Regrets et inégalités : rétrospective des seniors au travail
Cette enquête qui explore le regard porté sur les choix de carrière après 45 ans, souvent considéré comme celui de la ‘séniorité’ dans le monde professionnel. Les résultats illustrent l’impact des trajectoires professionnelles et les choix de vie, souvent conditionnés par des attentes sociales et des pressions différenciées.
Les femmes bien plus insatisfaites de leur carrière que les hommes
Lorsqu’ils repensent à leur carrière, de nombreux salarié(e)s senior(e)s expriment des regrets, notamment les femmes.
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- 63% des répondant(e)s âgé(e)s de plus de 45 ans expriment des regrets concernant leur parcours professionnel, dont 34% qui auraient préféré explorer d’autres domaines, et 15% qui estiment ne pas avoir pris suffisamment de risques
- 14% regrettent d’avoir négligé leur vie personnelle, un constat plus fréquent parmi les cadres (22%)
- Les différences entre genres sont significatives : les femmes se disent plus souvent insatisfaites de leur carrière (29% contre 19% des hommes)
- Les salariés hommes sont plus nombreux que leurs homologues féminines à exprimer de la satisfaction (38% contre 31%) ou de la fierté (30% contre 22%) en repensant à leur carrière
- 7% des femmes disent ressentir un sentiment de gâchis contre 4% des hommes
- Toutefois, 68% des salarié(e)s senior(e)s souhaitent poursuivre leur carrière dans leur activité actuelle
- Environ 12% envisagent une reconversion, tandis que 3% l’ont déjà amorcée.
L’entrepreneuriat séduit un(e) salarié(e) senior(e) sur cinq
Une partie des salarié(e)s de plus de 45 ans voit dans l’entrepreneuriat une opportunité de changer de vie, même si des freins importants limitent leurs ambitions.
- 62% des salarié(e)s senior(e)s écartent l’idée de se lancer dans l’entrepreneuriat
- Près de 19% se disent tentés, dont 4% en font une véritable option
Parmi les motivations principales :
- 39% aspirent à une plus grande indépendance et liberté d’action
- 28% souhaitent transformer leur passion en métier
- 16% voient dans l’entrepreneuriat la possibilité d’améliorer leurs revenus
- En cas de passage à l’acte, la création d’une petite entreprise individuelle a les faveurs de la majorité des répondant(e)s (54%), suivie par la reprise d’une entreprise existante (17%) ou un investissement passif dans une société (14%)
- Si c’était à refaire, 38% des salarié(e)s senior(e)s déclarent qu’ils auraient choisi l’entrepreneuriat en début de carrière
- Les hommes sont beaucoup plus nombreux à dire rétrospectivement qu’ils auraient pu emprunter cette voie à l’aube de leur parcours (46% contre 30% des femmes).
Les forces et les faiblesses de l’âge
Si certain(e)s salarié(e)s senior(e)s perçoivent leur âge comme une force pour entreprendre, d’autres, plus nombreux, y voient une source de difficultés.
- 30% des salarié(e)s estiment que leur maturité et leur expérience constituent un atout pour entreprendre, notamment chez les cadres (37%)
- Cependant, 43% y voient une source d’obstacles, qu’il s’agisse d’un manque d’énergie, de difficultés à rassembler les fonds nécessaires ou encore de la peur de ne pas maîtriser de nouvelles compétences
- 21% redoutent de ne pas disposer de ressources suffisantes pour se lancer
- Les femmes et les hommes partagent les mêmes craintes financières en matière d’entrepreneuriat : 35% se disent inquiets vis-à-vis de leurs revenus et des charges à assumer.
” Les regrets de carrière, particulièrement exprimés par les femmes, reflètent des parcours marqués par des attentes sociales différenciées. Ces pressions influencent les ambitions et les choix, souvent réévalués tardivement avec un sentiment d’inachevé.Par ailleurs, l’attrait tardif pour l’entrepreneuriat traduit un besoin universel d’autonomie et de liberté décisionnelle. Cependant, il reflète aussi une prisede conscience souvent tardive des opportunités d’action.Ce décalage questionne la manière dont sont perçus, voire sous-estimés, les risques et les bénéfices d’un projet entrepreneurial à un jeune âge. Celainterroge la capacité des institutions à promouvoir des voies alternatives au modèle salarial dominant.Enfin, tandis que certains valorisent leur expérience comme un atout pour entreprendre, d’autres, notamment parmi les catégories socioprofessionnelles modestes, perçoivent leur âge comme un frein. Cette ambivalence reflète des inégalités structurelles et des croyances limitantes profondément ancrées, qui influencent différemment les hommes et les femmes ”, souligne Léa Paolacci, chargée d’études FLASHS.
Échantillon et mode de recueil
Enquête réalisée par FLASHS pour L-Expert-Comptable du 7 au 14 novembre 2024 par questionnaire auto-administré en ligne auprès de 2 000 Français et Françaises âgé(e)s de 18 ans et plus représentatif de la population française, dont a été extrait un échantillon de 500 salarié(e)s âgé(e)s de 45 à 64 ans.
Source : www.flashs.fr/posts/regard-salaries-seniors-parcours-professionnel