnus ou des fonds d’investissements. On sait qu’on travaille pour la famille et ça, c’est très agréable. Ce contexte est en outre favorable à ce que chacun donne le meilleur de soi pour tirer l’équipe vers le haut.

GPO Magazine : Depuis trois ans, vous êtes donc directeur d’exploitation du parc. Comment voyez-vous votre mission, quels sont vos projets ?

Rodolphe GÉLIS : Je pense que ma mission n’est pas forcément de créer du sensationnel, mais de créer un univers propre à nos personnages et même d’en créer de nouveaux. L’objectif dans quelques années étant de créer une attraction qui raconte l’histoire de Niglo et de Niglotte (les hérissons emblématiques de Nigloland, NDLR). À la fin, ce sera un village dans une forêt où vivent des abeilles, des écureuils, des hérissons, une sorte de communauté pour raconter l’histoire de Nigloland. La raison d’être du parc sera là.

Si l’on souhaitait résumer en quelques mots ma mission, ce serait d’ « aller plus à fond dans les détails ». Cela se concrétise par exemple en concevant un décor de telle sorte que l’on ne puisse pas voir les voitures de la technique, ni de loin des visiteurs sur le parking. C’est ainsi que nos visiteurs pourront rester dans notre univers.

En termes de futur pour le parc, nous avons maintenu notre super prochain projet pour le printemps 2021, et ce malgré la crise sanitaire. Il s’agit de créer une attraction qui n’existe pas en France. Ce sera le plus gros investissement de l’entreprise depuis ses débuts, représentant 50 % du chiffre d’affaires. C’est un projet intéressant à construire et je trouve cela génial de permettre à nos visiteurs de tester un truc qu’ils ne connaissent pas, pour les surprendre à chaque fois.

Nadine Champenois

Journaliste et auteureElle a travaillé pour divers titres de presse magazine nationale (Points de Vente, L’Express, Gault&Millau, Aladin, Art&Décoration, etc..). Elle intervient notamment sur les sujets RH pour GPO Magazine.

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