Prendre soin des équipes RH pour qu’elles puissent prendre soin des salariés

En première ligne durant toute la durée de la crise du Covid, les ressources humaines semblaient avoir gagné en considération. Mais chassez le manque de reconnaissance, il revient au galop… Isolées et sur-sollicitées, les RH sont bien souvent à bout de souffle. Il serait temps de s’en aviser, et d’agir.

Des chiffres alarmants

D’après le dernier baromètre Tissot/ Payfit « les RH au quotidien »1, 80 % des professionnels interrogés se déclarent proches de l’épuisement ; 73 % se sentent frustrés, et 69 % isolés… Ces chiffres révèlent un vrai malaise dans la profession, qui ne semble pourtant pas lié à une crise de sens : 70 % déclarent vouloir toujours exercer leur métier dans les dix ans à venir, malgré l’épuisement.

C’est dire que les ressources humaines sont un sacerdoce pour ceux et celles qui ont choisi ce métier pour sa dimension humaine et sociale. Or c’est bien là que le bât blesse : ils sont loin, au quotidien, de leur cœur de métier et peu de choses sont mises en place pour corriger la polarisation de leur agenda autour de l’administratif.

Le baromètre Tissot/ Payfit nous apprend en effet que 56% des répondants passent au moins la moitié de leur temps de travail à des tâches administratives, quand leur principale motivation est de travailler sur l’évolution et le bien-être des salariés. La frustration qui en ressort pèse sur la santé mentale des personnels RH, sur-sollicités et souvent réduits à faire au mieux, et au plus urgent, faute de moyens appropriés : plus de six répondants sur dix ont ainsi pointé du doigt le manque de temps et de ressources, et ils sont 66% à estimer que le métier se complexifie.

Un besoin de ressources digitales

Certes, la fonction RH se caractérise par sa diversité même : recrutement, paie, formation, mobilité, relations sociales, SIRH, etc. Or il apparaît que cette diversité penche du côté de l’opérationnel au détriment de tout le reste, et notamment du bien-être des RH elles-mêmes. Le décalage entre leur volonté de mener des projets en lien avec les aspirations des salariés et la surcharge administrative dont elles font l’objet, et pour laquelle elles n’obtiennent souvent que peu de reconnaissance par rapport au cœur du business, a un fort impact sur leur moral au quotidien.

De surcroît, les outils dont les services RH disposent ne sont pas assez performants pour leur permettre d’aller plus vite sur des tâches à faible valeur ajoutée dont la digitalisation offre pourtant, aujourd’hui, de réduire considérablement la charge. Encore faut-il s’être muni des outils ad hoc, c’est-à-dire avoir fait le choix d’investir dans le digital pour libérer davantage de temps pour l’humain, pour tout ce que la machine ne peut pas faire et qui correspond, précisément, au cœur de métier des RH, à leur vocation.

Derrière le manque de budget, avancé comme principal obstacle à la mise en place de solutions qui pourraient leur faire gagner un temps précieux, il y a souvent un manque de volontarisme et de clairvoyance de la part des directions, et par là même de reconnaissance.

Les oubliés de l’entreprise

Tout ceci aide à comprendre la situation inconfortable dans laquelle les personnels RH sont contraints d’évoluer. Proches de l’épuisement, mais toujours engagés, ces derniers ont en outre du mal à utiliser les dispositifs internes qu’ils ont parfois contribué à mettre en place, car ils sont eux-mêmes acteurs de la santé mentale, en lien avec des instances comme le CSE et la médecine du travail. La question de la neutralité se pose évidemment, mais il est regrettable que les équipes RH se retrouvent privées d’outils qui pourraient favoriser leur bien-être.

Les ressources humaines apparaissent ainsi parfois comme les oubliées de l’entreprise. Elles aspirent à une accélération de la simplification des procédures, ainsi qu’à un allègement des tâches chronophages (de saisie et de ressaisie notamment) qui les empêchent de dégager du temps pour mener des projets de transformation, aller sur le terrain, être à l’écoute, et travailler sur les sujets qui intéressent les salariés (QVCT, rémunération, formation, évolution de carrière…).

Une situation qui se comprend mal à l’heure où tant d’entreprises disent avoir mis l’expérience employé au centre de leurs préoccupations: si l’on ne prend pas soin des RH, qui prendra soin des salariés ?

Par Jérôme Crest, CEO et cofondateur de Holivia

1 Enquête réalisée sur un panel de 805 professionnels des Ressources Humaines en France du 9 janvier au 6 février 2023 par les Éditions Tissot et PayFit.

La rédaction

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